La faim comme arme de guerre !
Gaza a tout révélé :
L'infamie , l’hypocrisie, l’ignominie , l’horreur, et l’absence de l’humanité chez l’humain…
« Pour la mémoire et l’histoire »,
c’était le titre de ma chronique (N* 11 , posté le 20 novembre 2023) où j’exprimais ma crainte de voir :
« …l’effet cicatrisant du temps, car on aura tendance à oublier ce comportement ignominieux du monde, notamment occidental et arabe, vis-à-vis de Gaza et du peuple palestinien ; c’est pourquoi il faut chercher les moyens d’entretenir cette mémoire ».
Pour éviter l’oubli , il faut résister …
JE RESISTERAI TOUJOURS …
Consacrée dans les déclarations et agendas des nations unies (2010, 2015, 2016)[1] et la constitution marocaine de 2011 (art. 31)[2], ainsi que par la loi 36-15 telle que promulguée en 2016, l’eau est un ‘’Bien commun'’, qui ne peut être considéré comme un bien économique, au sens de bien marchand. Ou, autrement exprimé, de bien dont certains pourraient être privés pour incapacité d’aller au marché. Cependant, les modes de gouvernance, d’exploitation et les choix agricoles des dernières décennies au Maroc (privatisation de la gestion, cultures intensives, modes d’irrigation obsolètes, puits anarchiques[3], etc.) soulèvent des incohérences à fort impact sur les ressources hydriques, et vont à contre-courant des proclamations de foi officielles ainsi que des objectifs de développement durable et de protection de l’environnement et de la reconstitution du capital forestier du pays. Un seul indicateur en dit long sur le stress hydrique. La quantité d'eau par habitant, annuellement disponible pour chaque Marocain, est passée de près 2000 m³ en 1965 à moins de 700 m³ depuis 2020.
Pour infléchir cette tendance, il est temps d’agir dans le sens de la réduction des usages agricoles de l’eau à moins de 50% des ressources mobilisées, au lieu de plus de 80% actuellement, le dessalement de l’eau de mer, le recyclage des eaux usées pour les usages touristiques, la lutte contre les pollutions et, à plus long terme, le reboisement du pays qui perd annuellement près de 30.000 h de son couvert végétal.
La présente communication traite principalement de l’eau domestique – dite également Eau à boire, par opposition à l’eau à usage agricole, qualifiée d’Eau à manger – en milieu urbain, dont la gestion est symptomatique, depuis la fin du 20ᵉ siècle, d’une sorte de schizophrénie de l’approche des politiques publiques en la matière, tiraillées entre un discours social, adossé au droit, et une pratique de marché, à fondement essentiellement d’ordre financier.
Économiste, enseignant-chercheur Depuis le milieu des années soixante du siècle précédent, la politique agricole au Maroc s’était longtemps identifiée à ce qu’il convenait d’appeler « la politique des barrages ». Elle se voulait ainsi dès l’origine fondamentalement ancrée dans la problématique de l’eau. En fait, à l’époque, pour qui prenait la peine d’observer une carte pédologique, projetée sur une autre, pluviométrique, il n’était guère difficile de faire le constat suivant: Dans l’ensemble, le pays n’était pas seulement semi-aride, mais aussi en prise avec un redoutable paradoxe: alors que la pluviométrie diminue selon un gradient allant du Nord-ouest vers le Sud-est, la qualité des sols, elle, se dégrade à mesure que l’on remonte des riches pleines du Souss ou du Haouz vers les monts et les plateaux du Nord et du Nord-est. Autrement dit, et en forçant un peu les traits, là où il pleut, les terres sont plutôt de qualité moyenne ou médiocre, et là où c’est l’eau qui manque, les sols sont plutôt de bonne qualité… Ce à quoi il faut encore ajouter le fait que 51% des précipitations sont concentrées sur seulement 7% du territoire national, plus exactement dans les bassins du Loukkos et du Sebou, dans le Nord du pays[1]. Difficile dans ces conditions de considérer que le pays a naturellement une “vocation agricole”.Et pourtant, c’est bien ce que les gouvernants, fortement “conseillés” par les Institutions financières internationales (Banque mondiale en tête), vont solennellement décréter. Les plans nationaux de développement qui s’étaient succédé à partir de 1965 vont, en vertu de ce postulat, ériger l’agriculture en secteur prioritaire. Il ne s’agira cependant que d’une certaine agriculture, principalement exportatrice, et avant tout adossée à une “politique des barrages” qui accaparera la plus grande part des ressources du pays. D’où cet autre paradoxe, vécu avec de plus en plus d’acuité ces dernières années : Après avoir investi tant et tant et pendant tant d’années dans l’effort de maitrise de l’eau, le pays se trouve aujourd’hui en quasi-pénurie hydrique[2], acculé à faire face à une crise de l’eau comme il n’en avait jamais connu ! Le paradoxe est que le pays dispose aujourd’hui de près de 150 grands barrages, mais que les dernières statistiques officielles nous disent qu’ils sont aux trois quarts vides ! Et pour cause puisque, selon le Chef du Gouvernement, « la période entre 2018 et 2022 reste parmi les périodes les plus sèches de tous les temps », avec un volume de précipitations « le plus faible - en cinq années consécutives- dans l'histoire du Maroc »[3]. Le paradoxe encore est que, au bout de plusieurs décennies d’une coûteuse politique d’irrigation, ce sont encore les précipitations et partant les aléas climatiques qui continuent de rythmer les campagnes agricoles et partant l’évolution de l’ensemble de l'économie du pays, avec des taux de croissance qui peuvent tomber à 1% ou remonter à 4% selon que le ciel a été clément ou dément avec nous !
Certes, les changements climatiques et les sécheresses de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses apportent une part d’explication essentielle à cette évolution. Mais notre propos ici est de nous demander si, au-delà des caprices du ciel, « l’autre part » n’est pas due à des choix irrationnels, faits ici-bas, sur terre, par des responsables qui ont manqué, par-dessus tout, simplement de bon sens.
Nous commencerons par prendre connaissance des choix fondateurs du modèle agricole qui a prévalu à ce jour, puis nous verrons comment la crise actuelle de l’eau puise ses racines dans des politiques qui, en plus d’être de classe, sont « irrationnelles ». Conduites depuis bien longtemps, en tout cas bien avant le « Plan Maroc Vert » et la nouvelle « Stratégie Génération Green », elles ont été amplifiées par le premier, à un niveau inédit, quasiment absurde. Nous pourrons alors en analyser les effets néfastes sur la sécurité hydrique du pays, notamment lorsque, à des politiques irrationnelles, sont associées des pratiques délictuelles. Nous suggérerons en conclusion quelques idées et pistes alternatives, à tout le moins à même de mieux mettre en cohérence les choix de politique agricole et la réalité de la ressource hydrique dans notre pays.
Entre l’automne 2010 et le printemps 2011, le monde était témoin d’un mouvement général de contestations populaires qui traversa tous les pays arabes. Ces mouvements, bien que d’ampleur et d’intensité disparates, auront néanmoins indéniablement changé la face du monde arabe par leurs conséquences multidimensionnelles englobant un très large spectre, allant de la chute de régimes autoritaires et antidémocratiques aux guerres civiles pour les pays les plus fortement impactés, en passant par d’ambitieuses réformes sociales et politiques pour les pays qui l’ont moins été. En tout cas, ce mouvement général a débouché, en tout coin de ce monde arabe, de gré ou de force, à une avancée historique de la cause démocratique. Historique était en effet cette séquence et à laquelle on se réfèrera désormais par l’expression de « Printemps arabe ».
Ces trois dernières années, les données publiques et l’information institutionnelle produite sur les catégories sociales ont été soumises à rude épreuve. La pandémie de la Covid 19 apparue en novembre 2019, et sa propagation mondiale au premier trimestre de l’année suivante, a été suivie de la guerre en Ukraine début 2022. Les deux ont eu des répercussions énormes aussi bien sur l’économie du pays que sur sa population, donnant lieu à un bouleversement total et global du tissu productif, de l’organisation du système économique et de la structuration sociale.
Sur ces mutations ont été greffées des politiques libérales de relance de l’économie dont les conséquences sont difficilement mesurables au regard du contexte. Tous ces changements sont théoriquement justifiables mais malheureusement, les données relatives aux conditions de vie de la population, telles qu’elles sont construites, ne nous permettent pas d’avoir un diagnostic réel et précis de la situation de la population face à ces mutations, diagnostic nécessaire sans lequel il est difficile de mettre en place des politiques efficientes de lutte contre la pauvreté.
Certes une augmentation des différents indicateurs de pauvreté a été vérifiée mais elle est certainement loin de la réalité. Autre difficulté majeure, la pauvreté ne se mesure plus à l’aune de l’accessibilité à l’eau ou l’électricité ou de la possession de certains biens matériels. Le dépassement de ces indicateurs est en soi une bonne nouvelle puisqu’il signifie que la société a emprunté une trajectoire ascendante d’amélioration de son bien-être mais le fait que cette évolution ne puisse être suivie qualitativement handicape très fortement l’évolution du pays et son accompagnement par des politiques adaptées.
Depuis la parution du numéro de la RMSPS dédié à la pauvreté au Maroc en décembre 2018, les données publiques et l’information institutionnelle produite sur les catégories sociales ont été soumises à rude épreuve. La pandémie de la Covid 19 apparue en novembre 2019, et sa propagation mondiale au premier trimestre de l’année suivante, a été suivie de la guerre en Ukraine début 2022. Les deux ont eu des répercussions énormes aussi bien sur l’économie du pays que sur sa population, donnant lieu à un bouleversement total et global du tissu productif, de l’organisation du système économique et de la structuration sociale.
Ces mutations restent à analyser en profondeur et le manque de données administratives et scientifiques pointues à ce sujet est une véritable insuffisance qui handicape très fortement la mise en œuvre de politiques publiques pertinentes. D’un côté, les spécialistes des sciences humaines et sociales sont encore trop peu sollicités dans la production des données, d’autre part, cette dernière est encore trop coûteuse dans ses processus de production actuels, pour être élargie. Pourtant, naviguer à vue en se basant sur des idées dépassées ou fausses sur la société marocaine peut rapidement s’avérer dangereux en période de fortes perturbations tant les paramètres de lecture et de compréhension du fait et des phénomènes sociaux sont soit insuffisants, soit inopérants.
Il est également à noter que l’habitude de lire les secousses socio-économiques uniquement sous le prisme de chocs exogènes au système économique national (réorganisations des flux internationaux et des filières, apparition de nouveaux acteurs sur la scène internationale, sécheresse, etc.) ne permet plus de fournir des circonstances atténuantes satisfaisantes aux conséquences que la population doit encaisser. Le fait que les transformations endogènes du système économique marocain soient soigneusement passées sous silence alimente le fossé entre la population et les hommes et femmes politiques, et décrédibilise l’action politique en général. A partir de là, que savons-nous exactement de la situation actuelle ?
Pour la préparation de cet ouvrage, plusieurs enseignants/chercheurs, ont été sollicités. Au total 27, tous collègues et/ou ami(e)s du professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, ont apporté leur contribution. Que ces personnes trouvent, dans cette brève présentation, l’expression de nos sincères remerciements pour leur participation à la concrétisation de ce filial et amical hommage.
Le professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a pris sa retraite il y a quelques années, au sommet d’un parcours académique rempli. Contrairement à ce que nous avons l’habitude d’observer dans « notre environnement », il n’a cessé de multiplier et diversifier les activités scientifiques parce qu’il répugne à l’oisiveté qui caractérise la retraite. Et il n’a pas tort, ce n’est donc que justice de lui rendre un hommage filial à travers ces «Mélanges» qui se veulent un croisement de regards autour de trois axes : Droit et sciences politiques, diplomatie et ordre international, développement et croissance ; thématiques dont le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano partage un intérêt avec les différents contributeurs qui l’ont connu, travaillé, milité, côtoyé ou s’être lié d’amitié. A travers ces «Mélanges», la liaison, l’affinité et la reconnaissance académique, intellectuelle et scientifique ne seront, ainsi, que (re)affirmées.
À elle seule, cette diversité des sujets des contributions dans ce titre « Mélanges » donne déjà un aperçu de la richesse et de la variété des thématiques abordées, de près ou de loin, par le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano au cours d’une carrière intellectuelle de plus de 40 ans, jalonnée par l’organisation de plusieurs manifestations scientifiques, la publication de près d’une vingtaine d’ouvrages, de centaines d’articles, la direction de nombreuses structures de recherche, ainsi que par la création et la direction de la Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales (RMSPS).
De tels efforts, réalisations, et bien d’autres, sont au cœur de cette hyperactivité intellectuelle dans la dynamique carrière du Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano. Dans son inlassable quête de développer une pensée structurée, de redécouvrir le social dans ses multiples dimensions et, le cas échéant, de ne pas craindre la différence et la polémique sans jamais sacrifier la rigueur, il s’est résolument dégagé d’un milieu de plus en plus balisé par la suffisance, l’abattement et aux rugueux raccourcis.
On retrouve dans la carrière du Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano un tel entêtement à ancrer la pensée dans la compréhension et l’analyse du concret. Bien sûr, cela ne signifie pas que sa carrière et/ou ses travaux sont au-dessus de toute critique ; aucune vie, œuvre ou pensée ne l’est d’ailleurs, et aucun intellectuel rigoureux ne cherche le confort des situations acquises. Mais, ce qui est certain, c’est que, comme disait Jean Jaurès, le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a eu la sincérité, le dévouement et « le courage d'agir et de se donner aux causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense ».
Naturellement, l’œuvre entamée par Abdelmoughit Benmassaoud Tredano n’est point achevée. Très nombreuses seront encore, sans le moindre doute, ses actions et ses publications. Cet hommage n’est évidemment pas une fin, pas plus pour lui que pour ses étudiants, ses amis et ses collègues, qui, ont à cœur, non seulement de prolonger ses actions entreprises, mais aussi de lui témoigner, à travers ces " Mélanges", leur reconnaissance, leur profond respect et aussi leur amitié.
Nous espérons qu’à travers ces " Mélanges", le vibrant hommage que mérite le Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano lui sera rendu, ne serait-ce que partiellement. Les coordonnateurs, les organisateurs de cet événement, ainsi que les auteurs des différentes contributions veulent ainsi le remercier, non seulement de ce qu’il a apporté, de ce qu’il continue d’apporter mais aussi de ce qu’il apportera encore.