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           Mesurer la pauvreté des enfants :
Le présent papier a pour principal objectif d’analyser la pauvreté des enfants à partir de mesures multiples en vue d’identifier les politiques sociales de lutte contre la pauvreté les plus adéquates. Pour ce faire, il s’agit d’étudier la pauvreté monétaire, la privation multiple et le chevauchement entre ces deux mesures permettant l’identification de différents groupes d’enfants faisant face à différentes formes de pauvreté et de chevauchement entre celles-ci. Il s’agira en particulier de dresser les profils des enfants identifiés comme pauvre selon chacune des deux mesures et examiner, ensuite, le profil des enfants qui se situent dans l’« espace d’intersection » entre la pauvreté monétaire et la privation multiple. L’intérêt de cette approche est qu’elle permet non seulement d’examiner ce que font voir les deux précédentes mesures, mais aussi d’identifier les différentes configurations de profils de pauvreté qui en ressortent, à savoir l’identification de deux autres groupes supplémentaires d’enfants: les enfants qui se situent uniquement dans l’espace de la pauvreté monétaire et ne font face à aucune forme de privation multiple, et les enfants qui se trouvent uniquement dans l’espace de la privation multiple et ne font pas face à la pauvreté monétaire. A la suite de la construction des profils sociodémographiques de ces différents groupes, une réflexion est esquissée sur les politiques sociales adaptées à chaque groupe identifié.

Implications sur les politiques sociales
Méthodes et étapes de constructions d’indices de privation multiple

Hicham Ait Mansour

               Résumé

Le présent papier a pour principal objectif d’analyser la pauvreté des enfants à partir de mesures multiples en vue d’identifier les politiques sociales de lutte contre la pauvreté les plus adéquates. Pour ce faire, il s’agit d’étudier la pauvreté monétaire, la privation multiple et le chevauchement entre ces deux mesures permettant l’identification de différents groupes d’enfants faisant face à différentes formes de pauvreté et de chevauchement entre celles-ci.

Il s’agira en particulier de dresser les profils des enfants identifiés comme pauvre selon chacune des deux mesures et examiner, ensuite, le profil des enfants qui se situent dans l’« espace d’intersection » entre la pauvreté monétaire et la privation multiple.

L’intérêt de cette approche est qu’elle permet non seulement d’examiner ce que font voir les deux précédentes mesures, mais aussi d’identifier les différentes configurations de profils de pauvreté qui en ressortent, à savoir l’identification de deux autres groupes supplémentaires d’enfants: les enfants qui se situent uniquement dans l’espace de la pauvreté monétaire et ne font face à aucune forme de privation multiple, et les enfants qui se trouvent uniquement dans l’espace de la privation multiple et ne font pas face à la pauvreté monétaire.

A la suite de la construction des profils sociodémographiques de ces différents groupes, une réflexion est esquissée sur les politiques sociales adaptées à chaque groupe identifié.

Introduction

Le présent papier a pour principal objectif d’analyser la pauvreté des enfants à partir de mesures multiples en vue d’identifier les politiques sociales de lutte contre la pauvreté les plus adéquates. Pour ce faire, il s’agit d’étudier la pauvreté monétaire, la privation multiple et le chevauchement entre ces deux mesures permettant l’identification de différents groupes d’enfants faisant face à différentes formes de pauvreté et de chevauchement entre celles-ci.

Il s’agira en particulier de dresser les profils des enfants identifiés comme pauvre selon chacune des deux mesures et examiner, ensuite, le profil des enfants qui se situent dans l’« espace d’intersection » entre la pauvreté monétaire et la privation multiple.

L’intérêt de cette approche est qu’elle permet non seulement d’examiner ce que font voir les deux précédentes mesures, mais aussi d’identifier les différentes configurations de profils de pauvreté qui en ressortent, à savoir l’identification de deux autres groupes supplémentaires d’enfants: les enfants qui se situent uniquement dans l’espace de la pauvreté monétaire et ne font face à aucune forme de privation multiple, et les enfants qui se trouvent uniquement dans l’espace de la privation multiple et ne font pas face à la pauvreté monétaire.

Le graphique ci-dessous illustre la démarche poursuivie dans l’identification de ces différentes formes de pauvreté.

Figure 1: représentation graphique des espaces de pauvreté des enfants et de leur chevauchement

Source : Auteur

               Questions de recherche

Les questions de recherche sont élaborées à la lumière de la littérature et des travaux précédents. Il s’agit de quatre principales questions auxquelles le présent papier tente de répondre. Elles portent, notamment, sur le profil sociodémographique des enfants pauvres selon chaque mesure utilisée, comment ce profil change d’une mesure à une autre ainsi que le niveau de chevauchement entre les différentes mesures proposées, et enfin des implications de ces mesures sur les politiques de lutte contre la pauvreté.

    Source de données

L’objectif principal étant de tester et de présenter une méthode de construction d’indices de pauvreté, les données sont utilisées sur un mode exemplaire et non pour estimer l’état de la pauvreté actuellement observés. C’est ainsi que la présente recherche utilise, sur un mode heuristique et exploratoire, les données de l’Enquête Nationale des Niveaux de Vie des Ménages (ENNVM) de 2007. Cette enquête contient deux questionnaires :

  • un questionnaire principal incluant les données sociodémographiques ;
  • un questionnaire incluant les questions d’emploi, des transferts, les équipements, le transport, l’émigration, l’agriculture, ainsi que les représentations de la population sur la pauvreté.

L’échantillon inclut 7,200 ménages (4,320 en milieu urbain et 2,880 en milieu rural). Par ailleurs, le fichier construit à des fins de la présente recherche inclut un échantillon représentatif à l’échelle nationale et régionale de 13544 enfants. Les données individuelles ont été fusionnées aux données des ménages par le biais du logiciel STATA version 12.

    Méthodologie

La mesure de la pauvreté monétaire des enfants est construite selon la définition officielle utilisée au Maroc, tandis que la privation multiple est mesurée selon un indice construit dans le cadre de la présente recherche. Partant des acquis de deux principales méthodes de mesure de la pauvreté multidimensionnelle conçues par deux équipes de recherche de l’Université de Bristol et l’Université d’Oxford au Royaume Uni,[1] un indice composite de privation multiple a été construit à l’aide d’une liste initiale de 10 indicateurs jugés pertinents, dans les limites de données empiriques disponibles, en vue de mesurer la privation multiple chez les enfants au Maroc. Ces indicateurs sont analysés de manières séparées mais également agrégés en un seul indice composite en vue de dresser le profil des enfants qui font simultanément face à plusieurs privations parmi la liste d’indicateurs sélectionnés. Préalablement à cette étape, les dix indicateurs constituant l’indice composite ont fait l’objet de tests statistiques de validité et de fiabilité.

    Tester la validité de l’Indice de privation multiple

S’agissant de la validité des indices, il existe une importante littérature méthodologique sur la validité des indices fréquemment conçus et utilisés dans la mesure des faits sociaux. (Voir à cet effet DeVellis ,1991[2] ; Bland & Altman ,1997)[3] entre autres. Gordon (2002) [4] affirme que la construction d’un indice de pauvreté scientifiquement valide est une tâche particulièrement complexe. Il suggère, toutefois, qu’une des méthodes les plus simples serait de s’assurer que chaque composante de l’indice ait une valeur de risque suffisamment élevée d’être associée avec une variable ayant un lien évident avec la pauvreté (dépenses totales des ménages ou pauvreté monétaire par exemple). Pour ce faire, on procède au calcul du risque (Relative Risk Ratio[5]) de chaque indicateur, croisé avec la pauvreté monétaire, cette opération est fondée sur les tableaux de contingence. En d’autres termes, le tableau ci-dessous montre que la valeur du risque d’être privé de la dimension du logement est de 4.60 ; cela veut dire que les enfants, selon les données utilisées par cette recherche, qui sont pauvres sur le plan monétaire sont 4.60 fois plus exposés à la privation de logement que les autres enfants. Le seul indicateur qui ne montre aucune différence significative entre les enfants pauvres et non pauvres est celui de la consultation médicale.

Tableau 1 : Analyse de validité des indicateurs de privation, évaluation de risque de chaque indicateur en fonction du statut de la pauvreté monétaire des enfants (Relative risk ratio) - 2007

Source : Calcul de l’auteur, ENNVDM, 2007

               Tester la fiabilité de l’indice de privation multiple

En ce qui concerne la fiabilité de l’indice construit, sur le plan conceptuel, un indice fiable signifie que les indicateurs qui le composent manifestent une importante consistance interne. Autrement dit, ils doivent mesurer le même concept sous-jacent ou la variable latente qu’ils sont censés mesurer. Il s’agit, dans ce cas, de la privation multiple. Sur le plan statistique, cela se vérifie par le niveau d’inter-corrélation entre l’ensemble des indicateurs composant l’indice. Dans ce sens, DeVellis (1991)[6] suggère que la fiabilité d’un indice se mesure par la proportion de la variance attribuable à la variable latente que l’indice construit vise à mesurer. DeVellis ajoute que la fiabilité ou la consistance interne d’un indice composite réside dans le niveau d’homogénéité des indicateurs qui le composent. La méthode la plus simple de procéder au test de fiabilité est possible via le calcul du coefficient « Cronbach Alpha », portant le nom de son auteur qui l’a conçu en 1951.[7] Selon la théorie existante, Bland & Altman, (1997)[8] à titre d’exemple suggèrent que la corrélation entre les indicateurs composant l’indice construit doit avoir une valeur Cronbach Alpha équivalente à au moins 0.7 ou à peu près cette valeur. En termes absolus, la valeur « Cronbach Alpha » équivalente à 1 correspond à une parfaite fiabilité de l’indice construit, mais cela arrive rarement. Cependant, comme le souligne Garmines et Zeller (1994)[9], il est généralement admis que la fiabilité d’un indice ne devrait pas aller en dessous de 0.8. Ils précisent, tout de même, qu'il est serait assez coûteux d'essayer d'obtenir une valeur aussi supérieure[10]. De ce fait, ils soulignent que le plus important est de signaler explicitement comment l’indice a été calculé et il reviendrait aux autres chercheurs de se faire leur jugement sur l’appropriation de l'échelle pour un quelconque usage. En outre, Gordon (2006)[11] souligne qu’un « bon » indice doit faire l’objet d’un « compromis » entre le niveau de validité telle qu’elle a été expliquée plus haut, et la fiabilité. Appliquant ce test aux données de cette recherche, la valeur totale de la corrélation entre les indicateurs composant cet indice est de 0.677 ; quand l’indicateur portant sur la consultation médicale est supprimée, cette valeur augmente à 0.69. L’indice final de privation multiple est donc composé de neuf indicateurs qui ont passé à la fois le test de validité et de fiabilité.

               Les Seuils de pauvreté sélectionnés

    Le seuil de la pauvreté monétaire

Du moment que l’un des objectifs de la présente recherche consiste à analyser de manière critique la mesure monétaire de la pauvreté des enfants et d’en proposer des mesures sociologiques complémentaires ; le seuil de pauvreté monétaire sera celui utilisé officiellement par le HCP au Maroc en 2007 date de la réalisation de l’enquête utilisée dans cette recherche. Il s’agit de la dépense moyenne par personne et par année de 3834 DH en milieu Urbain et à 3569 en milieu rural. Même si ces seuils ne reflètent qu’un niveau minimal de subsistance ; loin d’être suffisant pour assurer le bien-être des enfants, on évitera de les modifier. L’accent sera davantage mis sur le niveau de croisement entre ces seuils monétaires et les niveaux de privations multiples selon l’indice construit dans le cadre de cette recherche.

    Le seuil de la privation multiple

A partir de quel nombre de privations pourrait-on considérer une personne comme étant privée ? Deux privations, trois ou plus ? Il est difficile de répondre exactement à cette question dans la mesure où il n’y a pas de critère unique à partir duquel l’on peut décider.

Tony Atkinson (2003)[12] souligne qu’il existe au moins deux méthodes pour déterminer ce seuil, l’union ou l’intersection. L’union sélectionne les individus qui souffrent d’au moins d’une privation et les classe comme privés, tandis que l’intersection sélectionne et classe comme privés uniquement les individus qui souffrent de toutes les privations de l’échelle construite. De Neubourg et al (2014)[13] font remarquer que l’approche de l’union surestime le taux de privation dans la mesure où elle capte toute personne qui a au moins une seule privation, tandis que l’approche d’intersection sous-estime le taux de privation du moment qu’elle capte uniquement les personnes qui sont privées dans toutes les dimensions de l’indice. (Neuf privations dans le cadre de cette recherche). Le graphique ci-dessous visualise ce constat appliqué, à titre exemplaire, sur l’indice construit dans le cadre de cette recherche. On constate clairement que l’approche de l’union surestime le taux de privation. Si l’on décide un seuil d’une privation et plus, le taux de privation multiple serait de 86% alors que l’approche d’intersection ne considérait que les personnes qui sont privées dans toutes dimensions, dans ce cas, moins de 1% de la population qui souffre de toutes les privations en même temps.

Figure : Taux de privation multiple selon différents
seuils de privation (de 1 à 9), 2007

Source : Calcul de l’auteur, ENNVM, 2007

La troisième approche consiste à définir un seuil intermédiaire utilisant aussi bien l’union que l’intersection, et donc une personne est privée quand elle souffre d’un certain nombre de privations. Plusieurs méthodes sont utilisées pour définir ce seuil intermédiaire. Cependant, la décision implique, parfois, une certaine marge d’arbitraire.

Par conséquent, en vue de réduire, du moins partiellement, la marge d’arbitraire dans la définition du seuil de privation multiple, une telle décision pourrait être prise à l’aide de comparaison avec un indicateur de référence. A cet effet, une des possibilités serait de procéder au croisement de l’indice de privations avec la pauvreté monétaire, en vue d’identifier le nombre de privations qui correspond au niveau de pauvreté monétaire tel qu’il est défini officiellement. Un tel critère n’est pas forcément le meilleur mais il sert de référence dans ce cas précis puisque la pauvreté monétaire telle qu’elle est mesurée est fondée sur la notion de subsistance en utilisant des seuils monétaires minima. Il en résulte qu’on ne risquerait pas une surestimation de la privation multiple, à la lumière de ce critère. La proportion des enfants pauvres sur le plan monétaire selon la définition officielle est de 11% en 2007. On établira, donc, le seuil de privations multiple au niveau du nombre de privations qui correspond ou qui est le plus proche du taux de la pauvreté monétaire en 2007.

La figure ci-dessous montre le résultat du croisement de la pauvreté monétaire avec l’indice de privations multiple constitué des neuf indicateurs. On constate qu’en 2007 le seuil de trois privations et plus est le plus proche à la pauvreté monétaire (11%). Il en ressort qu’un seuil de moins de trois privations sous-estimerait le seuil de privation multiple. Il serait donc considéré privé, dans le cadre de cette recherche, tout enfant qui fait face à trois privations et plus.

 Figure 3 : Taux de pauvreté monétaire selon l’échelle
de privation, 2007

Source : Calcul de l’auteur ENNVM, 2007

     Le seuil de pauvreté multidimensionnelle

La dernière étape étant la définition d’un seuil qui identifie les enfants qui font face simultanément à la pauvreté monétaire et à la privation multiples selon les seuils prédéfinis pour ces deux forme de pauvreté.

Selon les résultats obtenus dans la section précédente, on définira le seuil de pauvreté multidimensionnelle de l’enfant au Maroc selon de la définition suivante :

« Est considéré comme multi-dimensionnellement pauvre, tout enfant âgé de moins de 18 ans, vivant dans un ménage classé pauvre selon le seuil national de pauvreté monétaire, et souffrant d’au moins trois privations et plus parmi l’échelle de privation construite ».

               Résumé des résultats selon les caractéristiques sociodémographiques des enfants

    Profil de la pauvreté monétaire et de la privation multiple des enfants au Maroc en 2007 selon la méthode utilisée.

Le premier constat qui apparait de cette analyse est la variation importante entre les taux de pauvreté monétaire et ceux de la privation multiple. Alors que les enfants monétairement pauvres représentaient 11% en 2007, les enfants qui faisaient face à la privation multiple représentaient 38%. Selon les définitions adoptées par la présente recherche, ces taux représentaient en 2001 respectivement 20% pour la pauvreté monétaire et 54% pour la privation multiple, c’est-à-dire un important recul des deux formes de pauvreté. Cependant, ces chiffres disent plus que cela, si l’on souscrit à l’hypothèse que la croissance économique exprimée dans la figure ci-dessous par le produit interne brut par tête, conduit à la réduction de la pauvreté monétaire ; on peut en déduire que ses effets directs sur cette dernière sont loin d’être observés à la même vitesse en termes de la pauvreté en condition de vie, mesurée dans cette recherche par la privation multiple. Celle-ci concerne, en fait, les dimensions multiples et structurelles de la pauvreté qui ne changent pas de manière significative ni rapide ; en l’absence de politiques transformatives, qui en ciblent les causes profondes à savoir les dimensions relatives à la justice sociale et à la protection sociale.

Figure : Evolution du Produit Interne Brut par tête
entre 2000 et 2014 au Maroc

Source: World Development Indicators Database, World Bank, 2015

Le deuxième constat concerne les facteurs structurels associés à la pauvreté, qu’elle soit monétaire ou non monétaire. Ainsi, on peut constater à partir des figures 5 et 6 ci-dessous, qu’en dépit du fait que les profils sociodémographiques des enfants pauvres sont plus au moins similaires, le taux de la pauvreté monétaire des enfants en milieu urbain est relativement bas (6%) par rapport au milieu rural qui se situe à 18%, tandis que le taux de la privation multiple se situe respectivement à 13% et à 70% en milieu urbain et rural. Les enfants pauvres sont essentiellement ceux et celles qui vivent en milieu rural, appartiennent à des familles nombreuses, et à des ménages dont la personne de référence n’a aucun niveau d’instruction ou dispose d’une instruction de type traditionnel. L’exception étant les enfants qui vivent dans les ménages dont la personne de référence est une femme et composés et de 3 personnes ou moins. Par rapport aux décennies précédentes, l’on assiste à ce propos, à une augmentation de la pauvreté parmi les femmes chef de ménages et leurs enfants.

Figure 5 : la pauvreté monétaire vs la privation multiple selon le milieu, la taille du ménage et le genre du chef de ménage

Figure 6 : la pauvreté monétaire vs la privation multiple selon le niveau d’instruction du chef de ménage

S’agissant des classes de dépenses, il ressort de la figure 7 ci-dessous qu’en 2007, les enfants pauvres monétairement sont, évidemment, plus concentrés dans le quintile de dépense le plus modeste, tandis que les enfants qui endurent la privation multiple, bien qu’ils soient majoritaires dans le quintile de dépenses le plus modeste ; ils traversent tous les quintiles à des degrés différents et de manière décroissante. Le deuxième, le troisième quintile, et dans une moindre mesure le quatrième quintile, incluent également les enfants qui subissent la privation multiple. Quoique comparativement minimes, l’on retrouve également des proportions d’enfants dans le quintile de dépenses qui représentent les plus aisés selon ce critère de bien-être. Ces proportions des enfants vivant dans les ménages classés « aisés » sur le plan des ressources financières et endurant, toutefois, la privation multiple témoigne du fait que la maitrise des ressources ne suffit pas pour se soustraire à certaines formes de pauvreté. Il s’agit notamment du milieu rural où certaines familles disposent de ressources financières qui sont largement supérieurs aux seuils de pauvreté établis par les services statistiques du pays, mais n’ont pas accès à certains services vitaux comme la scolarisation ou encore l’accès à l’eau potable, à l’assurance maladie, etc.

Figure 7 : la pauvreté monétaire vs la privation multiple
selon les classes de dépenses

Lorsque l’on examine les effets simultanés des variables explicatives sur la pauvreté à travers un modèle d’analyse multivariée « régression logistique»[14] une hiérarchisation des effets est opérée selon les valeurs du risque attribuées à chaque variable explicative. Une telle hiérarchisation s’opère suite à la prise en compte du risque des autres variables explicatives introduites dans le modèle. Les résultats les plus saillants à ce propos concernent le fait que le niveau d’instruction du chef de ménage et le milieu de résidence sont les variables qui exercent l’influence la plus importante sur le risque d’être pauvre ou le risque d’endurer la privation multiple. A titre de rappel, les enfants vivant en milieu rural sont plus de deux fois plus exposés à la pauvreté monétaire que les enfants vivant en milieu urbain. Ils sont également 10 à 18 fois plus exposés à la privation multiple que leurs pairs vivant en milieu urbain. Cependant, il est évident que ce profil pourrait légèrement varier selon la nature des indicateurs sélectionnés pour mesurer la pauvreté monétaire et la privation multiple. Par exemple, si l’on considère l’indicateur du surpeuplement (i.e., plus de trois personnes par chambre), il serait vraisemblable que ce soient les enfants urbains qui seraient plus touchés que leurs pairs ruraux. Néanmoins, la nature basique des indicateurs construits dans le cadre de la présente recherche indique que, toutes choses égales, ce sont bien les enfants ruraux, les enfants dont le chef de ménage ne dispose d’aucun niveau d’instruction ou dispose d’un niveau d’instruction de type traditionnel, qui sont les plus exposés aussi bien à la pauvreté monétaire qu’à la privation multiple.

Il s’agit de facteurs structurels qui, visiblement, favorisent une transmission intergénérationnelle de la pauvreté. Ils nécessiteraient, par conséquent, des politiques publiques agissant sur les niveaux structurels et stratégique, au-delà des mesures de soutien temporaire ou d’interventions relavant de l’assistance sociale.

La pauvreté multidimensionnelle des enfants : Analyse de chevauchement (overlap) entre la pauvreté monétaire et la privation multiple

Comme il a été souligné dans la figure 1, l’analyse de chevauchement permet d’identifier trois groupes d’enfants faisant face à différentes formes de pauvreté :

  • les enfants qui se situent uniquement dans l’espace de la pauvreté monétaire mais ne font pas partie de l’espace de la privation multiple ;
  • les enfants qui se situent dans l’espace de la privation multiple mais ne font pas partie de l’espace de la pauvreté monétaire ;
  • Les enfants qui se situent à la fois dans l’espace de la pauvreté monétaire et de la privation multiple ; c’est-à-dire l’intersection entre ces deux espaces.

Les proportions des enfants faisant partie de ces champs figurent dans graphique 6.2 qui visualise ces différents groupes et facilite l’analyse des chevauchements entre ces différents champs.

Figure 8 : Combinaisons des mesures de pauvreté de l’enfant
au Maroc, 2007 (N=13544), (%)

Source : Calcul de l’auteur, ENNVM, 2007

 Ainsi, le graphique ci-dessus fait ressortir qu’en 2007, 59% des enfants ne sont ni pauvres monétairement ni confrontés à la privation multiple. Par contre 9% des enfants se situent dans la zone d’intersection entre la pauvreté monétaire et la privation multiple en. Par conséquent, ce groupe d’enfants endurent les deux types de pauvreté de manière simultanée. Ils sont situés dans le champ de la pauvreté multidimensionnelle, une forme extrême qui combine les deux formes de pauvreté examinés séparément dans le chapitre.

En outre, 2% sont pauvres monétairement mais ne sont pas privés. Il s’agit ici d’une poche de pauvreté monétaire qui n’a connu aucun changement entre 2001 et 2007 lorsque la même analyse été réalisée avec les données de 2001. Enfin les enfants qui ne sont pas pauvres monétairement mais font face à la privation multiple représentent 29%.

Il importe de clarifier cette typologie de formes de pauvreté. Par exemple, Whelan et al. (2004)[15] suggèrent qu’il existe toujours un décalage entre la pauvreté monétaire et la privation multiple. Ils soulignent que “non seulement différentes méthodes donnent lieu à différentes conclusions sur les niveaux de pauvreté, mais aussi, différents groupes d’individus sont identifiés comme pauvres selon la nature des indicateurs utilisés”. Par conséquent, toute tentative de mesurer la pauvreté et de la privation multiple ou encore l’exclusion sociale de manière pertinente devrait appliquer une mesure combinée, qui prend en compte aussi bien le critère monétaire que les conditions de vie (voir aussi Gordon & Spicker, 1999)[16].

    Profil sociodémographiques des enfants faisant face aux formes combinées de pauvreté

S’agissant du milieu de résidence, la pauvreté multidimensionnelle, qui est la forme extrême de pauvreté, quoiqu’il touche également le milieu urbain dans une certaine mesure, est essentiellement un fait rural. En outre, la pauvreté monétaire conjuguée à l’absence de privation, est un fait essentiellement urbain et touche moins les enfants ruraux. La combinaison entre la privation multiple conjuguée à l’absence de la pauvreté monétaire touche notamment les enfants ruraux, même si les proportions des enfants urbains concernés par cette combinaison de pauvreté ne sont pas négligeables non plus.

S’agissant de la taille du ménage comme variable explicative des trois combinaisons de pauvreté considérées ; alors que les deux premières combinaisons sont davantage sensibles aux tailles de ménages élevées, c'est-à-dire à partir de 4 personnes et plus, la troisième combinaison est distribuée de manière beaucoup plus diffuse quelle que soit la taille des ménages.

Concernant le genre du chef du ménage, la première et la troisième combinaison touchent essentiellement les enfants vivant dans des ménages dont la personne de référence est du sexe masculin ; la deuxième combinaison est distribuée soit de manière égale, quel que soit le sexe du chef du ménage, soit elle touche davantage les enfants vivant avec une femme chef de ménage, quand ce rapport est examiné en fonction de la taille de ménage.

Le niveau d’instruction du chef de ménage, quant à lui, exerce une influence structurelle sur les trois combinaisons de pauvreté. Les proportions des enfants pauvres augmentent considérablement quand le niveau d’instruction du chef de ménage est inférieur.

Par ailleurs, on note que la troisième combinaison de formes de pauvreté considérée dans cette analyse, touche également une petite partie des enfants dont la personne de référence est dotée d’un niveau d’instruction supérieur.

Figure 9 : Profil des formes combinées de pauvreté selon le milieu
de résidence et la taille de ménage

Figure 10 : Profil des formes combinées de pauvreté selon le genre
et le niveau d’instruction du chef de ménage

Enfin, l’analyse multivariée fait ressortir une hiérarchisation des effets opérés selon les valeurs du risque attribuées à chaque variable explicative, en tenant compte du risque des autres variables introduites dans le modèle. A titre de rappel, les principaux résultats de cette analyse font ressortir que la pauvreté multidimensionnelle et l’absence de pauvreté monétaire conjuguée à la présence de la privation multiple touchent davantage les enfants ruraux que les enfants urbains alors que la pauvreté monétaire conjuguée à l’absence de privation est essentiellement urbaine.

La taille de ménage semble davantage influencer les deux premiers types de pauvreté que la dernière. Le niveau scolaire du chef de ménage et son effet sur les trois types de pauvreté influence fortement le risque des enfants d’être pauvre, à l’exception de la pauvreté monétaire conjuguée à l’absence de privation où aucun effet n’a été constaté selon les résultats du modèle appliqué.

               Conclusions et implications sur les politiques sociales

    Assurance sociale ou assistance sociale ?

Tout d’abord il faut noter que les analyses conduites dans le cadre de la présente recherche ont été réalisées avant la crise covid-19 qui a donné lieu à la refonte totale de la politique de protection sociale au Maroc. Les analyses conduites dans ce sens ont révélé la vulnérabilité des ménages marocains aux chocs. C’est ainsi que l’opération de transfert d’aide à la subsistance aux ménages ayant perdu leur source de revenus lors du confinement a révélé que les deux tiers des ménages marocains vivaient d’activités dans le secteur informel et donc n’avaient aucune espèce de protection sociale. (Voir à titre d’exemple, Ait-Mansour , 2021 et Ait Mansour et Benmouro, 2023).

Auparavant, les politiques économiques influencées par la pensée néolibérale mettaient davantage l’accent sur la croissance économique qui donnaient lieu dans les pays comme le Maroc à un double système : un système d'assurance sociale pour une minorité, en l'occurence les groupes sociaux qui bénéficient de l'assurance sociale en vertu de leur affiliation à l'administration publique ou aux entreprises du secteur privé; et l'assistance sociale qui concerne plutôt les catégories sociales classées comme "pauvre" ou "vulnérable" qui n'ont aucune couverture.. Ces différents types de politiques ont fait l’objet de discussion par plusieurs auteurs. Selon Spicker (2007)[17], la première répond aux risques prévisibles : maladie, chômage, handicap, etc. La mise en œuvre de politiques de protection sociale en Europe depuis la période post-guerre a maintenu la pauvreté au niveau strictement minimal dans les pays nordiques grâce à ces systèmes nationaux de protection universelle. On peut en déduire, qu’ils sont les plus efficaces dans la lutte contre la pauvreté. Ces systèmes sont fondés sur le principe de la protection sociale plutôt que sur l’aide aux pauvres. Par contre, selon Spicker, les politiques qui ciblent uniquement les pauvres laissent forcément certains groupes en marge des efforts nationaux de lutte contre la pauvreté, en raison d’erreurs d’inclusion et d’exclusion.

    Les implications de la présente recherche sur les politiques sociales au Maroc

En ce qui concerne les implications de la présente recherche sur les politiques sociales, il n’est pas évident de proposer de recommandations spécifiques et à direction unique. D’abord, la présente recherche a identifié trois différents groupes d’enfants qui vivent la pauvreté différemment : certains sont monétairement pauvres mais ne sont pas privés, certains sont privés, mais ne sont pas monétairement pauvres, tandis que d'autres sont à la fois pauvres monétairement et endurent la privation multiple. Il est également possible que le profil de ces groupes change radicalement si les définitions et les mesures de pauvreté appliquées changent. Dans ce cas de figure, si l’on applique une définition plus large portant sur la qualité de vie, la qualité de l’éducation, la santé dans son acception plus large, les services semi-publics tels que le transport, les infrastructures, la capacité de faire face aux catastrophes naturelles et bien d’autres dimensions, on se retrouverait certainement avec d’autres profils beaucoup plus marquants que ceux dressés selon les définitions utilisées par la présente recherche. En second lieu, il serait plus prudent d’accorder de la priorité aux politiques de protection sociale à caractère transformatif plutôt que celles de l’assistance sociale qui consistent plutôt à traiter les répercussions collatérales de la pauvreté. Toutefois, au regard de la nature basique des indicateurs utilisés par cette recherche, les formes de pauvreté identifiées nécessitent des actions potentielles que l’on pourrait approcher selon les différents groupes concernés.

Pour les enfants qui sont « pauvres monétaire», mais ne sont pas privés

Les enfants (et leurs familles) identifiés comme pauvres monétairement, mais ne sont pas privés auraient, en fait, vu leurs revenus/dépenses diminuer de manière spectaculaire au moment de l'enquête, mais les répercussions ne sont pas encore visibles au niveau des conditions de vie. S’ils persistent dans la pauvreté monétaire, ils deviendraient extrêmement pauvres à la fois en termes de ressources et de conditions de vie. Pour ce groupe, les interventions de type d’assistance sociale ne feraient pas d’effets notables. Par contre l’amélioration des ressources financières que ce soit par le biais du marché de travail ou par un système d’assurance qui assure un revenu minimal en cas de perte d’emploi ou de source de revenu régulière serait envisageable dans la mesure où ce groupe est  relativement réduit en termes d'effectifs et concernerait essentiellement les enfants urbains et qui vivent avec une femme chef de ménage.

Pour les enfants qui sont privés, mais ne sont pas pauvres monétairement

Ce groupe d'enfants et leurs familles auraient augmenté leur revenu/ressources au-dessus du seuil de pauvreté établi mais n’auraient pas encore pu améliorer leurs conditions de vie. Les politiques les mieux appropriées dans ce cas de figure seraient l’accès aux services et l’amélioration de conditions de vie à savoir le logement, l’éducation, les soins de santé, etc., notamment en milieu rural. Les programmes d’assistance sociale en cours ; comme « Tayssir » (transfert de cash conditionné par la scolarisation), le RAMED (régime d'assurance maladie, dissous en 2022 à juste titre et ses bénéficiaires versés automatiquement dans le régime d'assurance maladie obligatoire), ou encore l'INDH ne sauraient être suffisants dans la mesure où ces prestations sont essentiellement conçues pour cibler directement les groupes classés comme pauvres monétairement ou selon d’autres critères similaires utilisés localement (i.e. disposer d’un certificat d’indigence, etc.). En outre, les résultats de la présente recherche ont fait ressortir que les variables auxquelles la pauvreté des enfants est fortement associée sont de nature structurale. On relève notamment le niveau d’instruction des parents (capital scolaire) et le milieu de résidence (notamment le rural mal desservi dans tous les domaines) ainsi que certaines régions où les taux des différents types de pauvreté sont très élevés.

Les enfants « pauvres » dont les parents présentent les caractéristiques susmentionnées et bien d’autres seront évidemment pauvres pendant toute leur vie du moment que les caractéristiques étudiées montrent la nature précaire du « capital » transmissible d’une génération à une autre. Briser le cycle de pauvreté dans ces conditions serait une illusion.

Une politique sociale inclusive et solidaire qui fournit les mêmes prestations pour l’ensemble des marocains et marocaines serait la plus à même d’entrainer un changement social favorable au développement. En l’absence de politiques sociales inclusives, la reproduction intergénérationnelle de la pauvreté continuerait de sévir.

Pour les enfants qui sont à la fois pauvres et privés

Ce groupe d'enfants et leurs familles sont à la fois pauvres monétairement et endurent la privation multiple, ils vivent une forme extrême de la pauvreté. Ce groupe devrait, de toute évidence, être la première priorité de toute politique de lutte contre la pauvreté à la fois au niveau national et régional. Les programmes d’assistance sociale qui servent de mesures temporaires ne sauraient suffire pour faire face à ce type de pauvreté.

D'autres prérequis pour la mesure de la pauvreté des enfants

Comme il a été démontré dans cette recherche ; la mesure de la pauvreté fondée sur le critère monétaire est insuffisante pour identifier les enfants pauvres.

La conception de mesures officielles qui incluent à la fois les critères monétaires et non monétaires est essentielle. En outre, il est important de produire des estimations de la pauvreté des enfants séparément de celles des adultes. Cela permet de prendre la mesure des dimensions de pauvreté qui affectent les enfants qui sont souvent différentes de celles des adultes et de considérer les implications sur les politiques de protection sociale. En raison de l’absence de données spécifiques aux enfants, la présente recherche a construit un indice fondé essentiellement sur les caractéristiques des ménages. Certes, les caractéristiques des ménages se réfèrent à l’environnement dans lesquels vivent les enfants, et sont de ce fait importantes dans une étude sociologique de la pauvreté, mais ils ne sauraient être suffisantes. Afin de permettre une mesure plus appropriée de la pauvreté des enfants ; il est nécessaire de poursuivre les travaux de recherche à l’aide de construction d’indices variés de privation multiple et de pauvreté multidimensionnelle.

Enfin, bien que la présente recherche a exploré différentes mesures de la pauvreté de l’enfant de manière horizontale ; elle n'a pas exploré toutes les dimensions potentielles de la pauvreté des enfants. Des modules incluant les informations et les dimensions manquantes devraient être incorporés dans les enquêtes nationales afin de produire les données en mesure de faire avancer l’agenda de la recherche dans ce domaine. Dans ce sens des dimensions touchant la qualité de l’éducation, la santé et la nutrition, le temps des loisirs, la sécurité et la protection, entre autres, devraient être incorporées dans les enquêtes nationales afin de permettre leur inclusion dans les analyses de la pauvreté des enfants dans le futur.

Pour explorer plus en profondeur les dimensions de la pauvreté des enfants et en examiner davantage la pertinence ; des recherches qualitatives devraient être entreprises impliquant également des enfants. Les perspectives d’analyse à partir du paradigme qualitatif pourraient, soit inspirer les mesures quantitatives en vue d’adapter les définitions et les indicateurs en fonction des données empiriques collectées ; soit approfondir les résultats de celle-ci.

Les meilleures analyses sont celles construites selon des paradigmes de recherche multiples, en l’occurrence, celles qui mobilisent à la fois les méthodes qualitatives et quantitatives.

               Références bibliographiques

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[1]  Voir par exemple: Gordon, D; Nandy, N; Pantazis, C & Pemberton, S (2010), Measuring Child Poverty and Deprivation, Working Paper: Townsend Centre for International Poverty Research, University of Bristol et Alkire, S and Roche, J M. (2011, July). Beyond Headcount: Measures that Reflect rhe Breadth and Components of Child Poverty. OPHI Working Papers Series, N° 45. Oxford : University Of Oxford.

[2]  Devillis, R. F. (1991). Scale Development, Theory and Application, Applied Social Research Methods, Vol26. California: Sage Publications.

[3]  Bland, J M & Altman, D. (1997). Statistics Notes: Cronbach's Alpha. British Medical Journal, pp. 314-572.

[4]  Gordon, D. (2002), The International Measurement of Poverty and anti-poverty policies, in Townsend, P & Gordon, D (eds). (2002). World Poverty, New Policies to defeat the Enemy. Bristol: The Policy Press.

[5]  Ce test statistique consiste à évaluer le risque d’occurrence d’un événement (dans ce cas être pauvre ou privé d’un bien ou un service). Le risque est calculé par la division de la probabilité de l’occurrence de l’événement par la probabilité de la non-occurrence de l’événement étudié. Si la valeur du test est supérieure à 1 l’événement en question est très probable, si la valeur est inférieure à 1, l’événement est très peu probable. Field, A. (2005). Discovering Statistics Using SPSS. London: Sage Publications.p.739).

[6] DeVillis, R F, (1991), Scale Development, Theory and Applications, Op.cit. p.25.

[7]  Cronbach, L. J. (1951). Coefficient Alpha and the Internal Structure of Tests. Psychometrika, 16, pp. 297-334.

[8]  Bland, J M & Altman, D. (1997). Statistics Notes: Cronbach's Alpha. Op.cit.

[9]  Gramines, E & Zeller, R in Lewis-Beck, M (ed). (1994). Basic Measurement. London: Sage Publications.p.41

[10] Par un cout élevé, les auteurs font certainement référence au fait qu’obtenir une inter- corrélation assez élevée entre les indicateurs composant un indice implique un certain nombre de critères qui ne sont pas toujours réunis, à savoir un questionnaire d’enquête conçu de manière parfaite, un échantillon hautement représentatif, des données de très grande qualité, etc.

[11] Gordon, D. (2006) ‘The concept and measurement of poverty’. Op.cit.

[12] Atkinson, A. (2003). Multidimensional Deprivation: Contrasting Social Welfare and Counting Approaches. Journal of Economic Inequality, 1:51-65.

[13] De Neubourg, C, De Millian, M, et Plavgo, I (2014), Lost (in) Dimensions. Op.cit.

[14] La régression logistique est un modèle d’analyse multivariée qui s’applique à des variables expliquées de nature binaire ou ordinale (i.e., pauvre= 1, non pauvre=0). Son application dans ce contexte permettra d’identifier l’ampleur du risque d’exposition à la pauvreté (en termes de probabilité) par rapport à chaque variable explicative, en tenant compte de l’effet des autres variables introduite dans le model. Pour chaque variable explicative dans le modèle, la fonction de régression logistique estime la valeur du coefficient associé à la dite variable. Autrement dit, en tenant compte des informations contenues dans les variables explicatives, le modèle estime quelle modalité de la variable expliquée (la pauvreté dans ce cas) est plus probable que l’autre (pauvre ou non pauvre).

[15]               Whelan, C T. Layte, R and Maître, B. (2004). Understanding the Mismatch between income poverty and deprivation: A Dynamic Comparative Analysis. Op.cit. p.287

[16]               Gordon, D & Spicker, P. (Eds). (1999). the International Glossary on Poverty.Op.cit, p.33.

[17]               Spicker, P. (2007). The Idea of Poverty. Op.cit. pp.135-141

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