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Pourquoi et comment le « modèle de développement » est en crise
Le constat et les questions que tout observateur objectif se posait depuis de nombreuses années à propos de l’économie marocaine sont connus : Un PIB de 110 à 120 milliards de dollars (soit à peine 0.14% du PIB mondial) ; Un PIB par tête de 3000 dollars, ce qui le situe au-delà du 120ème rang parmi les nations ; Un rythme de croissance à la fois volatile (au grès des aléas climatiques et de leur impact sur la production agricole) et faible (3 à 4% en moyenne sur la dernière décennie2) ; Un effort d’investissement, largement public, qui ne génère suffisamment ni croissance ni emplois ; Un commerce en déficit structurel qui témoigne de l’état d’un pays important à peu près le double de ce qu’il exporte ; Un déficit de financement croissant et un niveau d’endettement de plus en plus inquiétant...

Pr. Najib AKSBI

     Le constat et les questions que tout observateur objectif se posait depuis de nombreuses années à propos de l’économie marocaine sont connus : Un PIB de 110 à 120 milliards de dollars (soit à peine 0.14% du PIB mondial) ; Un PIB par tête de 3000 dollars, ce qui le situe au-delà du 120ème rang parmi les nations ; Un rythme de croissance à la fois volatile (au grès des aléas climatiques et de leur impact sur la production agricole) et faible (3 à 4% en moyenne sur la dernière décennie2) ; Un effort d’investissement, largement public, qui ne génère suffisamment ni croissance ni emplois ; Un commerce en déficit structurel qui témoigne de l’état d’un pays important à peu près le double de ce qu’il exporte ; Un déficit de financement croissant et un niveau d’endettement de plus en plus inquiétant...

     On peut encore allonger cette liste mais les questions qu’elle soulève sont encore plus cruciales : Pourquoi, plus d’un demi-siècle après l’indépendance du pays, l’économie marocaine reste contenue sous un plafond de verre infranchissable, vivotant dans une sorte d’équilibre sub-optimal, à l’évidence insuffisant pour améliorer significativement le niveau de vie de la population ? Pourquoi les inégalités sociales et territoriales demeurent-elles aussi grandes ? Pourquoi des besoins élémentaires, des droits fondamentaux, comme ceux à l’éducation, à la santé, au logement, restent encore si peu satisfaits pour une trop grande partie de la population? Pourquoi les stratégies, les plans et les programmes se succèdent depuis cinquante ans sans réussir à atteindre leurs objectifs proclamés ? En somme, pourquoi, comme le reconnaissent aujourd’hui les plus hautes autorités de l’Etat, le « modèle de développement » du pays a-t-il tant besoin d’être « repensé » ? 

      En réalité, et pour s’en tenir au règne de Mohamed VI, de telles questions sont soulevées, et posées dans le débat public depuis une quinzaine d’années au moins. Comment oublier le fameux Rapport du Cinquantenaire, son diagnostic lucide quant aux maux de l’économie marocaine, et sa conclusion que notre modèle de production, de consommation et de répartition n’était plus soutenable, d’où l’impérieuse nécessité de changer nombre de nos choix dans les domaines politiques, économiques, sociaux, culturels? Surtout, comment oublier ses « nœuds du futur »1 qu’il fallait absolument « dénouer » dans la perspective d’un scénario « souhaitable et possible » du Maroc à l’horizon 2025? Comment ne pas se rappeler que le HCP avait à son tour en 2007 réalisé une étude prospective d’envergure explorant là encore le devenir de notre pays, en l’occurrence à l’horizon 2030, et soulignant les défis à relever ? La société civile aussi s’y était mise, avec notamment le Rapport de la Fondation Abderrahim Bouabid qui, non sans une certaine dose de provocation, se demandait : « Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique?», et proposait «quelques éléments de réflexion pour un véritable décollage économique et social »2.

      On peut donc légitimement regretter que tant d’occasions aient été ratées, que tant d’opportunités n’aient guère été saisies pour « prendre le taureau par les cornes », et engager le pays sur la voie des réformes qui s’imposent, à même de lui permettre d’entrevoir son avenir avec un certain optimisme.

         Il reste qu’il a fallu attendre 2014 pour que ce soit cette fois le chef de l’Etat qui pose les questions qui s’imposent: «Nos choix sont-ils judicieux ?», s’est-il interrogé dans son discours du Trône du 30 juillet 20141. Prenant acte des études portant sur « l'évolution de la richesse du Maroc », le souverain ajoute : « Je M'interroge, avec les Marocains, non sans étonnement : Où est cette richesse ? Est- ce que tous les Marocains en ont profité, ou seulement quelques catégories ? La réponse à ces interrogations n'exige pas d'analyses approfondies. Et si le Maroc a connu des avancées tangibles, la réalité confirme que cette richesse ne profite pas à tous les citoyens ». Trois années plus tard, successivement lors du discours du Trône du 30 juillet 2017, puis le 13 octobre 2017, devant les parlementaires, le Roi revient sur le même thème en élargissant le cadre d’analyse au « modèle de développement » qu’il reconnaît s’être révélé « inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale »2.

      Un constat qui raisonne et résume une sorte de bilan autocritique à la fois courageux et accablant. Il a au moins le mérite d’imposer la reconnaissance par tous des déboires les plus évidents du « modèle ». Il y a là sans doute un « acquis » qu’il faut apprécier à sa juste mesure. Car il faut tout de même se souvenir que jusqu’à ces derniers discours royaux, une certaine « élite » faite de thuriféraires inconditionnels du régime était à tout instant prête à bondir toutes griffes dehors pour défendre la « pertinence » des choix effectués, et louer les bienfaits de « notre modèle de développement » ! Mais maintenant que c’est le roi qui le dit...

       Soit. L’essentiel aujourd’hui est que personne n’ose contester le constat d’échec du « modèle » et l’impérieuse nécessité de le repenser. Ce pas en avant nous invite à ne surtout pas rater le suivant. Car pour repenser le modèle, et donc s’entendre sur les bons remèdes, il faut naturellement s’accorder au préalable sur le bon diagnostic. Or, une fois de plus, c’est là que le bât blesse. A nouveau, on nous ressert le plat tellement usé du genre : Le problème n’est pas dans les choix, ni même dans les politiques engagées, mais dans leur mise en œuvre... Et à partir de La crise du modèle 16 là, on peut aisément glisser vers le marécage fumeux du citoyen qui n’est pas assez éduqué, du fonctionnaire fainéant et corrompu, de la mentalité traditionnelle des gens, des partis politiques qui passent leur temps à se mettre des bâtons dans les roues, des marchés mondiauxqui nous imposent leurs cours volatiles, de l’intégrité territoriale qui exige encore et toujours des sacrifices...

       Evidemment que chacune de ces « explications » a sa part de vérité. Est-ce pour autant déterminant ? Peut-on imaginer que ces problèmes –réels sans doute- soient indépendants des choix majeurs ayant fondé l’ordre établi, et du « système » qui en est le gardien ? Est-il raisonnable de penser que sans remise en cause des choix fondateurs et de leur « gouvernance », le « modèle » se mettrait soudain à produire des résultats conformes à ceux qu’on en attendait ? C’est dire que d’autres questions, peut-être plus complexes, apparaissent incontournables: Pourquoi cet entêtement à perpétuer les mêmes choix qui ont conduit aux mêmes échecs ? Comment les mêmes causes ont-elles obstinément produit les mêmes effets ? Comment l’économique s’est-il articulé au politique pour aboutir à cet état de fait d’une économie dont « l’émergence » tarde tant à venir ? Au fond et pour tout dire : Quelle est la responsabilité du système politique dans le mal-développement du pays?

      La thèse développée dans cette contribution est la suivante : L’échec du modèle de développement est d’abord celui du système politique qui l’a de bout en bout porté. Il est celui d’un système de « gouvernance » qui en a arbitrairement arrêté les choix fondamentaux, en a défini et mis en œuvre les politiques publiques qui l’ont accompagné, et en dépit des déboires et des échecs répétés, n’a guère tiré les conséquences de l’expérience, pourtant plus que probante. Certes, le « système » en question, qui s’incarne dans l’Etat-Makhzen, repose sur des alliances de classe et défend des intérêts qui le sont tout autant. S’il n’a donc réussi ni à améliorer les conditions de vie des marocains ni à réduire les inégalités dont ils sont victimes, il a par contre pleinement réussi à amplifier la prospérité d’une minorité de privilégiés qui le sert parce qu’elle se sert...

      Nous commencerons par expliciter les « choix fondateurs », qui sont en même temps des paris que l’Histoire se chargera de nous dire à quel point ils auront été perdus. Nous tâcherons ensuite d’articuler cet échec économique au système politique qui a arrêté les choix et conduit les politiques mobilisées pour les matérialiser au quotidien. Nous serons alors en mesure d’apprécier à sa juste mesure la responsabilité de ce dernier dans l’échec dudit «modèle de développement ».

1. Les choix fondateurs et les politiques mises à leur service

     A l’origine du « modèle marocain », l’examen scrupuleux de l’histoire économique de ce pays nous révèle des choix majeurs et fondateurs, faits par la monarchie exécutive de Hassan II, en étroite « collaboration » avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, dès les années soixante et soixante- dix du XXème siècle, et qui restent à ce jour, à l’ordre du jour. Ces choix sont au nombre de deux : le premier concerne l’économie nationale, le second son insertion dans l’économie internationale1.

      Au niveau interne, une ferme volonté est affirmée pour construire une économie de marché, où les ressources sont affectées selon la logique de celui-ci, et où le secteur privé joue le rôle central du principal acteur du développement. Le second choix repose sur la théorie –en vogue à l’époque- de la « croissance tirée par les exportations», et partant du postulat que le pays dispose d’avantages comparatifs avérés, son insertion dans « la division internationale du travail » (on ne parlait pas encore de mondialisation) ne pouvant être que gagnante... Il fallait donc orienter les efforts d’investissement et de production vers la satisfaction prioritaire de la demande externe, autrement dit du marché international, plutôt que celle du marché intérieur.

     Relevant de la profession de foi, ce double choix est au fond aussi un double pari : 1. Pari sur la capacité du secteur privé à être le véritable moteur du développement, par son aptitude à produire de « l’initiative », à créer et innover, et donc à investir, offrir de l’emploi, optimiser les conditions de production, distribuer des revenus; 2. Pari sur les vertus d’une bonne insertion dans les chaînes de valeur internationales, et sur leur capacité à tirer les taux de croissance vers le haut.

      Ces choix-paris resteront immuables jusqu’à aujourd’hui, traversant les décennies et survivant même au changement de règne qui s’opère en 1999. Le règne de Mohammed VI en effet ne marque pas une rupture mais une inflexion dans le cours d’orientations cinquantenaires, en ce sens que les options de base étant maintenues, de nouvelles initiatives sont prises pour accélérer ou accentuer une dynamique engagée (investissements d’infrastructures, libéralisation des échanges...), décomposer un cadre stratégique existant (un plan national auquel se substituent des plans sectoriels) ou encore introduire une nouvelle gouvernance plus en phase avec l’air du temps et néanmoins encore plus problématique au regard des valeurs démocratiques universelles...

       Au service de ses choix stratégiques, et tout au long des cinq décennies précédentes, l’Etat a mobilisé des ressources considérables, et déployé des politiques publiques multiples et variées. Au fil du temps et des circonstances, ces politiques ont naturellement évolué, même si elles ont continué de poursuivre les mêmes objectifs. On ne peut ici qu’en rappeler les têtes de chapitres: marocanisation, puis privatisations et « partenariats public-privé », investissements publics dans les infrastructures, codes d’investissements puis charte d’investissement, politique d’ajustement structurel, avec désengagement de l’état et libéralisation des prix et des marchés, politiques sectorielles, politiques fiscales, budgétaires et monétaires, accords de libre-échange1... Toutesces politiques peuvent être analysées à la lumière du double choix stratégique effectué : les unes agissent pour la libéralisation des marchés et le renforcement du secteur privé, les autres pour une extraversion toujours plus grande de l’économie du pays, d’autres encore pour les deux à la fois.

      C’est ainsi que, à titre indicatif, les opérations de «marocanisation» (des exploitations agricoles, des entreprises de l’industrie et des services), de privatisation ou encore de concession en gestion déléguée de services publics, ont cherché à étendre l’assise foncière, industrielle et financière du capital privé, et au- delà à élargir le champ du profit et de ses conditions d’accumulation. L’engagement tout au long du dernier demi-siècle dans la construction d’infrastructures économiques (des premières routes nationales aux autoroutes actuelles, des premiers barrages aux ports et aéroports qui suivront...) avait d’abord pour objet de socialiser une partie des coûts de valorisation du capital, permettant ainsi une plus grande rentabilisation des investissements privés. Les politiques macro-économiques (fiscales, budgétaires, monétaires...), en prélevant leurs ressources essentiellement auprès des classes moyennes et pauvres, pour les redistribuer ensuite sous forme de marchés publics, de subventions et de dépenses fiscales au profit d’intérêts privés bien déterminés, ont clairement affirmé une volonté de mettre les finances publiques au service des finances privées. Les politiques de libéralisation des prix et des marchés, intérieurs et vis-à-vis de l’extérieur, engagées dans le cadre des politiques d’ajustement structurel des années 80 puis couronnées par les nombreux accords de libre-échange des deux décennies suivantes, ont eu pour objectif de consolider les bases de l’économie de marché, permettant au capital privé de tirer avantage des différentes formes de désengagement de l’Etat (déréglementation, dérégulation...) d’une part et d’intégration au marché mondial d’autre part.

     Des choix ayant bénéficié d’une telle « durabilité » et des politiques conduites avec autant de constance doivent aujourd’hui être soumis à une évaluation objective, parce que précisément déterminée par la capacité à atteindre les objectifs visés.

 2 - Les résultats obtenus, témoins des paris perdus

   L’expérience économique du Maroc indépendant a déjà fait l’objet d’évaluations et d’appréciations multiples, dont notamment celle du Rapport du 19 La crise du modèle 20 Cinquantenaire déjà cité, et qui avait à sa manière tiré la sonnette d’alarme. En réalité, depuis une décennie au moins, un minimum de lucidité suffit pour porter un regard objectif sur une expérience malheureuse. Une appréciation objective n’a pas besoin de jugement de valeur, mais juste d’une confrontation froide des faits, une mise en face à face des objectifs tels qu’ils avaient été projetés par le « modèle » lui-même d’une part, et ses réalisations d’autre part. Le premier niveau est celui des objectifs qu’on pourrait qualifier d’opérationnels, et le second celui des objectifs fonctionnels.

2.1. Objectifs opérationnels : Une économie sous « plafond de verre »

      Ce premier niveau est acté en permanence par le flot des séries statistiques les plus officielles : croissance « molle », dépendance alimentaire, régression industrielle, explosion de « l’informel », chômage structurel, pauvreté multidimensionnelle, inégalités croissantes... En somme, une économie « sous plafond de verre », une réalité sur laquelle il n’est plus nécessaire de s’attarder, puisque comme on l’a souligné au début de ce texte, elle fait « consensus », au moins depuis que le Roi en a acté la substance1. Néanmoins, on trouvera ci-dessous des figures (1 à 6) qui illustrent des aspects significatifs de cet état de fait.

     Le second niveau, celui des objectifs « fonctionnels », révèle des déboires, voire des effets pervers encore plus lourds de conséquence, tant il montre de manière analytique, en confrontant nos choix à nos réalités, à quel point nous avons « raté le coche ».

2.2. Nous voulions le marché, nous avons la rente !

       Ainsi, nous voulions une « économie de marché », avec des marchés ouverts, pluriels, transparents, où la concurrence serait reine et le vaillant secteur privé le « chevalier d’honneur » ?! Quiconque peut aisément constater aujourd’hui qu’à la place, nous avons une économie gangrénée de toute part par «la rente et l’entente», avec des secteurs clés contrôlés par des oligopoles, voire des monopoles, bénéficiaires de privilèges et de passe-droits d’un autre âge.

       On se contentera ici d’énoncer les secteurs d’activités qui, dans le Maroc de 2019 encore, restent enserrés dans cette logique « de la rente et de l’entente » plutôt que dans celle du marché, libre, ouvert, transparent, concurrentiel... Ainsi le transport des voyageurs (petits et grands taxis, cars de transport intra-urbains), ainsi que les marchés de gros, des fruits et légumes notamment, restent « fermés », la possibilité d’y accéder étant conditionnée par l’obtention d’un précieux sésame appelé « agrément », lequel est octroyé par les autorités politiques, sur la base de critères dont le moins qu’on puisse dire est qu’ils ont peu à voir avec ceux du marché... Il en va de même pour l’exploitation de la plupart des ressources naturelles, des carrières de sable à la pêche hauturière, en passant par les eaux minérales, les forêts... Les concessions en gestion déléguée de services publics communaux (distribution d’eau, d’électricité, assainissement...) dans les grandes villes du pays ont toutes été accordées par entente directe, loin de toute procédure d’appel d’offre publique, ni même des moindres règles de transparence. Dans le monde rural, des centaines de milliers d’hectares de terres fertiles, autrefois récupérées de la colonisation et confiées à deux sociétés d’état (Sodea et Sogeta) ont, par le simple « fait du prince », été « offerts » à des dignitaires du régime voire à une certaine clientèle politique, en tout cas là encore dans une opacité totale et des règles les plus élémentaires qu’une logique de marché aurait exigées.

      Sur le registre des phénomènes de domination du marché, par monopole, oligopole, ou entente, ils restent caractéristiques de secteurs majeurs, essentiels dans l’économie marocaine aujourd’hui. Dans l’agro-alimentaire, comment comprendre qu’un secteur aussi important que celui du sucre1 fasse encore en 2019 l’objet d’un monopole ? Un monopole de surcroît bénéficiant d’un invraisemblable double privilège supplémentaire : celui d’être à la fois surprotégé de la concurrence étrangère pour ses approvisionnements et subventionné pour sa production mise à la consommation! D’autres secteurs agro-alimentaires pâtissent de situations oligopolistiques manifestes, tels ceux de l’huile de graines, des engrais, des semences... Les secteurs des banques et assurances sont également notoirement oligopolistiques. Le secteur bancaire en particulier, en dépit de sa vingtaine d’organismes présents, est en fait largement dominé par trois ou quatre groupes qui s’accaparent les trois quarts des dépôts, des crédits, des réseaux... Et de toute façon disposent par ailleurs de ce cartel qui ne dit pas son nom qu’est le GBPM2 et qui leur offre le cadre où ils peuvent «s’entendre» avec l’ensemble de la profession, formellement ou non, pour administrer le marché au gré de leurs intérêts. Quant au secteur des hydrocarbures, l’opération de boycott de trois marques de grande consommation qui a eu lieu en 2018 a montré non seulement comment trois ou quatre sociétés de distribution s’accaparent plus des trois quarts du marché, mais aussi comment, dans le sillage d’une libéralisation du marché mal réfléchie et mal engagée, ces mêmes groupes ont pu imposer des prix sans rapport avec la réalité du marché, et partant des gains qui relèvent plutôt de la logique de la rente que de celle du profit... Au demeurant, ce boycott a mis en évidence aussi ce mariage malsain entre les « affaires » et la politique, ou en d’autres termes, à quel point le « politique » et « l’économique » sont encore malencontreusement imbriqués dans l’économie marocaine

     Comment s’étonner dans ces conditions que le Conseil de la concurrence, créé depuis le début des années 2000, ait été maintenu « juste pour la forme », en tout cas dépouillé de tout pouvoir ou privé de toute possibilité d’action... jusqu’en 2018 ?! Réanimé à la fin de cette année-là, les mois et les années qui viennent nous diront peut-être ce que ce nouveau Conseil sera en mesure de faire, en conformité avec les prérogatives qui lui sont attribué par ses nouveaux statuts.

2.3. Nous voulions le privé, nous avons le public !

         Le pari sur l’économie de marché était fondamentalement un pari sur le secteur privé et sur sa capacité, peu à peu, à relayer l’Etat, forcément omniprésent au début du processus de développement. Certes fortement encouragé par ce dernier (comme on l’a vu plus haut : infrastructure, aides, subventions, privilèges fiscaux, crédits...), il lui revenait de gagner progressivement mais continuellement de nouveaux « espaces » de l’économie nationale, en investissant massivement dans les secteurs privilégiés, dans la formation et la recherche, en maximisant la valeur ajoutée locale et les exportations, en créant des emplois, en distribuant des revenus et de la protection sociale... Or, aujourd’hui, et après tant et tant d’années de transferts du secteur public en faveur du secteur privé, force est de constater que le résultat est consternant. Ce ne sont pas seulement les intellectuels ou les « économistes de gauche » mais les Organisations internationales et les Autorités marocaines elles-mêmes qui déplorent les défaillances, le faible dynamisme, voire la frilosité du secteur privé marocain, décidément incapable d’honorer ses engagements les plus élémentaires1... On peut pour notre part recourir à un indicateur tout à fait significatif pour témoigner de cette incapacité du secteur privé marocain, fut-ce seulement à accompagner significativement l’effort d’accumulation dans le pays, puisqu’il s’agit du taux d’investissement, ou plus précisément du taux de formation brute de capital fixe (FBCF/PIB). Celui-ci était contenu, des décennies durant, dans des limites plutôt modestes, soit une moyenne de l’ordre de 22%, avec une composition grosso-modo répartie à raison de 12 points pour le secteur privé (investissement étranger compris) et 10 points pour le secteur public (y compris les établissements publics et les collectivités locales). Puis assez rapidement à partir de 2005, ce taux d’investissement est monté à plus de 30%, dépassant même 35% certaines années1. Le fait est que, à un niveau moyen de l’ordre de 32%, la structure a pour sa part sensiblement changé, la part du secteur privé étant restée quasiment stable autour de 12 points, alors que celle du secteur public a doublé, passant de 10 à 20 points. Autrement dit, l’effort d’accumulation du pays, au demeurant tout à fait appréciable, se révèle au bout du compte, porté en gros aux deux tiers par le secteur public, le secteur privé se contentant d’un tiers. En fait, si l’on retire de ce tiers la part due à l’investissement direct étranger (autour de 3 points de PIB), la part du «privé marocain » tombe probablement à un niveau proche du quart

      C’est dire que, quand on voit ce qui fait fonction aujourd’hui de « patronat » dans ce pays, on peine à imaginer comment a-t-on pu croire un jour qu’il était possible d’en faire cette « bourgeoisie » audacieuse et entreprenante ayant, sous d’autres cieux et en d’autres temps, terrassé la féodalité et fait triompher le capitalisme ! Quant à l’Etat, d’une part, acculé ainsi à continuer de prendre en charge une aussi grande part de l’effort d’accumulation du pays, alors que les conditions de son financement se détériorent, avec la chute du taux d’épargne (figure 8), il peut continuer à le faire en ayant recours à l’endettement, notamment extérieur (cf. figure 5). D’autre part, il faut savoir que tout dirham ainsi alloué à des dépenses qui auraient dû être assumées par le secteur privé, est autant une ressource qui n’aura pas été affectée au financement de services publics de base autrement vitaux pour l’immense majorité de la population, tels ceux de l’éducation, la santé, le transport en commun... Pire, étant lui-même dominé par des lobbies et des intérêts de classe très minoritaires, l’Etat oriente ses choix vers des investissements qui s’avèrent en large déconnexion avec les besoins réels du plus grand nombre, d’où ces « éléphants blancs » qui foisonnent un peu partout, et cet apparent paradoxe d’un taux d’investissement élevé mais qui ne génère ni suffisamment de croissance ni assez d’emplois (cf. figures 9 et 10)1.

 2.4. Nous voulions le « tout-export », nous avons le « tout-import »!

     L’autre pari majeur portait sur la croissance qui devait être « tirée par l’export », nous permettant de devenir de nouveaux « dragons », dignes de leurs grands frères asiatiques ?! Il suffit de prendre connaissance des statistiques régulièrement publiées par le HCP sur nos échanges extérieurs et leur « contribution » à la croissance pour constater que, loin d’en être le moteur, ceux-ci en sont devenus une entrave quasiment insurmontable. Ce que nous disent les statistiques de l’Office des changes année après année, est que le déficit de notre balance commerciale – jamais « démenti » depuis... 1974 !- atteint au cours de la dernière décennie des sommets compris entre 15 et 20% du PIB (figure 11), que le taux de couverture de nos importations par nos exportations reste en moyenne cantonné entre 50 et 55% (figure 4), que nous sommes déficitaires quasiment avec la totalité des pays avec lesquels nous avons signé des accords de libre- échange1. Ce que nous disent les statistiques et les rapports du HCP ainsi que du Ministère des Finances est que l’évolution du solde du commerce extérieur révèle une contribution négative à la croissance économique de 1 point en moyenne sur la période 2008-2016 (figure 12)2. Là encore, on est pleinement dans l’effet pervers, l’exact contraire de ce qui était recherché. On se voulait super-exportateurs, on se révèle méga-importateurs !

   Finalement, le moins qu’on puisse dire est que le double pari, sur le secteur privé et sur le tout-export a été perdu. On voulait le marché, on a la rente, on voulait l’export, on a l’import !

    Il nous reste maintenant à méditer un tel échec, au regard du système politique, c’est-à-dire de prise de décision, qui a fait les choix et mis en œuvre les politiques ayant conduit aux résultats que l’on sait.

3. Le système politique, obstacle au développement économique

    Le système de démocratie représentative, à l’échelle d’une organisation comme à celle d’un pays, est fondé sur une trilogie qui a fait ses preuves : Ce sont les urnes qui donnent sa légitimité au pouvoir exécutif, lequel met en œuvre son programme en en étant pleinement responsable, et en rend compte à l’issue de son mandat, devant les électeurs qui l’ont élu. Ce système a certes été adopté parce qu’il est « démocratique » mais aussi, et peut-être surtout, parce qu’il est efficace, ou du moins source d’efficacité. D’abord parce qu’un programme a d’autant plus de chances de susciter l’adhésion et mobiliser les énergies qu’il émane des besoins de la « base » et ambitionne de répondre à sa demande et à ses priorités ; Ensuite parce qu’une direction est d’autant mieux reconnue et fondée à gouverner qu’elle a été légitimée par le vote d’une majorité, sur la base d’un « contrat » formalisé à travers un « programme ». Par là-même, cette direction est d’autant en mesure de mettre en œuvre son programme qu’elle en est pleinement responsable et dispose pour cela de tout le pouvoir de décision nécessaire. Et enfin, elle est d’autant incitée à tout faire pour tenir ses engagements et réussir son mandat qu’elle sait qu’elle est comptable de sa gestion, qu’elle sera régulièrement évaluée et contrôlée, qu’au terme de ce mandat, elle devra rendre compte à celles et à ceux qui l’ont élue, desquels dépend son éventuelle réélection...

   Légitimité, responsabilité, redevabilité: voilà les trois mots-clés qui fondent l’organisation et les rapports de pouvoir et de décision, parce qu’ils sont considérés les facteurs déterminants de l’efficacité, celle-ci étant avant tout mesurée par la capacité à atteindre les objectifs arrêtés dans les programmes. Or, c’est ce « tiercé gagnant » -parce que vertueux- qui fait encore défaut dans le système politique marocain.

       Au Maroc, et au-delà des programmes des partis politiques qui ne vivent en réalité que le temps que durent les campagnes électorales, le programme dont chacun peut constater la mise en œuvre au quotidien n’est autre que celui du Palais. Or, le « programme royal » n’a jamais été soumis au débat public et encore moins à une légitimation démocratique. Il est le programme du pays parce qu’il est le programme du Roi. Pour rester dans le domaine de l’économie, les « grands chantiers » comme les plans sectoriels, les Accords de libre-échange ou encore le « chantier du règne » qu’est l’INDH1, n’avaient préalablement figuré dans aucun programme d’aucun parti politique. Tous ces « chantiers » avaient été décidés dans les arcanes du Palais royal et non dans les cabinets ministériels des gouvernements (et encore moins dans les partis qui les soutenaient). Ils ont ensuite été mis en œuvre sans être préalablement validés ni par le Gouvernement ni par le Parlement...

      Toujours est-il que le « programme du Roi » sera mis en œuvre par un gouvernement qui n’en maîtrise en réalité ni les tenants ni les aboutissants. Il doit gérer tant bien que mal les conséquences de choix auxquels il n’avait guère été associé2. Le plus souvent, c’est la monarchie qui doit annoncer les bonnes nouvelles et présider aux inaugurations, mais c’est ensuite le gouvernement qui doit gérer les déboires et affronter les échecs, dans un climat de dilution des responsabilités déconcertant. A titre d’exemple, le projet du TGV est aujourd’hui mis en œuvre par un ministre dont le parti avait clairement critiqué le lancement. Il doit aujourd’hui justifier ce qu’il considérait injustifiable hier. Il en va à peu près de même des accords de libre-échange, des accords sectoriels, de la quasi- défiscalisation de l’agriculture... 

       Enfin quand une législature s’achève et que, comme dans tout système de démocratie représentative digne de ce nom, le pouvoir exécutif doit rendre compte de sa gestion devant les électeurs, on assiste au Maroc à une situation surréaliste : D’un côté le Palais, où réside le véritable pouvoir de la « monarchie exécutive », ne se présentant pas aux élections, n’a de comptes à rendre à personne ; et de l’autre, le gouvernement ne se sent comptable que des « petites choses », car dès qu’il est question des stratégies et des grandes décisions lourdes de conséquences, chacun se hâte de tirer le parapluie des « Hautes Directives de Sa Majesté », ce qui a pour effet immédiat de clore le débat. De sorte que, ce grand moment pré-électoral, précieux dans toute démocratie parce que ouvert à tous les débats et toutes les remises en cause, à l’évaluation des bilans, aux controverses sur les causes et les conséquences des choix opérés, sur les responsabilités des uns et des autres, les enseignements tirés de l’expérience et les alternatives proposées par chacun, ce moment tourne court au Maroc parce que le principal acteur politique du pays n’est pas « sur le terrain » mais « au-dessus de la mêlée ».

          Le plus grave dans un tel système est que, puisque les stratégies et les grandes orientations royales ne sont pas discutables, elles ne font pas l’objet d’une évaluation critique, et même lorsqu’il arrive que par des voies détournées, celle-ci est faite, il ne peut en découler aucune remise en cause des choix fondamentaux ayant conduit aux résultats déplorés. C’est le cas par exemple de la plupart des Accords de libre-échange dont il a été question plus haut, et à propos desquels il y a aujourd’hui un consensus pour admettre leurs nombreux et lourds défauts. Comme c’est le cas de nombre de plans sectoriels (à commencer par ceux de l’agriculture, du tourisme, de l’industrie...), ou de tant de « grands chantiers » (y compris ceux en cours dans les grandes villes du pays...), ou encore de l’immense majorité des privilèges fiscaux appelés « dépenses fiscales » et que les responsables eux-mêmes ainsi que les institutions internationales reconnaissent aujourd’hui aussi inefficaces que inéquitables, en plus d’être excessivement coûteux en termes de manque à gagner pour le Trésor public... Oui, mais qui peut se hasarder à revendiquer la remise en cause d’une politique qui procède d’une « volonté royale » ? Qui peut oser, avec tout le respect qui lui est dû, dire au Roi qu’il a pu s’être trompé, et qu’il est temps qu’il change de politique ? Le Roi n’est donc pas « interpellable » et aucun mécanisme institutionnel ne permet de lui signifier les erreurs qu’il peut commettre et encore moins la nécessité de remettre en cause ses choix lorsqu’ils s’avèrent non fructueux.

      Et c’est ainsi que, objectivement, le système politique peut constituer une véritable entrave au développement économique du pays1. La constitution de 2011 n’a guère apporté la réponse appropriée et tellement nécessaire à ce problème majeure qui a fini par faire du système politique de ce pays l’obstacle devant lequel bute tout effort de son développement. Par la grâce de l’article 49, qui attribue au Conseil des ministres (présidé par le Roi) le pouvoir de décision en ce qui concerne les « orientations stratégiques de la politique de l’Etat », se perpétue le « verrouillage institutionnel» au profit de la « monarchie exécutive ». Par la force des textes de loi donc mais aussi par la pratique quotidienne, c’est le Roi qui continue de décider les stratégies du pays, c’est lui qui reste maître des établissements publics les plus influents dans l’économie nationale, et c’est encore lui qui garde la haute main sur les Instances de contrôle et de régulation les plus importantes dans le paysage institutionnel.

    Dès lors, comment le commun des citoyens, le jeune en particulier, insatisfait de son sort, peut-il signifier à celui qui le gouverne son mécontentement, et son désir de le voir changer de politique ? Quelle autre possibilité lui reste-il s’il ne peut le faire par la voie démocratique universellement reconnue ? La rue, les réseaux sociaux, la colère sourde, les cris de désespoir et les chants rageurs dans les stades de foot-ball, la désertion, l’émigration à tout prix... Ce qu’il fait déjà, et de plus en plus. Depuis le printemps arabe et sa version marocaine – le mouvement du « 20 février »-, les Hirak n’ont cessé de se succéder et se radicaliser, dans le Rif, à Jerrada, Zagora, Outat El Haj... Ils ont également pris des formes inédites, notamment en 2018 à travers le boycott évoqué plus haut, un boycott ciblé et massif de produits de trois entreprises précisément symboliques de ces relations incestueuses entre la politique et les affaires. Ce faisant, le citoyen ordinaire a innové à travers cette nouvelle forme de lutte, en cherchant non seulement à faire pression pour la baisse de prix abusifs parce que « administrés » par des monopoles et des oligopoles, mais aussi à crier son rejet de l’économie de rente, du népotisme et des passe- droits1... Quels qu’aient pu être les résultats de ce boycott, cette « première » en annonce d’autres à venir, tant les mêmes causes continueront de produire la même rage de protestation.

        Finalement, on voit bien que l’échec du « modèle de développement » n’est au fond que celui de choix fondamentaux, effectués et mis en œuvre dans le cadre d’un système politique qui ajoute au déficit de démocratie celui de l’efficacité. Dépourvu des règles élémentaires de « bonne gouvernance », il n’est pas seulement coupable de commettre de mauvais choix, de les conduire dans la dilution des responsabilités et l’absence de reddition des comptes, mais il est aussi incapable de tirer les enseignements nécessaires de ses propres expériences, notamment de ses échecs pour se corriger, en saisir les causes et en tirer les conséquences2. On comprend ainsi, au moment où nous sommes interpellés pour repenser ledit « modèle de développement », l’absolue nécessité de s’entendre sur le bon diagnostic, mettre très précisément le doigt sur les vraies causes de l’échec en question.

         C’est dire aussi que le préalable à toute réforme économique n’est autre que politique. De sorte que le futur « modèle de développement » n’aura de chance d’évoluer favorablement que si, à tout le moins, il s’inscrit dans le cadre d’un système politique qui conjugue légitimité des choix, plein exercice des responsabilités et reddition des comptes. Ce faisant, un tel système, démocratique pour tout dire, est sans doute plus efficace que n’importe quel autre système parce qu’il crée les meilleures conditions pour atteindre les objectifs prévus, et partant garantir le succès des choix effectués et des programmes arrêtés.

       La légitimité qui ouvre la voie à la responsabilité, laquelle ne va pas sans redevabilité... Telle est l’équation politique incontournable dont la résolution devrait ouvrir la voie à l’émergence d’un nouveau modèle de développement porteur d’espoir. Autrement, les mêmes expériences plus ou moins malheureuses peuvent invariablement se suivre et se ressembler, et les mêmes choix conduisant aux mêmes échecs peuvent se perpétuer. En somme les mêmes causes peuvent éternellement produire les mêmes effets. D’où ce terrible sentiment de « tourner en rond », de continuer de piétiner désespérément sous le plafond de verre... 

1 - Economiste, professeur de l’enseignement supérieur.

2 - A un tel niveau de croissance, il faudrait, selon une simple projection, plus de 40 ans au Maroc pour atteindre le niveau actuel de PIB par habitant du Portugal, et plus de 50 ans pour atteindre celui de la France...

 3- Les cinq « nœuds » en question étaient les suivants : Le Savoir, l’Economie, l’Inclusion, la Santé et la Gouvernance. Cf. Cinquantenaire de l’indépendance du Royaume du Maroc (2006) - 50 ans de développement humain et perspectives 2025, Document de synthèse du Rapport général, « L’avenir se construit et le meilleur est possible », Rabat, janvier 2006, pp.28-30. 2 Fondation Abderrahim Bouabid – Conseil d’Analyse Economique, Le Maroc a-t-il une stratégie de développement économique ? Quelques éléments de réflexion pour un véritable décollage économique et social, Salé, juin 2010, p.6. 

4 - Discours du Trône, 30 juillet 2014 : http://www.maroc.ma/fr/discours-royaux/discours-de-sm-le-roi- la-nation-loccasion-de-la-fete-du-trone . 2 http://www.maroc.ma/fr/discours-royaux/sm-le-roi-prononce-un-discours-louverture-de-la- premiere-session-de-la-2-eme-annee .

5 - Pour de plus amples développements sur cette partie, cf. N. Akesbi, « Economie politique et politiques économiques au Maroc », In : Economie politique du Maroc, ouvrage collectif, Revue Marocaine de Sciences Politiques et Sociales, Hors-série – vol. XIV, Rabat, avril 2017, pp. 49-111. Etude traduite et publiée en arabe sous le même titre aux éditions du Centre d’Etudes et de Recherches Mohamed Bensaïd Aït Iddir (CERM), Casablanca, septembre 2017. 

6 - Pour une présentation plus détaillée de ces politiques, cf. N. Akesbi, « Economie politique et politiques économiques au Maroc », 2017, op.cit. 

7 - Pour celles et ceux qui souhaitent néanmoins être mieux instruits sur cet aspect de la «démonstration» (abondantes statistiques à l’appui), je renvoie à mes conférences annuelles, présentées dans le cadre de l’Université Citoyenne de HEM, et dont les documents ppt sont publiés sur le site de l’Université dédié. Cf ; notamment : « Le modèle de développement en débat » (UC de Casablanca et Marrakech, février 2018) ; « Où va l’économie marocaine ? L’économie marocaine en perspective» (UC de Tétouan, Casablanca, Marrakech, Agadir, Fès, janvier-février 2017). Voir aussi N. Akesbi, « Pourquoi et comment l’économie marocaine s’installe sous le plafond de verre », Finances News hebdo, Spécial 20 ans, Hors série n°36, janvier 2019. 

8 - On peut rappeler que, avec près de 35 kg/tête, le marocain est un des plus gros consommateurs de sucre dans le monde... 2 Groupement Professionnel des Banques du Maroc. 3 Cf. Ch. Bozonnet, « Au Maroc, le boycott qui dérange les autorités », Le Monde, 10.6.2018 ; Maroc – « Les patrons de Sa Majesté » boycottés par le peuple, Orient XXI, 7.6.2018 (https://orientxxi.info/); « Boycott : La revanche du Maroc d’en bas », Economie Entreprise, Dossier, juin 2018 ; « Moroccan rattles leaders with mass boycott over high prices », Associated Press – The new York Times, 6.6.2018 ; M.

9 - Mounjib, « Sur la relation entre le pouvoir, les affaires et la représentativité politique », Al Quods Al Arabi (article en arabe), 22.6.2018 ; « Akesbi : le boycott est un cri contre le mariage incestueux entre les affaires et le pouvoir» (articles en arabe), Akhbar Al yaoum (11.5.2018) et AlYaoum24 ( http://m.alyaoum24.com/ ). 1 Cf. le dernier rapport de la Banque mondiale : « Le Maroc à l’horizon 2040 » (JP. Chauffour), 2018 ; Ainsi que différentes interventions depuis 2016 du Wali de Bank Al Maghrib, et du Haut-Commissaire au Plan.... A tel point que face à une Bourse des valeurs agonisante depuis de nombreuses années, et prenant acte de l’incapacité du secteur privé à s’y engager pour la ranimer, le Wali de Bank Al Maghrib en est arrivé à demander au secteur public de « revenir à la bourse » pour parer à la défaillance du secteur privé ! (Cf. Akhbar Al yaoum, 17.10.2014).

10 -  HCP, Etude sur le rendement du capital physique au Maroc, Rabat, janvier 2016. 2 Les chiffres dont il est question dans cette partie, sans rien perdre de leur capacité à démontrer les faits en question, restent néanmoins approximatifs car calculés par déduction à partir de l’agrégat de la FBCF et des montants respectifs des investissements publics et étrangers. Il faut dire que, aussi étonnant que cela puisse être, le Haut-Commissariat au Plan – qui produit par ailleurs des statistiques très « fines » dans de nombreux domaines-, ne publie aucun chiffre sur l’investissement privé en tant que tel

 11 - Selon l’étude du HCP précédemment citée (Etude sur le rendement du capital, 2016, p.14), l’ICOR (FBCF/PIB) atteint 7.2 en moyenne au cours de la décennie 2006-2015 (ce que la figure 9 illustre de manière graphique), lorsque, à titre d’exemple, il n’est que de 2.9 en Corée du sud, 3.5 en Malaisie, et 4.2 au Chili...

12 - Cf. Rapports annuels et ponctuels sur le commerce extérieur : https://www.oc.gov.ma/fr/publications#wow-book/ 2 Statistiques élaborées par la Direction des Etudes et des Prévisions Economiques du Ministère des Finances à partir des données du Haut-Commissariat au Plan. Cf. DEPF-MF, Rapport économique et financier, Projet de Loi de finances 2018, p.44.

13 - Initiative Nationale pour le Développement Humain. 2 Le TGV en 2010 ou plus récemment « l’affaire » du maintien de l’horaire d’été en octobre 2018 illustrent de manière caricaturale l’embarras, voire le désarroi de gouvernements de toute évidence sommés de mettre en œuvre des décisions dont ils ne savaient rien...

14 -  Cf. N. Akesbi, « Quand le système politique entrave le développement économique », Site-In, 5.10.2018 (http://www.site-in.net//article/quand-le-systeme-politique-entrave-le-developpement- economique ). 

15 - Cf. « Akesbi : Le boycott tourne la page des formes traditionnelles de lutte sociale », Hespress, 8.6.2018 (https://www.hespress.com/societe/394645.html?fbclid=IwAR2k3jqtXOabvSNp6MLWB8HX9qg8Pj o86s_Ylv-7pPnJnwEijC6StRahccM) 2 Pour une analyse plus focalisée sur l’expérience des deux dernières décennies, cf. N. Akesbi, « Pourquoi et comment l’économie marocaine s’installe sous le plafond de verre », 2019, op. cit.