TRAÎTRISE /DUPLICITÉ /ET SILENCE ASSOURDISSANT
LA GUERRE TOTALE
*Les pays occidentaux ont tout mobilisé ;
*Les pays arabes (sauf le Yémen) ont tout abandonné ;
DÉLUGE D’AL –AQSA : Les leçons d’histoire N° 1
Avant de parler de l’épopée de Gaza, de ses objectifs, de ses motivations, de son impact, du moment et de son contexte, commençons par essayer de décoloniser le langage, de démythifier et démystifier l’attitude occidentale vis-à-vis de l’autre.
Cette démarche n’est pas dictée uniquement par un souci intellectuel, mais elle peut constituer un des éléments de notre combat politique, idéologique et intellectuel.
Rôle de tout citoyen épris de justice et d’équité entre les Hommes et les nations.
C’est aussi dicté par une volonté de répondre à la propagande orchestrée par les médias et des décideurs occidentaux.
FALSIFICATION DE L’HISTOIRE
L’autre ce sont les peuples et / ou les citoyens du Tiers-monde, du monde arabo-musulman …, des damnés de la terre qui ne doivent pas avoir voix au chapitre…
C’est la position européocentriste de cet Occident géographique vis-à-vis de cet Autre ; ce n’est pas pour étonner, c’est une tradition bien établie.
Ça a commencé avec le propos tenu par Hegel (La raison dans l’histoire, pp. 245-46 et 282) sur la Chine et l’Afrique considérées comme des territoires anhistoriques, pour terminer avec le discours de Sarkozy en juillet 2007 à Dakar où il a affirmé le même sentiment sur le continent noir en considérant qu’il n’était pas encore rentré dans l’histoire universelle !
L’autre, c'est le « terroriste » ; c’est Hamas, El jihad islamique et leurs combattants.
Ce n’est pas nouveau dans la bouche des Occidentaux ; tous les combattants de la liberté, durant le processus de décolonisation, ont été réduits à des criminels de droit commun pour les abaisser aux yeux de leurs peuples et de l’opinion publique internationale et aussi pour ne pas leur appliquer la. 4 eme convention de Genève sur le droit humanitaire (1949).
Depuis 24 heures, les médias et les dirigeants occidentaux n’ont pas dérogé à la règle.
Sans procéder à un nettoyage sémantique, il n’est pas inutile de rajouter cette autre précision ; les détenus militaires (même s’il y’a des civils parmi eux ) aux mains de la résistance sont considérés comme des otages et non pas comme des prisonniers de guerre..
Et cela pour appuyer l’idée que les combattants palestiniens ne sont que de vulgaires « terroristes » ou carrément de simples « criminels » !
Sachant que la population israélienne est toute militarisée ; il suffit que le citoyen ait 18 ans , les femmes comprises …
Condamnation et soutien à géométrie variable …
En effet , médias , décideurs et politiques occidentaux se précipitent allègrement dans la condamnation [1].
Pire encore , la tour Eiffel, la Porte de Brandebourg, le siège du premier ministre britannique et celui de l’Union européenne sont drapés de drapeaux israéliens.
L’UE coupe son aide aux Palestiniens .
Deux poids, deux mesure.
Soixante quinze ans durant , on n' a pas vu chez les Occidentaux la moindre expression de solidarité avec le peuple palestinien !!!
Par ailleurs , ce qui nouveau, c'est que les Américains ont demandé à certains Etats arabes modérés et normalisateurs de condamner.
Une fois n’est pas coutume. Tous ne l’ont pas fait (Sauf les EAU ) embarrassés qu’ils sont par la complexité de la situation. Et leur position vis-à-vis de leurs peuples.
Le cas de la position du Maroc en est l’exemple le plus significatif…et ce malgré la normalisation.
RÉTABLISSONS CERTAINES VÉRITÉS HISTORIQUES
Dans ma réponse à une chronique du sieur Bernard Henry Lévy (Le Point janvier 2009) qui demandait déjà de « libérer les Palestiniens de Hamas », j’avais rapporté le propos de Khalid Mechal alors chef du bureau politique de Hamas. [ 2]
« Le Hamas et les forces palestiniennes ont offert une occasion en or d’apporter une solution raisonnable au conflit israélo-arabe. Malheureusement, personne ne s’en est saisi, ni l’administration américaine, ni l’Europe, ni le Quartet. Notre bonne volonté s’est heurtée au refus israélien que personne n’a la capacité ou la volonté de surmonter. Dans le document d’entente nationale de 2006 signé avec toutes les forces palestiniennes (à l’exception du Jihad islamique), nous affirmons notre acceptation d’un État palestinien dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem comme capitale, sans colonies et avec le sujet (mawdou’) du droit au retour. C’est le programme commun aux forces palestiniennes. Certaines veulent plus, d’autres moins. Ce programme date de trois ans. Les Arabes veulent quelque chose de similaire. Le problème est en Israël. Les Etats-Unis jouent un rôle de spectateur dans les négociations et ils appuient les réticences israéliennes. Le problème n’est donc pas le Hamas, ni les pays arabes : il est israélien. »[ 3]
Édifiant !
En 2006 , Hamas gagne les élections à Gaza.
Inacceptable selon la bien-pensance occidentale !
Démocratie à géométrie variable !
Depuis, le territoire de Gaza est soumis à un blocus inhumain terrestre, maritime et aérien.
Et on connait la suite.
Un silence penaud dans les chancelleries occidentales et arabes.
Les Palestiniens jouent, selon ces derniers, les troubles fêtes pour les plans concoctés depuis au moins les accords d’Oslo (1993) avec la complicité de certains Etats arabes et de la direction officielle de l’OLP !
L’objectif étant la liquidation définitive et totale de la question palestinienne ; les accords d’Abrahams portant sur la normalisation de certains pays arabes avec Israël s’inscrivent dans cette perspective.
DÉLUGE D’AL –AQSA : un cataclysme inédit
Le nom correspond bel et bien à la nature, à l’envergure de cette opération.
Défaite israélienne sur tous les plans ; politique, militaire, sécuritaire, psychologique, stratégique et de renseignements.
Certes, Israël va bombarder, et lourdement, massacrer, des civiles pour la simple raison que les bases des mouvements de résistances ne sont pas ni visibles ni identifiables.
Il va réaliser , peut-être, quelques objectifs militaires pour essayer d’effacer le désastre et présenter à son peuple certains succès ; mais rien de déterminant susceptible de changer la donne nouvelle traduite par une nouvelle configuration du Moyen-Orient.
Sauf si les Israéliens décident d’écraser la résistance à Gaza avec un nombre impressionnant de victimes civiles, l’irréparable n’est pas à exclure.
Un conflit régional pourrait contribuer à ouvrir la porte à toutes les dérives …Et pourrait dépasser les frontières régionales si le front libanais est ouvert et les grandes puissances s’impliquent. ..
La duplication de l’expérience ukrainienne est dans tous les esprits.
UNE OPÉRATION IMPRESSIONNANTE ET INTRÉPIDE
L’ampleur, l’efficacité et l’originalité de cette opération a étonné plus d’un ; en effet, la rapidité, la coordination de ses différentes phases et la conjugaison de différents modes de combat constituent un genre inédit.
Cette réussite n’est pas le fruit du hasard ; les mouvements de résistance libanais (Hezbollah) et palestiniens (car la cause est commune) ont une accumulation et un acquis incontestables.
Les victoires de 2000 et 2006 pour le premier et les deux Intifadas et la résistance réalisée en 2008/09 / 2012/ 2014 / 2021 pour les seconds attestent de la vitalité de ce peuple.
Il est appelé le peuple d’Aljabbarine .
Après 75 ans, il est toujours debout.
LES RAISONS D’UNE PROUESSE
D’abord, c'est une règle de l’histoire.
Ensuite et surtout, les Palestiniens défendent une cause, ce qui fait qu’il y a une conviction ( العقيدة العسكرية )et que les combattants s’investissent plus qu’un soldat israélien professionnel.
La grande différence est là.
Les Israéliens, les Occidentaux et les Etats arabes normalisateurs doivent comprendre que la roue de l’histoire tourne et la liberté et la libération doivent être l’apanage de tous les peuples.
Toutes les puissances occupantes doivent se remémorer le propos de Maximilien Robespierre, l’homme de la révolution française :
« Les peuples n’aiment pas les missionnaires armés ».
Pour tous ceux qui réduisent les combattants palestiniens au rang de terroristes et/ou ceux qui contestent la représentativité des mouvements de résistance palestiniens doivent retenir cette réflexion :
« Ils ne sont pas représentatifs parce qu’ils portent des armes, mais ils continuent à porter des armes parce qu’ils sont représentatifs ».
L’EXPÉRIENCE DES PEUPLES
Cette opération n’est pas la bataille de Diên Biên Phu (mai 1954) certes, mais au niveau de la symbolique, elle n’est pas loin.
En effet, Hồ Chí Minh et le général Nguyen Giap et leur peuple ont réussi à infliger une défaite retentissante aux Français d’abord et aux Américains ensuite !
Rappelons qu’en 1965, ils y avaient plus de 500 000 soldats américains en Indochine et malgré tout, ils ont dû partir en catastrophe en avril 1975.
Quarante-six ans plus tard ( août 2021 ) , en Afghanistan, les Américains ont connu le même scénario ; en effet, ils n’ont même pas eu le temps de faire leurs bagages et emmener avec eux les collaborateurs locaux !
C’était la même chose dans les colonies portugaises durant les années 70, suite à la révolution des œillets intervenue en avril 1974.
8 octobre 2023
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Notes :
[1] Sur les réactions des Etats occidentaux voir ce lien:
https://fr.euronews.com/.../israel-gaza-les-premieres...
[2] 10 janvier 2009
[3] Cité par Alain Gresh dans le Blog du Monde diplomatique le 22 décembre 2008 (extrait d’une interview de Khaled Mechaal, le chef du bureau politique du Hamas).
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DÉLUGE D’AL –AQSA : Finalités et opportunité
N° 2
Certains (journalistes et décideurs politiques …occidentaux) comparent l’attaque du Hamas au 11 septembre américain ; sournoisement, c’est une façon de considérer les combattants palestiniens comme des terroristes à l’instar d'Oussama ben Laden et de ses combattants.
D’autres, la comparent à "Pearl Harbor" du 7 décembre 1941 !
Histoire d’usurpation sémantique et factuelle !!
D’aucuns, plus justes et plus objectifs, comparent cette impressionnante action militaire avec celle de 1973.
Il est vrai que la guerre d’octobre 1973 opposait deux Etats, celle d’aujourd’hui oppose un mouvement de résistance et une entité occupante…
En revanche, les deux guerres ont au moins deux points communs ; en effet, les deux ont en lieu le mois d’octobre et surtout les deux ont été marquées par l'effet de surprise.
Cette date n’est pas fortuite ; la symbolique y est pour quelque chose.
Il faudrait rappeler, outre l’effet de surprise, les deux situations ont connu un processus d’endormissement ; ce qui a permis justement la réussite relative des deux opérations militaires.
La destruction de la ligne Bar-Lev
De 1970 à 1973, le président égyptien Anouar el-Sadate n’a pas cessé de dire qu’il allait faire la guerre à Israël.
Les Israéliens ont fini par ne plus prendre au sérieux .
Par ailleurs le Rais et son armée lassés par les atermoiements des Soviétiques à leur fournir des armes performantes décide en juillet 1972 de renvoyer les 12 000 conseillers soviétiques ; dans ce contexte précis les dirigeants israéliens ont tiré la conclusion rapide que l’Égypte ne leur ferait pas la guerre d’autant plus qu’elle ne s’est pas encore relevée de la défaite retentissante de juin 1967.
Le 6 octobre 1973 l’armée égyptienne traverse le canal et détruit la ligne Bar-Lev considérée comme infranchissable.
Toutefois, un différend entre le président Sadate et le chef d’état-major de l’armée Saad Eddine Chazli, allait emporter le pays des Pharaons, suite à l’encerclement de la 2ᵉ armée par l’armée israélienne.
Le 6 octobre 1973 a mis fin au mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne.
Le 7 octobre 2023 a montré que la question palestinienne est toujours là .
Ni les humiliations, ni la répression, ni les massacres, ni la normalisation ne peut effacer la mémoire d’un peuple et émousser sa volonté de se libérer d’une occupation.
DÉLUGE D’AL –AQSA : les raisons d’une prouesse
C’est une prouesse dans la mesure où le territoire est sous blocus total et inhumain depuis 2007 ;
C’est une prouesse-et si excepte le soutien du bloc iranien-dans la mesure où les mouvements palestiniens sont relativement isolés du moins sur le plan diplomatique ;
C’est une prouesse dans la mesure où le mouvement palestinien est fortement divisé depuis 2007 ;
C’est une prouesse dans la mesure où le processus de normalisation contribue à effacer la question palestinienne des agendas internationaux ;
C’est une prouesse dans la mesure où la résistance affronte la plus grande armée de la région.
UNE ACTION POURQUOI FAIRE ?
Quelles sont les finalités et les motivations du Hamas dans cette initiative plus ou moins " hasardeuse" ?
Pour minimiser et réduire l’impact psychologique, politique et militaire d’aucuns n’hésitent pas à affirmer que cette action a été entreprise par Hamas pour torpiller le rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite.
Et que l’Instigateur : c’est l’Iran !
Ce n’est pas une opération d’un jour … !
C’est une opération qui a demandé du temps et le rapprochement est récent.
C’est une opération qui a demandé au moins une année de préparation.
Rappelons au moins un fait qui est passé presque inaperçu.
A deux reprises, Hamas n’a pas participé aux combats contre Israël avec El Jihad islamique ; la dernière en date est celle de mai 2023.
Tout le monde se posait des questions sur l’attitude du Hamas.
Apparemment, Hamas se préparait déjà et ne voulait pas montrer ses capacités et surtout faire croire aux Israéliens qu’il est attaché aux accords de paix (Al Houdna) conclus suite au conflit lors de l’opération de l’épée d’Al Aqsa (avril-mai 2021).
C’est créer un climat de confiance pour que l’effet de surprise soit complet.
C’est un point de ressemblance avec la guerre d’octobre 1973.
UN COMPLOT IRANIEN ?
Certains estiment qu’il s’agit d’un complot iranien contre un processus de paix (Sky news) ?
Quelle paix ?
Le rapprochement israélo-saoudien-avec une normalisation à la clef-constitue-t-il un plan de paix ?
Face au vide laissé par des démissions arabes successives, depuis la défection de l’Égypte (les accords de Camp David 1979, les accords d’Oslo de 1993 et ceux d’Araba avec la Jordanie 1994), l’Iran est venu s’y incruster.
Justement pourquoi l’Iran est là ?
Comment est-il devenu la puissance que l’on sait et dispose d’alliés arabes importants dans la région (La Syrie, une partie des mouvements et de la population chiite d'Irak , le Hezbollah et les Houtis du Yémen …)?
On avance que l’Iran a des ambitions et des intérêts à défendre ?
Quel est l’État au monde qui n’a pas d’ambition ?
Sauf peut-être les Etats faillis…
Il faut rappeler brièvement quelques positions de l’Iran depuis 1979 pour comprendre pourquoi la question palestinienne est entre les mains des Iraniens.
Depuis l’arrivée de Khomeini , le soutien iranien aux différents mouvements palestiniens n’a pas cessé (surtout après le retrait des Etats arabes )y compris pour Hamas catalogué comme sunnite alors que l’Iran est chiite !
Parallèlement, le monde arabe officiel a totalement démissionné.
En effet, dès les premières semaines de la révolution iranienne, les autorités ont pris, entre autres, deux grandes décisions ; l’ancienne ambassade d’Israël a été remise à l’OLP ..
La symbolique est forte.
Et le choix est déjà fait .
Comme ils ont procédé à l’adoption d’une résolution instituant une journée internationale d’Al Qods commémorée le dernier vendredi de chaque mois de Ramadan.
Rappelant, par ailleurs, que la prise d’otages américains dans leur ambassade ne pouvait que placer l’Iran dans un camp anti-occidental.
Le monopole et le contrôle des lieux saints.
La politique iranienne s’évertuait à jouer, peut-être, un rôle dans la gestion des lieux saints de l’Islam.
Et contester par là le rôle de la Jordanie pour la mosquée d’Al Qods et de l’Arabie Saoudite pour la Mecque et Médine.
Donc, face à ces démissions, il était plus ou moins prévisible que l’Iran reprenne le flambeau et fasse de la question palestinienne leur cheval de Troie dans leur stratégie de lutte contre l’arrogance occidentale (Istikbar 3lami) et le moyen de s’imposer comme puissance régionale.
Dans ce contexte précis et dans ce Moyen-Orient compliqué comme disait le général De Gaulle, les Palestiniens n’avaient pas d’autres choix que d’accepter toute aide et ce qu’elle que soit son origine.
10 octobre 2023
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N °3 : GIVE ‘EM HELL [1]
Dans cette 3ème chronique on va essayer de répondre à deux questions :
Pourquoi le Hamas a opéré aujourd’hui ?
Pourquoi en est-on là ?
A la faveur de la 5ème guerre israélienne contre Gaza , avec une duplicité occidentale avérée le plan machiavélique de déplacement de la population gazaouie revient au souvenir des chancelleries du monde « libre » et provoquerait une sorte de Nakba bis ( chronique N* 4).
Dans une 5ème livraison, on essayera de révéler la propagande du monde occidental tous azimuts et sa responsabilité dans les crimes et massacres commis contre les peuples par leurs armées à travers l’histoire récente.
Dans une 6eme chronique, on s’évertuera à rétablir certaines vérités historiques quant au statut du territoire de Palestine (une certaine déconstruction d’une théorie fondée sur l’histoire) et les impairs commis par les puissances occidentales depuis les accords de Sykes-Picot (1916).
POURQUOI HAMAS A OPERE AUJOURD’HUI ?
Si Hamas a effectué son attaque le 7 octobre dernier c’est qu’il avait des raisons et des conditions favorables.
Il y a de la symbolique dans le choix de la date ; c’est son lien avec la victoire relative égyptienne en octobre 1973 (la traversée du canal et la destruction de la ligne Bar-Lev). Le moment était opportun. L’effet de surprise y était associé.
Plus important et plus stratégique c’est que les Israéliens ont déplacé des unités importantes du front sud (Gaza) vers la Cisjordanie.
La raison ?
C’est que depuis deux ans, la résistance palestinienne s’est développée dans ce territoire et elle est devenue de plus en plus armée ; ce qui explique la mobilisation de nouvelles unités israéliennes pour y contrôler et maîtriser la situation ; cette information n’est pas pour être négligée dans le plan du Hamas.
Autre information, non moins importante à prendre en considération, c’est que le stock en armes et en munitions déposé en Israël a été, semble-t-il, expédié en Ukraine.
La preuve c’est qu’un pont aérien a déjà commencé pour fournir Israël en armes et munitions fraîches.
Le retrait partiel américain de la région et la nouvelle configuration du monde ne pouvaient pas passer inaperçu pour les stratèges du Hamas.
La compétition avec la Chine, dans ce contexte de mutation géopolitique internationale, a obligé le Pentagone à faire des choix et prioriser son engagement dans la région indopacifique.
Par ailleurs, l’engagement américain en Ukraine pourrait constituer pour les Palestiniens une opportunité favorable pour enclencher une opération disposant de plus d’atouts et de conditions de réussite.
Au-delà des opportunités de son origine, il y a des raisons objectives qui l’ont rendue prévisible voire imminent.
POURQUOI EN EST-ON LA ?
Le conflit est là depuis 75 ans ; et on n’est pas proche du dénouement.
Gaza est soumise au blocus depuis 17 ans.
Imaginez que les jeunes gazaouis n’ont jamais quitté ce territoire !
Durant cette période de blocus, la population de Gaza a subi quatre agressions (2008 -09/ 2012/ 2014 / 2021) et aucune perspective de solution à l’horizon.
Au-delà des causes structurelles de ladite opération, on peut citer des facteurs conjoncturels qui ont en fait un passage presque obligé !
-Une impasse et un blocage politiques qu’Israël connaît depuis cinq ans (quatre élections législatives ..) ;
- Un gouvernement extrémiste dont les composants rivalisent dans la surenchère ;
-Un gouvernement qui a fait de la répression, de l’humiliation et des brimades à l’encontre des Palestiniens une politique ;
-Les incursions répétées des extrémistes dans la mosquée d'Al Aqsa, avec toutes les provocations, les dérives et les blasphèmes dont excellent ces groupes extrémistes ;
- La maltraitance des prisonniers palestiniens :
Les mouvements palestiniens, les Etats arabes dits modérés demandent depuis longtemps, l’allègement du blocus, la libération des prisonniers qui ont fait plus de 30 ans (il y a certains qui ont passé plus 40 ans de leur vie en prison), les personnes âgées, les personnes avec des maladies chroniques, les enfants …rien n’y fait.
Bref, absence d’horizon total.
Et pourtant le monde arabe et le mouvement palestinien n’ont pas manqué de faire des propositions allant dans le sens de l’instauration d’une paix durable dans la région.
Propositions de paix arabes face à la surdité israélienne et occidentale
En vingt ans, le monde arabe et le mouvement palestinien ont fait cinq grandes propositions :
1982 : suite à l’invasion du Liban et l’encerclement de sa Capitale et lors du sommet de Fès, la ligue arabe avait proposé le plan de Fahd de 7 points dont la reconnaissance d’Israël [2];
1988 : lors de la session extraordinaire du CNP d’Alger marquée par la proclamation de l’Etat de Palestine, l’OLP montre sa disposition de reconnaître l’Etat d’Israël ;
1991 : lors de sa visite à Paris, le leader palestinien Yasser Arafat avait, sur proposition de Mitterrand, considéré que la charte de l’OLP était caduque ; autrement dit la Palestine du fleuve à la mer n’était plus de mise.
Un nouveau pas vers la reconnaissance d’Israël ;[3]
1993 : les Palestiniens ont signé les accords d’Oslo malgré leurs limites par rapport à la quintessence du conflit ; en effet, le retour des exilés n’était pas traité, la question de l’état palestinien était dans les limbes, le statut de la ville Al Qods non réglé. Bref , un accord très défavorable aux Palestiniens !
2002 : en mars 2002, le sommet arabe de Beyrouth a proposé un plan de paix dont la reconnaissance d’Israël.
En face, c’est le refus de toute solution politique, la colonisation, les agressions répétées, le blocus, le mensonge et la falsification de l’histoire.
GIVE ‘EM HELL
Après l’attaque de Hamas, voilà la réponse qu’Israël, l’Amérique, l’Occident les décideurs, écrivains et influenceurs, TOUS, avaient le même ordre : écraser Hamas et raser Gaza … !!!
La civilisation des droits de l’homme, de la démocratie et des lumières installe l’obscurité à Gaza !!!
La coupure de tout : électricité, eau, gaz, internet et la fermeture de tous passages vers l’extérieur.
A tout seigneur tout honneur.
Dans ce premier discours de soutien à Israël, le président américain a demandé à Tel Aviv une réponse ferme ; en langage plus explicite un permis de tuer.
La conférence de presse commune du 12 octobre entre Netanyahou et le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken avait cette phrase :
« Je ne suis pas venu ici en tant que ministre des affaires étrangères mais je suis venu en tant que juif dont le grand-père a fui la mort »..
L’allusion est nette et l’alliance ne souffre d’aucune faille !
Il n’y a pas que les politiques, les décideurs, il y a même des influenceurs [3] qui sont de la partie !
L’influenceur canadien Jordan B Peterson propose aux Israéliens : GIVE ‘EM HELL.
Notes
[1] Il s’agit du propos de l’influenceur canadien Jordan B Peterson (Quatre millions sept cent mille followers) …
…https://twitter.com/jordanbpet.../status/1710622315816337454
[2] https://www.lemonde.fr/.../le-plan-fahd-de-1981_4208904...
[3] https://www.lemonde.fr/.../mai-1989-arafat-et-la-charte...