الـمجلة الـمغربية Revue Marocaine
للـعلـوم السيـاسـيـة الاجـتـمـاعيـة
des Sciences Politique et Sociales
العدد 2 • مارس 2023 | N° 2 • Mars 2023 |
HOMMAGE ET DOCUMENTS
Hommage
Les témoignages du 10 novembre 2022
Najib AKESBI - Amal KHIDER - Hicham SADOK
Abdelmounaim EL GUEDDARI – Mohamed AYAT
Moulay Rachid ABDERRAZAK - Azzedine GHOFRANE
Abdelkader BERRADA - Moulay Ismail ALAOUI - Mohammed CHIGUER Nadira BARKALLIL - Abdelghafour ACHOUAL - Noureddine BERCHID
Mohammed KHALIL - Samira BIKARDEN - Mahamadou N’FA SIMPARA
les opinions et les idées exprimées dans cette Revue n'engagent
que leurs auteurs
ISSN : 2351-9134
Dépôt légal : 2011 PE 0003
Juin 2023
Impression : Imp. Roa Print - Salé
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Abdelmoughit Benmessaoud Tredano
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Mohammed Ayat, Mohammed Othman Benjelloun, Mohammed Bennani, , Aziz Chahir, Mohammed Chiguer, Abdeslam Cheddadi, Ahmed El Bouz, Azedine Ghoufrane, Mohamed Hamoudi*, Omar Hniche, Abdelaziz Karraky, Bichara Khader, Mohammed Khachani, Abdelatif Laabi, Mohammed Margadi, Mohammed Mouaqit, Jean-Yves Moisseron, Hassan Rachik, Hicham Sadok, Ali Seghrouchni, Hassan Tariq, Abderrahmane Zanane*
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Liste de correspondants et de collaborateurs
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* Les regrettés Driss Benali, Mohamed Hamoudi et Abderrahman Zanane ont été parmi les fondateurs de la revue
SOMMAIRE
Présentation : hicham SADOK. 7
Pr. Abdelmounaim EL GUEDDARI 22
Parcours académique et engagement politique. 27
Pr. MOULAY RACHID Abderrazak. 29
Lutte syndicale et associative. 49
Remerciements
Chers amis, chers collègues, chers étudiants, Mmes, Mlles, M.,
Je tiens à vous remercier pour votre participation à cet hommage aussi bien en tant que contributeur qu’en tant qu’intervenant.
Lors de cet hommage, de la chaleur, de l’amitié et de l’affection se dégageaient de vos propos.
Du fond du cœur, au-delà des convenances des missives, je tiens à vous exprimer ma reconnaissance pour la qualité de vos interventions, la sincérité du propos voire de l’émotion ressentie au niveau du timbre de vos voix.
Ce n’est pas un excès de langage, c'est mon profond et réel sentiment.
Je ne peux ne pas souligner l’engagement constant de nos étudiants et nos doctorants dans la préparation de nos activités ; ils en constituent la cheville ouvrière.
Qu’ils trouvent dans ce message l’expression de mes sincères remerciements.
Encore une fois Mille mercis
Présentation
LES SCIENCES SOCIALES EN ACTION :
«Mélanges » en hommage au Professeur
Abdelmoughit Benmassaoud Tredano
Hicham SADOK
Professeur à l’université Mohammed V
de Rabat
Pour la préparation de cet ouvrage, plusieurs enseignants/chercheurs, ont été sollicités. Au total 27, tous collègues et/ou ami(e)s du professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, ont apporté leur contribution. Que ces personnes trouvent, dans cette brève présentation, l’expression de nos sincères remerciements pour leur participation à la concrétisation de ce filial et amical hommage.
Le professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a pris sa retraite il y a quelques années, au sommet d’un parcours académique rempli. Contrairement à ce que nous avons l’habitude d’observer dans « notre environnement », il n’a cessé de multiplier et diversifier les activités scientifiques parce qu’il répugne à l’oisiveté qui caractérise la retraite. Et il n’a pas tort, ce n’est donc que justice de lui rendre un hommage filial à travers ces «Mélanges» qui se veulent un croisement de regards autour de trois axes : Droit et sciences politiques, diplomatie et ordre international, développement et croissance ; thématiques dont le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano partage un intérêt avec les différents contributeurs qui l’ont connu, travaillé, milité, côtoyé ou s’être lié d’amitié. A travers ces «Mélanges», la liaison, l’affinité et la reconnaissance académique, intellectuelle et scientifique ne seront, ainsi, que (re)affirmées.
À elle seule, cette diversité des sujets des contributions dans ce titre « Mélanges » donne déjà un aperçu de la richesse et de la variété des thématiques abordées, de près ou de loin, par le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano au cours d’une carrière intellectuelle de plus de 40 ans, jalonnée par l’organisation de plusieurs manifestations scientifiques, la publication de près d’une vingtaine d’ouvrages, de centaines d’articles, la direction de nombreuses structures de recherche, ainsi que par la création et la direction de la Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales (RMSPS).
De tels efforts, réalisations, et bien d’autres, sont au cœur de cette hyperactivité intellectuelle dans la dynamique carrière du Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano. Dans son inlassable quête de développer une pensée structurée, de redécouvrir le social dans ses multiples dimensions et, le cas échéant, de ne pas craindre la différence et la polémique sans jamais sacrifier la rigueur, il s’est résolument dégagé d’un milieu de plus en plus balisé par la suffisance, l’abattement et aux rugueux raccourcis.
On retrouve dans la carrière du Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano un tel entêtement à ancrer la pensée dans la compréhension et l’analyse du concret. Bien sûr, cela ne signifie pas que sa carrière et/ou ses travaux sont au-dessus de toute critique ; aucune vie, œuvre ou pensée ne l’est d’ailleurs, et aucun intellectuel rigoureux ne cherche le confort des situations acquises. Mais, ce qui est certain, c’est que, comme disait Jean Jaurès, le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a eu la sincérité, le dévouement et « le courage d'agir et de se donner aux causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense ».
Naturellement, l’œuvre entamée par Abdelmoughit Benmassaoud Tredano n’est point achevée. Très nombreuses seront encore, sans le moindre doute, ses actions et ses publications. Cet hommage n’est évidemment pas une fin, pas plus pour lui que pour ses étudiants, ses amis et ses collègues, qui, ont à cœur, non seulement de prolonger ses actions entreprises, mais aussi de lui témoigner, à travers ces " Mélanges", leur reconnaissance, leur profond respect et aussi leur amitié.
Nous espérons qu’à travers ces " Mélanges", le vibrant hommage que mérite le Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano lui sera rendu, ne serait-ce que partiellement. Les coordonnateurs, les organisateurs de cet événement, ainsi que les auteurs des différentes contributions veulent ainsi le remercier, non seulement de ce qu’il a apporté, de ce qu’il continue d’apporter mais aussi de ce qu’il apportera encore.
I- Séance d’Ouverture
Pr. Najib Akesbi
Chers collègues et ami-e-s,
Aujourd’hui est un jour précieux. Grâce à des amis et des collègues ici présents, volontaires, généreux, perspicaces, nous nous retrouvons ici, aujourd’hui, pour honorer, rendre hommage à un grand monsieur. Un grand monsieur dont cette Université peut être fière, auquel des générations d’étudiants sont reconnaissants pour tout ce qu’il leur a donnés : Un enseignement de qualité, un encadrement de proximité, et toujours le souci d’équité et de vérité.
Un grand monsieur qui est aussi un ami et un confrère pour ses collègues, toujours attentif, fidèle, serviable, bienveillant…
Je ne vais pas me hasarder dans ce bref mot d’ouverture à en dire plus sur Abdelmoughit, son parcours, sa vie et ses combats. Car d’autres vont le faire, beaucoup mieux que je ne saurais le faire.
Je vais donc sans plus tarder passer la parole Mme Amal Khider, probablement la plus volontaire et la plus perspicace parmi les collègues de Abdelmoughit, celle qui a été la cheville ouvrière de cet hommage. Elle est la coordinatrice du Comité d’organisation de cet événement, mais par ailleurs elle aussi responsable du Master Diplomatique et membre du Comité de rédaction de la Revue Marocaine de Sciences Politiques et Sociales.
Pr. Amal KHIDER
Professeure à l’Université Mohamed V, Rabat.
À mon ami et collègue Professeur
Abdelmoughit BENMASSAOUD TREDANO
Monsieur le Doyen de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales, Pr Azzedine Ghoufrane, Messieurs les Doyens Moulay Rachid et Said Dhissi, Messieurs les vices Doyens, honorables invités, chers collègues et amis, chers doctorants et étudiants, Mesdames, Messieurs.
C’est pour moi un grand honneur de prendre la parole devant cette assemblée en hommage à notre collègue et ami Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano.
Au nom du comité d’organisation représentant les trois départements de la faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Souissi, je tiens à remercier tous les amis et collègues qui en grand nombre ont répondu avec enthousiasme à l’élaboration de l’ouvrage « Mélanges en l’honneur à Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, composé de 26 textes dont la richesse académique illustre la place du savoir pour chacun des contributeurs.
Ce travail collectif est à l’image des relations privilégiées que chacun d’entre nous a tissées durant de longues années avec Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano.
Cette initiative représente une chaine d’amitié qui aujourd’hui se concrétise par votre présence.
Je tiens également à exprimer un vif remerciement à nos doctorants(es), étudiants(es) du Master Études Diplomatiques, pour leur implication dans l’organisation de cette journée. Avec spontanéité et dynamisme, ils se sont investis dans le projet, exprimant leur attachement et leur respect à leur Professeur qui les a poussés vers l’excellence avec abnégation, passion, humour et gentillesse.
Que dire de Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, si ce n’est qu’il fait partie des hommes et des femmes de sciences, amoureux de leur travail, passionnés par la recherche, attachés aux valeurs humaines et humanistes. Pr Tredano se distingue par sa générosité dans la transmission et le partage du savoir entre ses amis et envers ses étudiants.
Je me permets aujourd’hui d’exprimer ma gratitude et mon amitié au Pr Tredano pour son aide et son soutien sans faille, pour ses conseils judicieux, mais surtout pour sa confiance tout au long de ces années de collaboration au sein de notre faculté et essentiellement dans le cadre de notre Master Études Diplomatiques initié par lui-même, il y a presque vingt ans.
Tout au long de la vie, il arrive de rencontrer des personnes exceptionnelles qui vous marquent à jamais. Professeur Tredano en est l’une d’elles. Il n’a pas été seulement un collègue, mais également un mentor, grâce à qui j’ai appris la manière d’enseigner, de transmettre sa passion, avec qui les échanges, les discussions m’ont souvent inspiré.
Merci Professeur pour votre confiance, votre amitié, pour vos enseignements, pour votre générosité et surtout pour vos espiègleries dont vous avez le secret qui font de nos rencontres entre collègues et amis, ainsi qu’avec nos étudiants, des moments uniques parce que sincères.
Pr. Hicham SADOK
Professeur à l’université Mohammed V
de Rabat
C’est pour moi un honneur que de participer à l’organisation de cette journée en hommage à notre ami et collègue Abdelmoughit Benmassaoud Tredano. Cet honneur, que je dois au comité d'organisation, est d’autant plus grand qu’il est paradoxal, car j’ai connu le Pr Tredano assez tard dans sa carrière académique, et que je ne suis même pas un politologue ou juriste de métier pour pouvoir ouvrir, après notre collègue Amal Khider, cette journée dédiée à l’un des professeurs qui a contribué amplement à jeter les pans entre les différentes disciplines en sciences sociales. En côtoyant le Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, j’ai eu la conviction que cette ambition de faire collaborer les différentes disciplines en sciences sociales est un projet personnel autant qu’une position épistémologique. Sans doute est-ce aussi, pour lui, une nécessité si on veut faire de la société du savoir autre chose qu’un slogan creux.
L’hommage filial que nous rendons à travers ces Mélanges au Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano est une sorte de consécration à cette distinction pour ce travailleur insatiable et polymorphe, puisque ce livre se veut justement un croisement de regards sur différents thèmes de sciences sociales portés par 27 collègues et/ou ami(e)s, venant de différentes disciplines relevant du domaine des sciences politiques, du droit, diplomatie, ordre international, économie, développement et sociologie ; thématiques dont le Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano partage un intérêt avec les différents contributeurs qui l’ont connu, travaillé ou s’être lié d’amitié.
Le Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a donc contribué non seulement à l’avancement des sciences sociales dans un contexte académique en litanie, mais il a aussi démontré, à travers ses multiples travaux et implications, l’importance du travail en commun des différentes disciplines de sciences sociales et la pertinence de leur participation d’ensemble aux débats sociaux, non pas pour donner des leçons du haut de la chaire, ce qui relèverait d’un élitisme suranné confondant la réflexion sociale et la pédagogie et serait, à terme, contre-productif, mais pour montrer qu’on peut faire des sciences sociales une science citoyenne, préoccupée par la manière dont la réflexion et l’interprétation permettent de mieux comprendre les pratiques sociales pour rendre les enjeux plus clairs, et nous donner plus d’emprise sur la réalité qui est la nôtre.
Cependant, le travail académique et scientifique entamé par le Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano depuis plus d’une quarantaine d’année n’est point achevé. Malgré sa retraite, il continue inlassablement à œuvrer pour la production et le rayonnement des sciences sociales à travers l’organisation d’événements scientifiques et la publication de différents supports de cognition avec un dévouement exemplaire et une sincérité rarissime. Outre la jouissance intellectuelle et l’âme du professorat qui l’anime, il ne s’attend ni à une promotion, ni à une décoration ; la récompense n’est point le moteur de son action ou son résultat, si ce n’est, peut-être, l’envie de mener une vie professionnelle courageuse qui vise, comme décrit par Jean Jaurès lors de son discours aux lycéens d’Albi en 1903, « d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ; agir et de se donner aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l’univers profond, ni s’il lui réserve une récompense ».
Enfin, je ne saurais conclure sans saluer le parcours du Pr Abdelmoughit Benmassaoud Tredano, un parcours tout entier consacré au militantisme, à l’enseignement et à la production scientifique ; en gros ce qui fait les pilules sociales d’un meilleur lendemain.
J’espère qu’à travers ces Mélanges, le vibrant hommage que mérite le Professeur Abdelmoughit Benmassaoud Tredano lui sera rendu, ne serait-ce que partiellement. Merci donc au comité d’organisation de m’avoir permis de lui rendre cet hommage, non seulement pour ses qualités scientifiques, mais aussi, et surtout, pour ses qualités humaines.
Pr. Abdelmounaim EL GUEDDARI
Directeur du Laboratoire d’études et de recherches juridiques et politiques
Mesdames et Messieurs,
Ce « Liber Amicorum » en l’honneur à l’œuvre scientifique du Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano est une reconnaissance de l’apport du Pr. Tredano à l’institution académique et universitaire. Son double regard d’internationaliste et de politologue pétri d’une grande érudition ont contribué à renouveler les interrogations relatives à l’intégrité territoriale des États dans un contexte marqué par le débat sur l’étendue des frontières héritées de l’époque coloniale.
Son ouvrage « Intangibilité des frontières coloniales et Espace Étatique en Afrique » édité chez LGDJ en 1989, il y a plus de 30 ans, reste toujours d’actualité.
Consacré par la charte de l’OUA dès sa première session au Caire en 1964, par l’Assemblée Générale de l’ONU dans sa résolution, 2625, ainsi que par la jurisprudence de la CIJ, le principe d’intangibilité des frontières, appelé encore l’uti possidetis a été justifié par les dangers du recours à la force et la volonté d’assurer l’indépendance et la stabilité des nouveaux États.
Ce principe et d’autres tels le principe d’égalité souveraine des États, l’interdiction du recours à la menace ou à l’emploi de la force, le principe de non-intervention dans les affaires internes des États sont sacrés en Droit International. Ils sont aussi au cœur des réflexions du Pr. Tredano.
D’ailleurs, dans un autre ouvrage intitulé « la question du Sahara, histoire d’une décolonisation pas comme les autres : repères historiques, décolonisation et autonomie », publié en 2009, le Pr. Tredano va montrer une rigueur scientifique certaine doublée par un engagement national clair :
Une rigueur scientifique dans l’analyse de la notion de l’intégrité des Etats, pierre angulaire du Droit International. En ce sens, l’auteur démontre que le principe du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, ne signifie pas systématiquement l’indépendance.
Engagement national aussi, pour défendre l’intégrité territoriale du Maroc, qui, à l’instar d’autres pays, s’est produite par étape.
Alliant l’engagement pédagogique et la recherche, le Pr. Tredano à diriger les travaux de recherche de plusieurs dizaines de doctorants au sein de notre Laboratoire.
Les articles réunis dans cet ouvrage reflètent la richesse de la carrière du Pr. Tredano centré non seulement sur le Droit international, mais aussi sur la science politique et les différents domaines des relations internationales.
Les contributions présentées dans ce Liber Amicorum sont l’œuvre d’universitaires et d’amis. Ils traduisent certes la volonté de cultiver la culture de la reconnaissance, mais ils témoignent surtout des liens amicaux, culturels et scientifiques permanents avec le dédicataire.
II- Témoignages
Parcours académique
et engagement politique
Pr. MOULAY RACHID Abderrazak
Professeur émérite de l'Université Mohammed V
Mesdames, messieurs,
Merci au Professeur Tredano de nous réunir aujourd’hui et de nous permettre de voir des amis, comme le Pr FREJ, qui avait lancé avec moi en 1995 à 8h du matin, les premiers examens écrits de cette faculté.
Tout d'abord, c'est pour moi un réel plaisir et un immense honneur d’être associé à l'hommage qui est rendu au Pr Tredano en lui offrant ces mélanges. Un hommage bien mérité, un homme largement mérité.
On est face à un parcours très riche, un chemin exceptionnel, une carrière plurielle, un édifice brillant forgé durant de longues années avec patience.
Ensuite, mes sincères félicitations, à la faculté de droit Souissi, pour cette nouvelle concrétisation de la culture de la reconnaissance à tous ceux qui ont contribué à son rayonnement et à son prestige.
Enfin, mes vifs remerciements au comité d'organisation de cette fête (les professeurs Khider, Bouz et Sadoq) et aux 27 auteurs de ces Mélanges.
La reconnaissance est une valeur qui est entre les mains de ceux qui ont pris notre relève et qui ont poursuivi l'œuvre des fondateurs. Une perspective, un défi : l’excellence et la meilleure preuve.
Le brillant exposé du Pr Sadoq que nous avons tous écouté.
Le médiateur du royaume est un des lauréats de la première promotion.
Permettez-moi dans ce témoignage de vous dire où mon chemin a croisé celui du Professeur Tredano et pourquoi j’apprécie ce grand professeur.
1- Où mon chemin a croisé celui du Pr TREDANO?
- Au sein de l’OMDH
- Et à la faculté de Souissi
Organisation Marocaine des Droits
Humuns (OMDH)
Le professeur Tredano a fait partie avec El Manjra, Azzimane, Fatima Mernissi, Bennani et d’autres de la commission provisoire et des fondateurs de l’OMDH en 1988. Le docteur Oulalou fera tout à l’heure un témoignage, c’est là où j’ai connu le Pr Tredano, apprécié ses qualités. Une photo nous réunissant est publiée dans l’ouvrage dédié à maitre Bennani
À la faculté de Souissi
Ce fut un grand jour pour moi lorsque le Pr Tredano est venu me voir en 1994 à la faculté de droit Souissi sollicitant Son recrutement. Il avait des atouts : journaliste, chroniqueur, militant de gauche, syndicaliste (UNEM, SNESup), une expérience d’enseignement à Marrakech (1979-82) et à Casablanca (1983-94) et cerise sur le gâteau, un poste budgétaire offert par notre ami le doyen Bennani.
Le Pr Benmassaoud est un bâtisseur. Il est l’un des fondateurs, un des piliers de cette faculté. On avait peu de moyen : postes budgétaires, amphis, salles… mais deux bibliothèques (celle de l’Agdal et la nôtre) et c’est lui qui a fait les commandes des premiers ouvrages et revues de droit public de la faculté. Il a accepté D’enseigner la terminologie juridique., Avec Ayat, n’est-ce pas Mr le président de séance ?
Il a été le premier Chef de département, un actif membre de la commission scientifique… Grace à une gestion collégiale, à un climat familial, il a participé avec moi aux premiers recrutements des enseignants permanents et vacations
A deux, nous avons contribué à la publication de polycopiés et d’articles dans la presse de certains collègues et veillé à l’affichage des publications à l’entrée du décanat. Il m’a appuyé pour les choix stratégiques : enseignement de l’introduction à l’étude du droit par un publiciste, recrutement de géographes sélectionnés par le Pr Laouina ici présent, achat de cartes pour les relations internationales et la géographie économique, troupes de théâtre estudiantine, la première dans la faculté de droit, encouragement de l’association des étudiants de doctorat, (Pr Hassan Tariq ambassadeur du Maroc en Tunisie et ancien chef de département de droit public, en face de moi, peut en témoigner) ouverture sur le Japon ,, l’Allemagne…
Mr Tredano a créé un Master (Etudes Diplomatiques), animé des colloques, (en présence de son ami Mokhtar Mbow), des tables rondes et de là sont parties d’autres activités : Alternatives (1995), CERAB (1999), CRESS (2000)
2- Pourquoi j’apprécie le Professeur Tredano ?
- Pour ses qualités personnelles
- Pour ses qualités professionnelles
Ses qualités personnelles
Je vais aller vite pour éviter les sanctions du président de la séance, le couperet de Shahrayar - Shéhérazade a été avertie -
Gentillesse, sincérité, modestie, honnêteté, générosité, fidélité, droiture, franchise, sens de responsabilité, tolérance, … nombreuses sont ces qualités.
Le professeur Tredano est un homme à principe, engagé pour les causes justes (droits de l’homme, Sahara marocain, Palestine …)
Ses qualités professionnelles
Une thèse en 1988, une vaste culture, un savoir transversal, toujours en quête du savoir, des connaissances …
Enseignement, recherche, encadrement, soutenance, maitrise de plusieurs spécialités : Droit international, relations internationales, droit constitutionnel, sciences politiques, géopolitique, stratégie, systèmes des PVD …
Le professeur Tredano est fédérateur – des réseaux multiples – il est très généreux, il encourage les autres. Il partage.
Le doyen Ghoufran reviendra sur ses publications : ouvrages, articles, rapports.
Une dernière qualité : le choix des membres qui l’entourent.
J’ai publié deux textes dans sa revue, munies de centaine de chercheurs. Je ne peux oublier enfin son expérience de gestion, ses expériences de développement en partenariat. On voudrait tout citer.
En conclusion,
Un grand homme, un camarade, un complice, un ami, c’est lui qui a prononcé un témoignage en ma faveur, au nom de publicistes lorsque cette faculté m’a honoré en 1998.
Le Pr Tredano, Moughit, est un symbole, un exemple, un modèle qui mérite le respect, la considération.
C’est un homme dont peuvent être fiers ses étudiants, ses collègues, ses amis, son pays
Merci de votre attention.
Pr. Abdelkader Berrada
Economiste, professeur émérite, Université Mohammed V et Ecole Nationale Supérieure d’Administration, Rabat.
La Revue Marocaine des Sciences Politiques et Sociales:
Une aventure scientifique et humaine
qui mérite d’être pérennisée
L’idée de création de la RMSPS au titre évocateur est à mettre à l’actif du professeur Abdelmoughit Benmessaoud Tredano qui n’hésite pas à donner de sa personne, à donner sans compter. Cette initiative lancée en 2010 n’a pas tardé à trouver un écho favorable auprès d’un groupe d’universitaires. Elle a reçu dans une première étape le soutien actif des professeurs Najib Akesbi, Abdelkader Berrada, Mohamed Chiguer et Mohamed Said Saadi. Quelques temps après, les professeurs Mohamed Oubenal, Abdellatif Zeroual, Amal Khider,Yasser Yeddir Temsamani et Hicham Sadok se sont joints à l’équipe. La RMSP a également bénéficié de l’appui du Décanat de la Faculté des Sciences Juridiques, économiques et Sociales de Rabat-Souissi ainsi que de la Fondation Allemande Hanns Seidel.
De tout temps, l’intérêt de favoriser la diffusion des connaissances en sciences sociales et humaines est resté vivace. C’est l’objet premier d’une revue académique. Il ne fait guère de doute, publier dans une revue, c’est s’inscrire véritablement dans le temps qu’il soit politique, économique, social, philosophique ou historique.
La RMSPS est une publication à comité de lecture. Elle comprend en outre un comité scientifique composé d’enseignants chercheurs qui ont fait leur preuve. Depuis la parution du premier numéro en 2011, on compte actuellement plus d’une trentaine de publications, y compris des numéros spéciaux sous forme d’ouvrages préparés par des auteurs à titre personnel ou qui reprennent les actes de colloques organisés par Le Centre de Recherche et d’Etudes en Sciences Sociales (CRESS).
Deux principaux motifs sous-tendent le lancement de cette revue.
- Primo, la nécessité de combler le vide laissé par la cessation de parution de cinq revues d’un apport scientifique indéniable en matière de recherches politiques, économiques et sociales. Il s’agit en l’occurrence du Bulletin Economique et Social du Maroc (publié par l’Institut Scientifique), de la Revue Juridique, Politique et Economique du Maroc (publiée par la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Rabat-Agdal), des Annales Marocaines d’Economie (publiée par l’Association des Economistes Marocains) de la Revue Economie et socialisme (publiée par Le Centre d’Etudes et de Recherches Abdelaziz Belal) et, enfin, de la revue AL Madrassa Al-Maghribyia (publiée par le Conseil Supérieur de l’Education, de la Formation et de la Recherche Scientifique). Les véritables raisons de cette mort préméditée restent à élucider. Une chose est sûre, toutefois, c’est qu’elle est loin d’être le fruit du hasard, fortuite.
- Secundo, la volonté d’impulser un nouvel élan à la recherche en sciences sociales et humaines, d’encourager les jeunes chercheurs à publier leurs travaux en leur offrant un espace approprié pour cela. Le passage depuis 2017/2018 du format papier au numérique non pas pour succomber à l’effet de mode mais pour s’ouvrir à l’international et intéresser un lectorat plus large et diversifié s’inscrit dans cette logique. Le résultat de ce chantier conduit avec succès mais non sans difficultés par le professeur Abdelmoughit Benmessaoud Tredano, directeur de la revue, ne s’est pas fait attendre. De 40.000 il y a six ans, le nombre de visiteurs du site dépasse actuellement 700.000 soit dix-sept fois plus.
La RMSPS a offert l’occasion pour les anciens comme pour les jeunes chercheurs de faire connaissance et d’apprendre à travailler ensemble. La principale préoccupation de ce groupe étant d’engager une réflexion approfondie sur la problématique du développement durable et de la démocratie. Plus précisément, il s’agit de faciliter la compréhension des principaux facteurs socio-politiques et économiques qui font obstacle au développement du Maroc, donc à l’amélioration des conditions de vie et de travail de larges couches de la population. Une série d’articles ou numéros spéciaux publiés depuis le lancement de la RMSPS répond à cet objectif. En même temps, plusieurs colloques ou journées d’étude ont été consacrés à ces problèmes d’importance qui engagent l’avenir du Royaume, qui conduisent à se poser la question de savoir pourquoi le système politique marocain est faiblement perméable, largement réfractaire aux valeurs et pratiques démocratiques, farouchement opposé à un partage équitable des richesses, à l’égalité hommes-femmes en matière d’héritage…
Pour cet ensemble de raisons et bien d’autres, cette aventure scientifique et humaine mérite d’être poursuivie et rendue plus attrayante. Poser un regard critique sur la société a toujours été source de progrès. Tous les espoirs sont permis en ce sens.
Pr. ALAOUI Moulay Ismail
Professeur universitaire
et ancien secrétaire général du PPS
Cher(e)s collègues et ami(e)s,
C’est pour moi un grand honneur de me retrouver avec vous pour rendre hommage à Si Abdelmoughit Benmassaoud Tredano à l’occasion du 10ᵉ anniversaire de la parution de la "Revue Marocaine des sciences politiques et sociales".
Comment saluer l’œuvre d’un ami et d’un camarade de combats sans tomber dans les rets de la subjectivité ?
Certes cela est très difficile mais tous les présentes et les présents aujourd’hui, dans cet espace universitaire, conviendront avec moi que le subjectif ne représentera qu’une infime partie dans ce qui peut être dit de Abdelmoughit Benmassaoud Tredano et de son action inlassable pour le développement de la réflexion politique et de l’analyse des réalités sociales et politiques, tant au niveau national qu’international, dans leur enchevêtrement et leurs interactions.
Par sa persévérance, son sens de l’humain, Abdelmoughit (qu’il me pardonne de l’appeler par son prénom), a su lancer et faire perdurer, avec d’autres collègues, une œuvre qui a pu s’imposer comme une référence en études et analyses politiques, sur le plan national et qui je l’espère l’est sur le plan international.
Avec le lancement de la "Revue Marocaine des sciences politiques et sociales « , il y a déjà plus de dix ans, Abdelmoughit a pu offrir une tribune de qualité à nos politologues et/ou sociologues qui est aussi un lieu de débat, de qualité.
Les débats et discussions qui sont initiés puis stimulés, grâce à cette revue n’ont pas seulement un caractère de diagnostics mais permettent aussi et surtout de procéder à l’analyse de cette réalité complexe qu’est la vie des sociétés (et d’abord la nôtre) avec leurs facettes politiques, sociales, démographiques, spatiales et économiques.
En effet, les travaux que publie la RMSPS, depuis plus de dix ans n’ont pas pour but de présenter la Réalité que chacun appréhende à sa façon, du bout de sa lorgnette (car comme dit l’adage: « chacun voit midi à sa porte ») mais tout en essayant de démêler le vrai du faux, ces travaux visent à déconstruire cette réalité pour mieux en saisir la quintessence.
Cependant, permettez-moi, cher(e)s collègues et ami(e)mesdames et messieurs, de dire que le chemin qui nous reste à découvrir et à parcourir est encore long.
Ce chemin est encore long et ardu parce que notre société est en pleine mutation, non seulement à cause de l’irruption des nouvelles technologies (communications, média de masse, mais aussi du fait de sa propre évolution démographique sur le plan qualitatif et les mouvements de sa population (exode rural, émigration, mais aussi immigration), sans oublier le fait que cette évolution concerne le "vivre ensemble et les revendications inexorables pour toujours plus d’égalité en droits et en libertés.
« Vaste programme « me diriez-vous. Certes, mais permettez-moi de rappeler qu’à cœur vaillant rien n’est impossible.
Et les instruments pour réaliser ce possible sont représentés par notre Loi Suprême, mais aussi, en partie, par la "Revue des Sciences Politiques et Sociales " que notre cher ami et collègue Abdelmoughit Benmassaoud Tredano a eu l’honneur et l’amabilité, avec d’autres, d’initier et de mettre à notre disposition depuis plus de dix ans.
Dans cet ordre d’idées, permettez-moi d’émettre un vœu, ou plutôt, une série de vœux.
Le but de la RMSPS étant d’analyser la réalité, complexe et dynamique, de notre société, en premier lieu, de la déconstruire, en théorie, pour mieux approcher des solutions qui restent elles-mêmes à éprouver, je serai heureux, avec d’autres, de prendre connaissance, un jour, d’une analyse de notre société marocaine non sur le plan anthropologique seul, mais surtout sur le plan strictement social :
Par exemple, quelle est la situation concrète du secteur salarié dans notre pays avec ses différentes facettes : Secteur privé et secteur public ou semi-public, dans l’urbain et dans le rural ? Quelle place occupe l’autoentreprise ? Quelles sont les chances de pérennité de l’autoentreprise, dans le cadre de l’artisanat traditionnel ou dans le cadre de l’aide qu’apporte l’État pour diminuer le chômage des jeunes diplômés ? Quel serait l’impact de l’autoentreprise sur les transformations de l’idéologie dominante, au sein de notre société ?
À ces questionnements et à d’autres qu’il serait fastidieux de mentionner, mais dont je citerai, quand même, quelques-unes, comme la question des libertés, de l’égalité entre les sexes, des disparités socio-spatiales, de la solidarité sociale, en relation avec la marginalisation et la pauvreté de nombre de concitoyens et concitoyennes, toutes situations que la pandémie du Covid-19 a révélées de manière évidente, il est nécessaire de trouver les réponses idoines. La RMSPS est un des outils qui nous permettraient d’approcher de manière sereine ces questions et de participer à leur trouver des réponses.
C’est pourquoi je voudrais souhaiter longue vie à cette revue de qualité et, à travers elle, formuler le même souhait à son initiateur auquel nous rendons aujourd’hui un hommage mérité, Si Abdelmoughit Benmassaoud Tredano.
Mesdames, messieurs, je vous remercie pour votre attention et vous prie d’accepter mes excuses si j’ai trop pris de votre temps.
Lutte syndicale et associative
Pr. Nadira BARKALLIL
Professeur universitaire
Témoignage sur l’engagement associatif du
Pr. Abdelmoughit Benmassaoud Tredano
« Alternative, une expérience originale
mais incomprise »
Je suis ravie d’apporter mon témoignage sur une tranche de vie citoyenne que j’ai partagée entre 1995 et 2005, avec mon ami Abdelmoughit Benmassaoud Trédano.
M. Benmassaoud a été parmi les premiers fondateurs de l’Association Alternative qui se sont mobilisés autour de M. Abdelali Benamour bien des mois avant la première Assemblée Générale de fondation réunie en décembre 1995 à Mohammedia. Personnellement, je n’ai rejoint le projet que lors de cette première Assemblée Générale, donc en décembre 1995.
Pour ma part, je pense qu’Alternative est à placer dans le long et laborieux processus politique lancé par Hassan 2 après les deux premiers gouvernements indépendants dirigés par Abdallah Ibrahim, gouvernements dynamisés par les militants des partis de gauche, l’UNFP en particulier avant sa scission avec l’Istiqlal.
Après ces deux gouvernements, Hassan 2 a clairement montré son refus de collaborer avec des forces issues du peuple, en particulier l’UNFP puis l’USFP et il ne s’est privé d’aucun moyen illégal comme l’élimination physique, les emprisonnements, les trucages des résultats électoraux, les attributions de postes diplomatiques ou ministériels aux leaders politiques, les manipulations des clans au sein même des partis, les octrois de faveurs, de terrains d’agréments divers. Pour démobiliser et discréditer les cadres des partis aux yeux de l’opinion publique
À toutes ces manœuvres indignes, il faut ajouter le lancement de la Marche Verte le 6 novembre 1995 et qui a été érigée par le pouvoir comme une cause nationale pour ne pas dire la cause nationale sacrée. Je considère que cette Marche a desservi le processus démocratique dans notre pays, car c’est au nom de cette cause sacrée que les partis politiques se sont retrouvés ligotés dans leurs revendications et dans leur indépendance.
Au cours des décennies soixante dix, quatre vingt et quatre-vingt-dix, on assiste donc à une décrédibilisation du politique du fait du roi Hassan 2, mais aussi des partis politiques et des syndicats. Malgré les différentes élections législatives et les réformes constitutionnelles, la démocratie avançait péniblement.
Un certain nombre de changements interviennent dans les années quatre vingt et quatre-vingt-dix conduits par les jeunes élites qui souhaitent retravailler la politique sous de nouveaux angles ou points d’entrée : droits des femmes d’abord, puis droits de l’homme, lutte contre la corruption, la sauvegarde de l’amazighité et enfin promotion de la démocratie avec Alternative.
Ce mouvement a été porté par des jeunes, dont un certain nombre issu des partis politiques comme l’USFP ou le PPS mais qui ne se retrouvaient plus dans la vie politique de ces partis et c’est le cas de M. Benmassaoud. Une autre fraction était issue des mouvements et partis d’extrême gauche qui ont payé le prix fort en termes d’emprisonnements, tandis qu’un troisième groupe était constitué par des intellectuels indépendants sans antécédents partisans. Ces trois groupes ont alimenté ce mouvement citoyen et lui ont donné une dynamique particulière par sa créativité, son audace, son indépendance.
Alternative, association politique, mais non partisane, a voulu promouvoir cette dynamique de fondation, mais aussi d’alimentation du paysage politique en propositions et elle n’a pu jouer ce rôle que parce que des militants de la trempe de M. Benmassaoud se sont mobilisés sans compter ni leur énergie ni leur temps (par exemple les réunions du bureau étaient hebdomadaires et se tenaient à Casablanca). Par ailleurs, sa contribution se faisait à travers les conférences nombreuses, les notes et papiers analytiques, ses propositions pertinentes sur la réforme des pratiques politiques, sans oublier son éclairage expert sur la question du Sahara.
Que dire de cette expérience associative ? Cette expérience a soulevé un enthousiasme marqué de la part des intellectuels et de l’opinion publique non partisane : ne citons que l’afflux massif du public à ses conférences, aussi bien à Rabat qu’à Casablanca, sans oublier la tournée à Marrakech, Tanger et Fès. Par ailleurs, elle a été assez féconde avec la publication des Cinquante questions d’Alternative en direction des partis politiques à la veille des élections législatives ou encore la publication du Manifeste d’Alternative pour la promotion de la démocratie.
Malgré l’enthousiasme public et médiatique, Alternative a été malheureusement boudée, pour ne pas dire rejetée par les partis politiques qu’elle voulait mobiliser dans le processus de réforme de la vie politique au Maroc. Considérée comme un parti politique en gestation et donc un potentiel concurrent qui ne disait pas son nom, Alternative qui a créé un moment politique original, n’a cependant pas pu ou su faire aboutir ses idées et engagements, car elle est restée incomprise.
Pr. Abdelghafour ACHOUAL
Professeur à l’université Mohammed V
de Rabat
Témoignage sur l’expérience syndicale
à la FSJES Marrakech 1979-82
Merci, M. le Président,
Tout d’abord, je tiens à remercier le comité de coordination qui a veillé sur la préparation et l’organisation de cette cérémonie ainsi que sur la mise au point du document écrit.
Comme je tiens également à exprimer mon immense plaisir de m’y avoir associé à cette cérémonie d’hommage au Professeur, collègue et ami M. Abdelmoughit Benmassaoud et que j’ai toujours appelé Moughit .(littéralement : le sauveur)
C’est à la fois un plaisir et un honneur de me retrouver devant vous pour ce témoignage, que j’espère qu’il soit à la hauteur de l’événement.
Je dois avouer, à ce propos, que lorsque on m’a contacté pour présenter ce témoignage, beaucoup de souvenirs ont traversé mon esprit, et je m’excuse, au préalable, si je suis incapable de relater intégralement et aussi sincèrement que je l’aurai voulu, toutes les images qui avaient traversé mon esprit et les souvenirs d’une période qui compté énormément dans ma vie. Toutefois, je revendique un certain éclectisme car la mémoire présente l’est forcément.
Tout cela nous renvoie à notre jeunesse et aux débuts de notre carrière universitaire, et donc forcément il y a de la subjectivité et de la nostalgie, que je revendique pleinement et naturellement.
A cet effet, mon témoignage serait double : sur la personne de notre collègue, et cela à l’occasion du début de notre carrière au sein d’un nouvel établissement universitaire qui a vu le jour à la fin de 1979, et plus particulièrement à l’occasion de notre activité syndicale.
Toutefois, ce témoignage risque d’être incomplet s’il ne porte pas aussi sur les conditions générales ayant prévalu à la mise sur pied de notre institution.
- le contexte général :
L’expérience que nous avons vécu à la FSJES de Marrakech, en compagnie d’un certain nombre de collègues, était à la fois riche sur le plan humain mais éprouvante sur le plan individuel et professionnel. Rappelons à cet effet, que le Gouvernement avait gelé l’ouverture des FSJES, une fois régularisé le cas de ceux de FES et de Casablanca, donnant la priorité aux fac de lettres et des sciences, dont les lauréats étaient plus ou moins, assurés d’une carrière dans l’enseignement secondaire.
On était aussi au début de la politique d’austérité et d’ajustement, et au moment fort de la question de l’intégrité territoriale, avec son lot de mesures restrictives et les débuts du désengagement de l’Etat des services sociaux et d’encouragement à l’initiative privée notamment dans les secteurs de l’éducation et de la santé.
Par ailleurs, c’était aussi les lendemains d’une certaine ouverture politique après la marche ouverte et l’union nationale sur la question de l’intégrité territoriale, et qui avait donné lieu à ce qu’on avait appelé à l’époque le Maroc nouveau et au processus démocratique avec les élections locales de 1976 et Législatives de 1977, après une période transitoire ayant débuté avec la dissolution de la chambre des députés issue de 1970, et après la constitution de 1972.
On venait aussi d’adopter les textes régissant l’enseignement supérieur avec le dahir de 1975, et ses textes d’application et qui était porteur de prémices démocratiques en instaurant le principe des élections département et conseils d’établissement) comme un jalon dans la gestion démocratique et un pas vers l’autonomie des établissements universitaires. Cela avait coïncidé également, avec l’étalement du cursus universitaire à quatre ans et à l’obligation de présence pour les séances de Travaux Dirigés.
C’est dans ce contexte, et tout pleins d’enthousiasme et de bonne volonté, que nous avons rejoints notre jeune faculté, inaugurée en même temps que la faculté des lettres, mais une année après la faculté des sciences en donnant lieu au noyau de ce qui allait devenir par la suite L’UQAM.
Le corps enseignant se constituait à la fois de collègues issus de l’université Marocaine, et de ceux revenus de l’étranger sans oublier les coopérants aussi bien Arabophones que Francophones. J’ouvre ici une parenthèse pour avoir une pensée pour les collègues qui nous ont quittés, dont notre regretté Ssi Mohamed Elfaiz, ami très proche à l’époque de M. Moughit.
Dans ce contexte, marqué par un manque cruel d’enseignants et de cadres administratifs et d’ailleurs c’est ce qui a conduit à notre première confrontation avec l’administration, lorsqu’elle nous a demandé d’accomplir des tâches administratives (vérification et finalisation des inscriptions des étudiants, car cette opération était effectuée par les agents de la fac des sciences au paravent.) en attendant la fin des travaux et l’inauguration des cours. Cela allait donner lieu à un refus des EC et à une réaction négative de l’administration, ce qui allait entrainer une ambiance de solidarité et de cohésion entre les nouveaux professeurs et à conduire finalement à mettre sur pied la structure syndicale, dont mon ami Moughit était la cheville ouvrière.
Après avoir formé le bureau syndical, sous la bienveillance des membres du bureau National du SNESUP, et ayant adressé un mémorandum à l’administration, cette dernière allai très mal réagir en entamant toute une série d’actions portant atteinte, non seulement, à la liberté syndicale mais aussi à la dignité des EC, ce qui allait transformer notre action syndicale en une lutte pour l’existence digne de l’enseignant, dont la liberté et la responsabilité sont nécessaires à l’exercice de ses tâches académiques .Mais cela s’opposait radicalement avec la conception de l’administration qui considérait les EC comme de simples exécutants devant se plier à une bureaucratie d’un autre âge.
A titre d’exemple, on peut citer quelques points figurant sur notre cahier revendicatif comme l’affectation d’un certain nombre de bureaux aux EC, comme le stipulait le PQ 1980-84, que le décanat avait annexé à l’administration. Cela témoignait d’une certaine vision qui voulait que l’administration était la pierre angulaire et que les EC doivent se plier à ses exigences et considérés comme de simples maillons dans un dispositif bureaucratique. On peut citer d’autres revendications comme la bibliothèque, la possibilité de communication téléphonique ou la buvette des EC.
On arrive à la rentrée universitaire suivante et qui allait être marquée par l’invitation / proposition adressée à certains collègues non syndiqués, leur demandant de signer une pétition par laquelle on demandait au Doyen de revenir sur sa ‘’ demande de démission’’ N’ayant pas été contacté à ce sujet, quoique nous avions appris son existence, la lecture de cette pétition a été faite lors d’une AG des EC, faute d’avoir un conseil d’établissement.
Je rappelle à cet égard, que nos noms étaient marqués sur de sièges éloignés, les uns des autres pour ne pas pouvoir communiquer entre nous. Suite à quoi, nous avions décidé d’arracher les noms et de s’assoir là où bon nous semblait. C’est à l’occasion de la lecture de cette pétition par un collègue, présenté comme notre doyen d’âge, que nous allions découvrir la mise en scène (le manège, la machination …) au moment de sa remise et lorsque le Doyen fait savoir à l’audience que le lecteur ava it sauté un paragraphe qui considérait qu’il y’avait un groupuscule, portant des lunettes noires et qui dénigraient tout. Cela montre bien que c’est le Doyen qui en était l’auteur. C’est à ce moment, que mon ami Moughit, m’avait demandé mon avis sur une éventuelle intervention pour rétablir la vérité, chose à laquelle j’avais répondu par la négative en ajoutant que c’était là un acte d’une tragi-comédie qu’il fallait laisser jouer jusqu’à la fin, sans lui donner l’occasion de débiter son discours haineux.
A la sortie, et lorsque le lecteur de la lettre était venu à nous pour s’excuser et pour nous révéler qu’il n’a pas voulu lire volontairement le passage en question, qu’on lui a fait part du fait qu’ils ont outrepassé leurs prérogatives en voulant se substituer à l’autorité de nomination et que seul le chef de l’Etat était en mesure de nommer les gens à leur juste place selon ses propres critères et que cela pouvait être passible même de poursuites judiciaires.
Arrive l’étape du congrès du SNESUP (le deuxième congrès qui s’est tenu à Rabat), pour lequel on a été mandaté, Moughit et moi-même, et au sein duquel on a été très actifs en essayant de porter à la connaissance des congressistes les graves irrégularités en cours dans les nouveaux établissements, comme on a fait adopter une motion en ce sens par le dit congrès. ( pour mémoire, parmi les congressistes je peux citer Feu Abderrahmane El kadiri, Mohmed Berrada, Les frères Khyari, khalid Ennaciri, …)
Durant toute cette période, du coup très agitée, on doit dire qu’on a perdu un temps précieux dans des réunions de bureau, des AG, la rédaction de communiqués envoyés à la presse écrite national ‘ Almouharir et Albayane, Anoual notamment), et tout cela au détriment de l’efficacité pédagogique et du rayonnement académique mais sans faillir à notre mission d’enseignement et d’encadrement. Mais en même temps, l’administration entretenait une attitude négative et une approche de marginalisation des membres du syndicat. En témoigne, par exemple la non association des membres du syndicat au premier numéro de la revue de la fac (revue de droit comparé).
Les choses sont restées plus ou moins après le départ de notre collègue Moughit à la Fac de Casablanca, et cela jusqu’à la fin des années 80 et début des années 90 avec l’instauration d’une certaine ouverture et d’une libéralisation du champ politique.
J’espère que j’aurai l’occasion de revenir plus en détail sur cette expérience d’activité syndicale, avec plus de détails, à l’encontre d’une administration d’une autre époque.
Je dois dire que durant cette période (trois ans) bien que brève dans le temps, mais combien riche en événements et en relations humaines, il m’a été donné de fréquenter de plus près, notre ami et collègue Moughit. Que ce soit lors de la formation du premier bureau syndical, avec toutes les péripéties ayant présidé à son installation, ou lors des différentes assemblées Générales, de la rédaction des différents communiqués ou mémorandums, de notre participation au congrès du SNESUP, ou lors du séjour à Grenoble durant l’été 1980, il m’a été de constater de très près les différentes qualités humaines de notre Ami, dont particulièrement, l’implication citoyenne indissociable de l’engagement professionnel. Cela n’altérait nullement la rigueur et la compétence académique et pédagogique et cela plusieurs collègues peuvent en témoigner, mieux que moi. Comme je tiens à souligner son sens de l’engagement et du respect de la parole donnée sans oublier son caractère soigné voire même méticuleux ainsi que son sens du détail sans oublier son humilité et sa grande modestie.
En disant cela, je ne prétends nullement épuiser l’ensemble des aspects de son implication syndicale, du moins lors de notre passage à la FSJES de Marrakech et je m’excuse à l’avance si j’ai omis certains aspects de la personnalité de notre Ami Moughit Benmassaoud.
Je renouvelle encore une fois mon honneur et ma joie d’avoir participé à cet hommage hautement mérité à notre Professeur M. Benmassaoud, comme je renouvelle mes remerciements à l’ensemble des organisateurs et MERCI.
Mohamed Khalil
Journaliste
Une sentinelle alerte contre tout ce qui peut altérer la bonne marche démocratique
Je connais Moughit depuis la seconde moitié de la décennie 1970 quand il était étudiant à Grenoble, que j’avais quitté auparavant pour la Roumanie, avec de réguliers séjours dans la capitale de l’Isère.
Nos contacts se limitaient, à l’époque, à quelques réunions de l’UNEM et du parti et, parfois, à des discussions-débats improvisées, notamment avec feu Driss Benali. Cela m’a toutefois conforté dans ma conviction que l’homme était, dès son jeune âge, très critique et anticonformiste. Ce qui nous avait fortement rapprochés.
Je connu le professeur, encore plus, lors de ma carrière de journaliste, notamment, à Al Bayane, où il avait pris l’habitude de faire des contributions et de publier la quintessence de ses réflexions.
Notre ancienne relation nous a permis de nous rapprocher et d’entretenir des contacts plus denses, notamment après le dramatique accident de feu Nadir Yata.
UN PROFIL ICONOCLASTE
Moughit développait des idées avant-gardistes et audacieuses se situant, parfois si ce n’est souvent, diamétralement à l’opposé de la pensée unique formulée globalement par la classe politique marocaine et principalement son segment progressiste.
Sans aucune exagération, Moughit a l’outrecuidance de s’opposer à tout ce qui fait l’unanimité et de réduire le tout à la lutte des classes et des clans.
Ses écrits dans Al Bayane faisaient soulever quelques contestations de la part de certains dinosaures de la politique. Et pourtant, il prenait la politique pour dieu sans, toutefois, au point de l’adorer…
Il a pris l’habitude de combattre les idées reçues, au risque, des fois, de mélanger les pinceaux et de se créer, peut être sans le vouloir, certaines adversités et inimitiés.
Mais c’est Tredano… et ses positions anticonformistes qui confirment, une fois de plus, la volonté d'exprimer une culture visant à transformer la société, mais qui part également de complexes legs de l’histoire.
Il rappelle, à bien des égards, certains humanistes de qui ont transgressé, avec courage, les traditions et les us politiques pour développer des idées spécifiques voire incongrues mais réalisables.
Au fil des ans et des contributions à Al Bayane, Moughit a aiguisé sa plume pour livrer des réflexions profondes et pertinentes. On y perçoit une folle prétention à vouloir se distinguer, même des grands, tout en en jouant dans leur cour…
Mais Moughit représente bel et bien l’anticonformiste voire cet universitaire, bouillant mais déférent, qui se croit tout permis et pour qui la critique n’a pas de limites.
UN INTELLECTUEL ALERTE !
Il est vrai qu’il a tenté de bousculer les codes de la démocratisation politique dont le caractère transitoire perdure outre mesure. Mais il faudra avouer que bien des pans intellectuels disent tout bas ce que Moughit écrit noir sur blanc, sans caresser dans le sens du poil ni verser dans les flatteries.
Et, dans tout rapport, humain ou politique, la confiance demeure indispensable. C’est là, également, un drôle de mélange de « la force et la ruse » entre protagonistes, qui cohabitent dans la pensée de Moughit. Avec pas mal d’incertitudes et d’hésitations et des mélanges, encore !, faits de l’ampleur de l’embryon de démocratie et les tentations autoritaires pas suffisamment combattues par la conscience collective, pour ni par la plume ni par la langue. Ce qui explique la persistance de caractères et traits relevant de l’autoritarisme, assez saillant dans le système politique qui se veut le champion de la spécificité régionale...
In fine, le professeur Abdelmoughit Benmessoud Tredano demeurera cet éternel passeur d’idées, toujours en alerte et vigilant contre tout ce qui peut altérer la bonne marche démocratique.
Un bel exemple de la diversité intellectuelle de notre pays.
Samira BIKARDEN
Doctorante, LERJP - FSJES Souissi
Honorable auditoire, chers Professeurs, Mesdames et Messieurs, en vous titres, grades, et qualité, selon l’expression consacrée, comme il plait à certains de le dire, bonjour.
Permettez que mes remerciements aillent d’abord au Comité scientifique qui me fait le précieux privilège et la grande joie d’avoir à prononcer un mot, au nom de mes camarades étudiantes et étudiants, sur mon Professeur et maître Pr. Tredano Benmassaoud. Un mentor qui a marqué, marque et marquera la discipline du droit public et de la science politique au niveau de notre faculté. C’est pour moi un plaisir autant qu’un honneur d’avoir à témoigner de ses qualités avérées.
Qu’il me soit également permis de féliciter particulièrement les personnes qui ont veillé à la concrétisation de ces Mélanges en l’honneur de notre Professeur TREDANO, grand homme et maître à penser pour ses étudiants et pour celles et ceux qui le connaissent.
Les Mélanges sont en effet une marque indélébile de reconnaissance et de gratitude ; ne dit-on pas que la « Reconnaissance est la mémoire du cœur », « un devoir qu’il faut rendre » ?
« Mélanges », ce mot est la quintessence de la reconnaissance, un florilège de lettres, rendant chacune hommage au récipiendaire notre cher Professeur TREDANO… fêtant son riche parcours, son attachement indéfectible à notre faculté et à son rayonnement.
On pourrait les résumer ainsi :
MELANGES : « M », Moment solennel émanant du devoir de Mémoire ;
MELANGES : « E », Engagement de vos collègues et de vos étudiants envers votre abnégation ;
MELANGES : « L », Lecture dans votre parcours si riche et foisonnant,
MELANGES : « A », Aveu, signe d’Estime qui vous est porté par chacun et chacune de nous;
MELANGES : « N », Nécessité impérieuse de reconnaitre votre action et services rendus ;
MELANGES : « G », Gratitude renouvelée pour votre générosité et votre attachement indéfectible à la faculté;
MELANGES : « E », Egards pour l’empreinte indélébile par laquelle vous avez marqué cette institution,
MELANGES : « S », Savoir gré à vous pour votre inestimable apport.
Professeur TREDANO, vous faites partie des personnes qui laissent une impression durable, immuable qui touche non seulement la mémoire mais aussi l’âme et l’émotion.
Cette pause des Mélanges amplement méritée en témoigne. Elle est l’occasion pour nous toutes et tous, ici réunis aujourd’hui, pour célébrer le grand homme que vous êtes, Grand par votre générosité, par votre compétence et humilité, Grand par votre honnêteté, votre franc parler, Grand par votre engagement et votre humanisme…
Je fais partie, comme plusieurs d’entre nous ici de Celles et ceux qui ont eu la grande chance de vous avoir comme Professeur, et pour tout cela je vous dis, en leur nom toutes et tous, MERCI !
Sur vous Professeur TREDANO, tellement de choses pourraient être dites. Je ne retiendrai pourtant qu’une constante majeure de ma perspective d’étudiante…
Un grand amour du métier d’enseignant, de la transmission…
Ici, vos exceptionnelles qualités pédagogiques et votre exigence scientifique ne manquent pas d’impressionner.
On notera particulièrement la qualité et la richesse de vos cours si vigoureux et si stimulants!
On retiendra aussi votre disponibilité comme aucun, votre attention jusque dans le détail, votre dévouement tellement rassurant envers vos étudiants …
On ne pourra sans doute ne pas retenir l’inestimable confiance que vous placez en nous, étudiantes et étudiants, en nous associant à la mise en place d’événements scientifiques ou encore en nous faisant l’honneur de faire partie des structures de la revue Marocaine des Sciences Politiques et sociales,
Vos encouragements inlassables en nous incitant à la production, en démystifiant cet art qu’est l’écriture nous ont également tellement marqués.
Professeur TREDANO
Pour l’ensemble de ce que vous avez fait, et pour tout ce que vous allez faire, recevez Professeur le témoignage par anticipation de notre profonde et haute considération.
Pour tout ce que vous incarnez, l’excellence dans le savoir et le savoir être, sachez que vous demeurez un homme-phare, un éveilleur permanent, pour la majorité d’entre nous,
Aux noms de vos étudiantes et étudiants, acceptez, en cette belle occasion, toute notre gratitude, notre respect et admiration et l’expression de nos vœux de vous voir bénéficier de la robuste santé et de l’énergie à revendre qui vous marque et rend votre personnalité encore plus attachante. Ad mulots annos !
Mahamadou N’fa SIMPARA
Doctorant en Relation Internationale UM5-Souissi
Bonjour cher doyen, chers professeurs, chers étudiants.
C'est avec un très grand honneur et beaucoup de déférence que je me tiens aujourd'hui devant vous pour témoigner des qualités professionnelles et humaines de celui qui a été pour beaucoup d'entre nous plus qu'un simple professeur.
On a souvent l’habitude de le dire que sans ceux qui sont faits pour enseigner, personne ne serait fait pour être médecin, ingénieur ou chef d'entreprise. Les enseignants jettent les bases sur lesquelles chaque étudiant construit ses objectifs, ses aspirations pour lui et pour l’environnement dans lequel il évolue. Sans professeurs forts, animés et convaincus, la portée et le potentiel académiques, professionnels et humains d'un étudiant sont sévèrement limités voire inexistants. Ces professeurs qui façonnent, à travers l’arme la plus puissante, les pensées, nos sociétés et leurs citoyens, leurs organisations politiques et leur fonctionnement institutionnel.
Nous avons rapidement compris que ses cours ne seraient pas le genre de cours où l'on compte les minutes. Ils ne seraient pas le genre de cours dans lesquels on ne verrait pas l'intérêt d'apprendre ou de s'impliquer, tant l'énergie donnée pendant le processus était contagieuse. Des cours où l'amour du métier, la discipline étudiée et la rigueur apportée par le professeur auraient des impacts évidents sur la vie et les choix de vie professionnelle de beaucoup d’apprenants, des impacts sur la manière de voir le monde, de l’analyser et de le dompter.
A ce jour, nous ne pouvons pas dire exactement ce qui rendait les cours du Professeur Tredano intéressants, car il y avait de nombreux aspects qui les distinguaient de la majorité des cours. Cependant, deux choses ont sans doute fait la différence, à savoir l'organisation du processus d'apprentissage qui était différente de la méthode classique, mais aussi et surtout les matériaux mis à notre disposition. Des matériaux que beaucoup d'entre nous utilisent encore aujourd'hui dans leurs études doctorales ou dans le monde professionnel. Sans entrer dans les détails, sa méthode consistait à : choisir pour nous les plus brillants ouvrages de géopolitique à lire, tout en nous laissant l'autonomie de choisir nos propres matériaux pour les projets. S'il y a une chose que nous avons apprise des nombreuses heures de cours avec le Professeur Tredano, c'est que nous n'avons jamais effleuré la surface d'une leçon, d'un pays, d'un système politique, ; il fallait toujours aller au fond des arcanes des théories, des enjeux et du contexte afin d'avoir une vision à 360° d'un thème ou d'un sujet d'étude.
Un professeur accompli, ouvert d'esprit, généreux et prêt à partager à la moindre occasion, connaisseur et ouvert sur le monde, modeste dans la possession de son vaste et large savoir, courageux, responsable et respectueux. Oui, nous n'étions peut-être pas toujours d'accord avec lui, car les devoirs qu'il donnait aux étudiants étaient généralement beaucoup plus difficiles que ceux auxquels nous étions habitués. Et pour cette raison, la préparation de ses devoirs exigeait toujours un effort supplémentaire et une rigueur de pointe pour s'assurer qu'ils répondaient à ses normes. Aujourd'hui, alors que beaucoup d'entre nous entrent dans le monde professionnel, nous réalisons à quel point ces normes élevées étaient précieuses pour nous apprendre à fournir un travail de qualité et surtout à avoir un sens des responsabilités qui a fait de nombreux étudiants des individus indépendants dans le monde professionnel.
Grâce à sa grande expérience dans la prise de décisions rapides dans des situations hostiles, dont il a fait preuve pendant la période difficile du coronavirus, nous avons pu surmonter toutes les difficultés liées à l'enseignement en général et à l'enseignement en ligne en particulier. Le covid-19 qui a obligé la fermeture des écoles n'a pas interrompu nos cours. Et à cet égard, le professeur Tredano a été l'un des premiers à s'engager et à maintenir un contact permanent avec les étudiants et à mettre en œuvre un format d'enseignement en ligne qui n'a pas eu d'impact négatif sur le contenu et la pertinence des cours dispensés. Un moment, et c'est l'occasion de le dire, avec une attention et une indulgence particulières pour ses étudiants, dont il connaissait les difficultés. Merci, cher professeur, d'avoir apporté tant d'humanisme et de bienveillance dans votre enseignement.
Notre promotion 2019-2021 a suivi deux cours avec le professeur Tredano, l'un en géopolitique (Semestre 1) et l'autre en Paix et Sécurité Internationales (Semestre 2), et l'impact sur notre façon de voir les relations internationales en général et la scène internationale en particulier est indéniable. En tant qu'étudiants, nous avons pu constater sa passion de partager, ouvert aux et à la contradiction ; et je puis dire qu'elle a inspiré nombre d'entre nous dans le choix de notre domaine de spécialisation ou de notre champ d'activités post-universitaires.
À cet égard, il a le mérite de nous avoir incités à oser penser par nous-mêmes sans complexe et sans tomber dans un tropisme occidental, car nous rappelait-il, l’occident, pour paraphraser Ousmane Sembène, l’écrivain sénégalais de la moitié du 20e siècle qui, à la question s’il se sentait compris en Europe, répondait simplement par « Mettons-nous bien ça dans la tête, l’Europe n’est pas mon centre, elle est une périphérie de l’Afrique ». Avec le professeur Tredano, plus que tout autre, nous avons ressenti ou du moins compris la pertinence d'une telle affirmation. Et dans ce sens, nous serons éternellement reconnaissants au professeur d'avoir fait des têtes qui pensent et qui assument. Et aujourd’hui, s'il y a des valeurs que vos étudiants ont emportées avec eux, ce sont vos leçons d’honnêteté intellectuelle, d’éthique, de tolérance, de gentillesse et de patience. Vous avez travaillé sans relâches à promouvoir l’excellence dans le milieu universitaire et au-delà. Et c’est plusieurs générations d’étudiants qui vous en sont reconnaissants, qu’ils aient l’occasion de le dire ou pas.
Enfin, permettez-moi d'utiliser ce moyen, au nom de vos nombreux étudiants, pour vous demander pardon si nous vous avons blessés, sciemment ou non, dans l'exercice de vos fonctions. Tous ensemble, nous prions pour que Dieu vous accorde une longue vie et une bonne santé pour en profiter. Nous prions également pour que les connaissances et les compétences que vous nous avez transmises soient mises à profit pour bâtir un monde pacifique et un lieu de vie sain pour tous et toutes, sans exception de race, de culture, de religions, d’origine géographique...
Au nom de vos nombreux étudiants qui n'ont pas eu la chance de vous dire ces quelques mots, je vous souhaite bonne chance et le meilleur pour le reste de votre vie.
Merci pour tout cher Professeur.