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A L’OMBRE DU DRAME PALESTINIEN, LES VALEURS OCCIDENTALES OU LA FLEUR ÉMERGEANT D’UN MARÉCAGE
Dans cette réflexion, je me fais largement l’écho d’un sentiment d’indignation, presque unanime, que je partage avec une majorité d'intellectuels musulmans et non musulmans, tant dans mon pays que dans d'autres régions du monde. Depuis le déclenchement de la tragédie palestinienne, j'ai souvent abordé la question de l'Occident, en particulier les quatre pays que sont les USA, la GB, la France et l’Allemagne, et des principes fondamentaux qui guident ses interactions avec le reste du monde. Ces principes justifient aussi bien ses actions militaires que ses alliances et ses soutiens. Ma référence à l'Occident découle de ma profonde conviction, partagée par plusieurs, qu'il porte l’entière responsabilité dans la tragédie palestinienne et les souffrances endurées par de nombreux pays musulmans.

A L’OMBRE DU DRAME PALESTINIEN, LES VALEURS OCCIDENTALES OU LA FLEUR ÉMERGEANT D'UN MARÉCAGE

Under the shadow of the Palestinian drama, Western values or the flower emerging from a swamp

تحت ظل المأساة الفلسطينية، القيم الغربية أو الزهرة التي تنبت من المستنقع

Rachid Hamimaz

Socio économiste

Chercheur Universitaire

Dans cette réflexion, je me fais largement l’écho d’un sentiment d’indignation, presque unanime, que je partage avec une majorité d'intellectuels musulmans et non musulmans, tant dans mon pays que dans d'autres régions du monde.

Depuis le déclenchement de la tragédie palestinienne, j'ai souvent abordé la question de l'Occident, en particulier les quatre pays que sont les USA, la GB, la France et l’Allemagne, et des principes fondamentaux qui guident ses interactions avec le reste du monde. Ces principes justifient aussi bien ses actions militaires que ses alliances et ses soutiens. Ma référence à l'Occident découle de ma profonde conviction, partagée par plusieurs, qu'il porte l’entière responsabilité dans la tragédie palestinienne et les souffrances endurées par de nombreux pays musulmans.

Au cours des dernières années, un recul historique de la popularité de la France en Afrique a été constaté, largement attribué à une politique perçue comme déloyale envers ce continent. Aujourd'hui, la tragédie palestinienne et les positions surprenantes de certains leaders français, exprimées par des visites de soutien et des déclarations publiques partisanes au mépris des droits humain universels, marquent un tournant décisif dans le déclin de la popularité de la France en Afrique, sonnant ainsi le glas de son rayonnement. Ces événements ont porté un coup sévère à sa crédibilité auprès des peuples du Sud, entraînant l'effondrement de son capital sympathie. Par conséquent, l'influence culturelle et diplomatique de la francophonie en Afrique et dans le reste du monde est inévitablement destinée à connaître une chute considérable. L’après génocide confirmera ce constat.

Je conclus ici toutes ces réflexions par une approche globale qui représente l'aboutissement de toutes les questions que j'ai soulevées. Cet article vise à apporter un éclairage sur la nature des valeurs au nom desquelles l'Occident s'exprime et agit à l'échelle mondiale.

Le monde a été témoin de la manière dont les valeurs de droits de l'homme et de liberté, si souvent proclamées et ardemment défendues par l'Occident, se sont évaporées face à la tragédie qui a frappé le peuple palestinien. Cette situation a mis en lumière une duplicité, une hypocrisie et une mauvaise foi dans la manière dont les nations occidentales interagissent avec le reste du monde, particulièrement pour les peuples du Sud.

Mon objectif est de démontrer que ces valeurs ne sont pas historiquement ancrées sur des fondements solides car fondamentalement la politique et l'éthique ont toujours été séparées dans la culture occidentale (cf. travaux du philosophe Abderrahmane Taha). Ce qui appartient à César reste à César, et la politique est souvent vue comme une série d'actions distinctes de l'éthique, ce qui peut mener à, et justifier, diverses pratiques immorales comme le mensonge, la duplicité, l'hypocrisie, et la mauvaise foi. Les valeurs qui font la fierté de l’Occident ressemblent à une fleur éclatante émergeant d'un marécage : malgré sa beauté apparente, elle est inévitablement altérée par son milieu d’origine, par l'environnement impur dans lequel elle a pris racine.

Lorsque les fondations sont fragiles, le moindre souffle de vents d'intérêts et de compromis peut déraciner l'arbre de ses racines. C'est précisément ce que nous avons observé dans la situation de la Palestine : les principes de liberté et de droits de l'homme, semblables à des girouettes, changent de direction, démontrant leur manque de stabilité et de solidité face aux épreuves du temps et de la politique.

Examinons comment les fondements des valeurs de certains pays peuvent s'opposer à l'authenticité et à l'universalité, tout en étant teintés d'hypocrisie et de mauvaise foi.

Je me concentrerai sur deux nations : la France et les États-Unis, pays qui ont récemment manifesté un soutien inconditionnel à des actions considérées comme un véritable génocide contre un peuple, le peuple palestinien. Une analyse approfondie de la genèse de leurs valeurs proclamées nécessiterait un examen détaillé, mais je me limiterai ici à des observations succinctes, ouvrant des pistes de réflexion pour une exploration personnelle ultérieure. Idéalement, l'énoncé de principes universels tels que la justice, la liberté, la fraternité et l'égalité devrait émerger d'un contexte social et politique qui les a non seulement préparés mais aussi concrètement démontrés. Une telle concordance contribuerait grandement à une adhésion plus vaste à ces principes, en vertu de la nécessité d'une cohérence entre les discours et les actions. Hélas, cette adéquation idéale entre les principes énoncés et la réalité concrète n’a pas été observée dans la réalité de ces deux pays qui se présentent pourtant comme les porte-étendards de valeurs occidentales supérieures, censées servir de référence pour les autres peuples

1. LES CONTRADICTIONS HISTORIQUES À L’ORIGINE DES GRANDES VALEURS DÉFENDUES PAR LES USA

Aux États-Unis, les valeurs des droits de l'homme et de la liberté ont été formalisées lors de la fondation du pays, principalement à travers la Déclaration d'Indépendance et la Constitution (1776 et 1787), complétée par la Bill of Rights (1791). Ces documents établissent les droits à la vie, à la liberté, et à la poursuite du bonheur, ainsi que diverses libertés fondamentales et protections contre les abus gouvernementaux.

Ces principes, énoncés au XVIIIe siècle, coïncident avec la poursuite de l’arrivée des colons européens et le début de conflits violents avec les populations autochtones. Les guerres franco-indiennes, la Guerre de Pontiac, et l'expansion vers l'ouest ont entraîné des déplacements forcés et des pertes territoriales massives pour les peuples autochtones, accompagnés de violences et de maladies apportées par les Européens. Les historiens estiment une réduction massive de la population autochtone durant cette période, évaluée entre 1778 et 1890, à environ 30 000 du côté des peuples nord-amérindiens, incluant hommes, femmes et enfants. Mais ces chiffres ne représentent qu’un pourcentage infime des conflits entre Européens et Amérindiens qui ont commencé dès l'exploration et la colonisation du Nouveau Monde.

À la fin du XVème siècle, la population des Indiens d'Amérique du Nord était estimée entre 3,8 et 11,5 millions, mais elle n'était plus que de 250 000 en 1890. Ce déclin démographique est dû en grande partie à ces épidémies, notamment celles causées par des virus importés d'Europe contre lesquels les Amérindiens n'étaient pas immunisés, et les famines, souvent provoquées par des déportations et la chasse intensive du bison.

En résumé, bien que les États-Unis aient fondé leur identité sur des principes d'égalité et de liberté, les réalités politiques, économiques et les préjugés culturels de l'époque ont conduit à des politiques souvent contradictoires avec ces idéaux, en particulier envers les peuples autochtones.

Les principes d'égalité et de droits fondamentaux étaient principalement interprétés comme s'appliquant aux citoyens blancs, et surtout aux hommes propriétaires. Les peuples autochtones, les esclaves africains et d'autres groupes minoritaires étaient largement exclus de ces droits. La perception de l'infériorité des peuples autochtones et leur incapacité présumée à s'assimiler à la culture dominante a justifié des politiques d'expropriation et de déplacement.

Finalement, les grandes valeurs affichées aujourd’hui par les USA sont nées d’une contradiction et d’une hypocrisie flagrante entre des documents fondateurs qu’on élabore et une réalité où on massacre des gens. Ce qui permet de comprendre pourquoi ces valeurs sont aujourd’hui déclinées selon les préférences ethniques ou religieuses et les intérêts et ne s’appliquent aucunement à tout le genre humain. La fragilité historique du socle des valeurs explique la fragilité symptomatique de ces valeurs lorsqu’il est demandé aux USA de dénoncer le génocide palestinien.

2. LES FONDEMENTS D'INÉGALITÉS ET DE VIOLENCES DES GRANDS PRINCIPES DE LA FRANCE

Pour poursuivre sur le thème des contradictions dans les valeurs nationales, examinons le cas de la France. Les idéaux français des droits de l'homme, célébrés aujourd'hui, ont émergé dans un contexte de remise en question radicale de l'ordre politique, social et idéologique existant. Influencés par les Lumières, mouvement intellectuel promouvant raison, progrès, égalité, et souveraineté populaire, ces idéaux ont formé le socle intellectuel de la Révolution française de 1789. Cette période a vu la critique de l'absolutisme, de l'injustice sociale, et de l'inégalité, culminant avec l'adoption de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen en 1789, symbole des principes révolutionnaires, affirmant les droits individuels et collectifs.

Des historiens comme Simon Schama, Eric Hobsbawm, Georges Lefebvre, Albert Soboul, Michel Vovelle, et surtout François Furet, ont souligné le caractère violent et meurtrier de cette période. Furet, dans son œuvre majeure "Penser la Révolution Française", analyse comment la Terreur est devenue un instrument de domination politique et non une nécessité face aux menaces contre la Révolution. Il conteste l'idéalisation de la Révolution, mettant en garde contre sa simplification et mythification, et soulignant les aspects sombres et les violences extrêmes, l’effroyable « machine de tuerie » qu’a été cet événement historique.

Durant la Terreur, de septembre 1793 à juillet 1794, entre 17 000 et 20 000 exécutions officielles sont estimées, chiffre parallèle aux victimes actuelles à Gaza, et 25 à 30 000 victimes en Province (hors Vendée). Ces exécutions, majoritairement à Paris, s'accompagnaient de massacres et exécutions extrajudiciaires, dont le nombre exact reste incertain.

Cet examen de la France, comme des États-Unis, révèle comment des nations peuvent promouvoir des idéaux de liberté et d'égalité tout en ayant une histoire marquée par des contradictions flagrantes et des violences extrêmes. Ces exemples soulignent l'importance de comprendre l'histoire dans toute sa complexité, sans omettre les aspects difficiles et souvent troublants.

Dans l'histoire de la Révolution française, de nombreuses exécutions ont été motivées non par des crimes au sens traditionnel, mais par une opposition supposée ou réelle à la Révolution. Souvent, ces accusations reposaient sur des preuves limitées, des dénonciations motivées par des règlements de compte ou sur de simples soupçons de sympathie envers les contre-révolutionnaires. Cette période de Terreur, marquée par la peur et la suspicion, a vu des accusations motivées par des rivalités personnelles, des malentendus ou des rumeurs. Aujourd'hui, il est largement reconnu par les historiens que beaucoup de ceux exécutés étaient innocents, au sens moderne, des accusations portées contre eux.

Un chapitre particulièrement sombre de la Révolution est la Guerre de Vendée (1793-1796), une insurrection contre-révolutionnaire dans l'ouest de la France. La répression brutale de cette insurrection a été marquée par des scènes d'horreur extrême qu’il est pénible de décrire. Certains historiens qualifient ces événements de génocide vendéen et estiment le nombre de victimes à environ 200 000, voire parfois 300 000.

On pourrait allonger la liste des contradictions, comme par exemple l'esclavage dans les colonies françaises aboli en 1794, mais rétabli moins de dix ans plus tard par Napoléon, la privation des droits pour les femmes, les esclaves dans les colonies et certaines minorités religieuses, etc.

3. L’ABSENCE DE CRÉDIBILITÉ ET D’UNIVERSALITÉ DES VALEURS AFFICHÉES PAR LA FRANCE ET LES USA

De même que pour les États Unis, cette histoire soulève une question cruciale : y a-t-il une contradiction fondamentale entre l'adoption des principes des droits de l'homme et de la liberté pendant la Révolution française et leur application effective ? Cette contradiction interroge sur la crédibilité de ces principes, construits sur des fondements d'inégalités et de violences.

Certains philosophes et historiens soutiennent que, malgré leur mise en œuvre imparfaite, ces principes ont été essentiels dans le développement des droits humains et de la démocratie, posant les bases d'une évolution continue vers une société plus juste. Les principes peuvent rester valables et influents même si leur application à l'époque était problématique.

Cependant, on peut fortement contester ce point de vue, car une philosophie fondée sur la violence et les tueries en série ne saurait être considérée comme un étalon de valeurs universelles inspirantes. C'est l’image d’un arbre vidé de sa substance, un bâton rongé de l'intérieur, symbole d'une force éteinte qui ne peut rayonner, ni perdurer. Le texte sacré des musulman, le Coran, met en garde contre l'incohérence entre les paroles et les actes, s’adressant, il est vrai à des croyants : « Ô vous qui croyez, pourquoi dites-vous ce que vous ne faites pas ? ».

Cette absence de cohérence semble expliquer pourquoi aujourd’hui ces valeurs ne sont pas universellement acceptées, étant appliquées de manière variable en fonction des alliances et des intérêts politiques, ethniques et idéologiques. Ce qui est tout aussi préoccupant c’est que ces valeurs ne puissent pas s'ancrer durablement pour inspirer les générations futures à travers les siècles, continuer à servir de modèle de référence, à l'inverse des valeurs découlant de la dernière révélation (on va en parler). En raison de leurs fondements instables établis sur des contradictions majeures, elles sont destinées à s'épuiser, à perdre de leur vigueur et finalement à s'évanouir.

Les fondements fragiles qui caractérisent les valeurs de ces deux pays, La France et les USA, pourraient éclairer davantage leur engagement, depuis la Seconde Guerre mondiale, dans des guerres aux intentions éthiquement douteuses. Ces guerres ont fréquemment été marquées par le recours au mensonge et à la mauvaise foi. Par exemple, la Guerre du Golfe a été déclenchée sur un mensonge flagrant concernant la détention prétendue d'armes nucléaires, un mensonge ayant entraîné la mort de centaines de milliers d'Irakiens. Parfois l'inhumanité des valeurs remonte à la surface et fissure la façade de l'hypocrisie, comme le souligne la déclaration choquante, de Madeleine Jana Korbel Albright ancienne responsable de la diplomatie à la Maison Blanche lorsqu'elle a été interrogée sur le blocus indigne qui a entraîné la mort de près de cinq cent mille enfants. Sa réponse insensible « ça valait le coup » ou « ça en valait la peine », en est un exemple hallucinant.

De même, l'Opération Harmattan en Libye en 2012, justifiée par des raisons humanitaires telles que la protection des civils, soulève des interrogations quant à sa sincérité, surtout au regard du silence ou du soutien apporté aujourd’hui aux violences inouïes contre les Palestiniens. Cette incohérence suggère que l'intervention en Libye était motivée par d'autres facteurs que l'humanitaire.

Ainsi, le mensonge et l'hypocrisie semblent être des composantes intrinsèques de la politique occidentale. Cette impression marque l'amorce d'une déchéance prévisible

Une fleur éclatante ne peut s'épanouir dans un marais ; et même si elle y parvient, elle est inévitablement destinée à se flétrir ou à être emportée par le vent d’une époque de l’histoire.

4. LES FONDATIONS SOLIDES DES VALEURS ISLAMIQUES : TEXTE SACRÉ ET CONSTITUTION DE MÉDINE

L'exploration des fondements des valeurs islamiques révèle que ces dernières sont ancrées dans le texte révélé, constituant un socle robuste. Cette fondation solide se distingue des valeurs occidentales, illustrées par les exemples des États-Unis et de la France. À la différence de L’Occident se targuant d’être le porteur de valeurs universelles, dans le cas de L’Islam, l'énoncé de principes universels a émergé d'un contexte social et politique qui les a non seulement préparés mais aussi concrètement démontrés. A l’inverse de l’Occident, la politique et l'éthique sont intégrées dans le référentiel culturel islamique. Le fait, qu’à travers la longue histoire de la civilisation islamique, plusieurs dirigeants ont effectivement intégré l'éthique dans leur politique démontre la possibilité et la réalité de cette fusion au sein de la culture islamique, permise par le concept central de "Din wa Dunia" (religion et monde).

Ces valeurs morales authentiques de l'Islam se sont développées en respectant la dignité et l'autonomie de chaque individu, sans s'appuyer sur des bases injustes ou des événements tragiques.

Le Prophète Muhammad, contraint avec ses fidèles à la résistance contre l’oppression, a démontré des valeurs morales remarquables, mettant parfaitement en pratique les enseignements du Livre sacré. C'est à Médine, bénéficiant de stabilité, qu'il fonde la première communauté musulmane (Ummah), symbolisant l'unité, la solidarité et la fraternité. Les nombreux témoignages de penseurs occidentaux du 19ème et 20ème siècle, que je ne peux tous citer ici, sur les valeurs incarnées par le fondateur de l'Islam dans l'établissement de la nouvelle croyance, confirment cette vérité.

À Médine, il établit la « Constitution de Médine », garantissant les droits et libertés des différentes communautés religieuses, y compris les Juifs et les non-musulmans. Ce document marque un précédent pour la coexistence pacifique et le respect mutuel entre diverses croyances.

Le Prophète met en avant l'équité, la justice et le soutien aux démunis, soulignant l'importance de la zakat pour la redistribution de la richesse. Il prône également la moralité personnelle, l'intégrité et la responsabilité individuelle, en valorisant l'honnêteté, la patience, la piété et le respect.

Avec l'Hégire, le rôle de Muhammad en tant que chef d'État, en plus de sa position de Prophète, illustre l'importance d'un leadership juste, consultatif et responsable.

Les valeurs fondamentales de l'Islam, émergent donc dans un contexte non marqué par la terreur, le déplacement forcé ou les massacres, contrairement à certains événements historiques en Occident, comme le traitement des populations indigènes aux États-Unis ou le génocide vendéen en France

ll n'est pas de mon propos ici de juger si les pays arabo-musulmans ont, au cours de l'histoire, fidèlement reflété ou non les principes établis par le Prophète . Les écarts entre les idéaux et la réalité, souvent dus à la nature des pouvoirs politiques en place et leur collusion avec les intérêts des anciennes puissances coloniales, peuvent expliquer les imperfections observées. Cependant, mon argument est le suivant : tout gouvernement de ces pays, pourvu qu'il soit guidé par l'honnêteté, la sincérité et la dignité, dispose d'un ensemble solide de valeurs authentiques. Ce socle peut être une source précieuse pour améliorer le fonctionnement de la société et établir des relations équilibrées et harmonieuses avec le reste du monde. Je pense que l'exemple aujourd’hui de la Malaisie en Asie semble incarner de manière authentique les principes du Coran et les actions du Prophète Muhammad lors de la fondation de la communauté de Médine, servant ainsi de modèle inspirant.

5. LES CHANGEMENTS À VENIR : RECUL DU RAYONNEMENT DES VALEURS OCCIDENTALES ET RECHERCHE DE NOUVELLES SOURCES D’INSPIRATION

Pour conclure, je souhaite avancer cette réflexion. L'inspiration des valeurs universelles par la Révolution française a été remise en question par certains penseurs, en raison des tragédies et des excès qui l'ont marquée. Des penseurs comme Edmund Burke en Angleterre ou Joseph de Maistre en France ont critiqué la Révolution française dès ses débuts. Pour eux, les bouleversements violents et les excès de la Terreur ont discrédité l'idée que la Révolution puisse être un modèle universel de liberté et de progrès.

Dans "Réflexions sur la Révolution en France" (1790), Edmund Burke, un penseur politique irlandais, voyait dans la Révolution française non seulement un échec moral et politique, mais aussi une menace pour l'ordre social et politique de ce qui était à l’époque l’horizon du monde civilisé : l'Europe. Il croyait fermement que des valeurs authentiques et durables ne peuvent émerger d'actions violentes et chaotiques. Pour lui, le respect des lois, la sagesse, la justice et la vertu étaient essentiels pour établir et maintenir un ordre social équitable et stable.

Bien qu'Emmanuel Kant (1724 1804), le philosophe allemand, n'ait pas directement abordé cette question, son œuvre offre un éclairage pertinent. Kant soutient que les valeurs morales authentiques doivent reposer sur des principes rationnels et universels, et non sur des circonstances spécifiques telles que des injustices ou des tragédies. Selon son concept d'«impératif catégorique », une action est moralement juste si elle peut être universalisée, c'est-à-dire adoptée par tous sans contradiction. De ce fait, les valeurs morales ne peuvent se fonder sur des situations tragiques ou injustes, car celles-ci ne sauraient constituer des principes moraux universels. Les valeurs morales authentiques doivent respecter l'indépendance et la valeur intrinsèque de chaque individu, en opposition à tout fondement basé sur l'injustice ou la tragédie.

Il est fascinant de penser que les deux principaux ouvrages de Kant, «Fondements de la métaphysique des mœurs » (1785) et « Critique de la raison pratique » (1788) exposant sa philosophie morale, ont été rédigés peu d’années seulement avant la Révolution française. Leurs tonalités presque prémonitoires suggèrent que Kant semblait prévenir contre des revendications infondées en matière de morale et d'universalité.

« Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen." (Fondement de la métaphysique des mœurs)

Pour Kant, les valeurs morales authentiques devraient émaner de principes rationnels, universels, et respecter la dignité humaine. Ainsi, elles ne peuvent être établies sur des injustices ou des tragédies, qui sont intrinsèquement des cas particuliers, souvent en désaccord avec ces principes.

Kant soutient que toute valeur ou loi morale doit être universalisable et respecter l'autonomie rationnelle et la dignité de tous les êtres humains. Cela contredit l'idée de valeurs occidentales édifiées sur des drames historiques. L'Islam, à travers la miséricorde qu'il représente pour les mondes et l'excellence du caractère de son Prophète, illustre des valeurs morales authentiques, conformes aux principes kantiens de rationalité, universalité et respect de la dignité humaine.

Le conflit palestinien met en lumière cette réalité : l'effondrement des valeurs occidentales, construites sur des fondations instables, et l'authenticité ainsi que l'universalité des valeurs de l'Islam, incarnées par la résistance et la résilience spirituelle du peuple palestinien. Cette situation explique pourquoi un nombre significatif d'Occidentaux se convertissent aujourd’hui à l'Islam, ayant reconnu et apprécié son universalité fondée sur des principes fermes et inébranlables, tels que la sincérité dans les paroles et les comportements.

L'observation de l'islamophobie en France promue par les pouvoirs politiques et médiatiques, ainsi que des positions sur l'immigration et le soutien inconditionnel à un État violant les droits humains, révèle une réalité troublante. Ces exemples illustrent comment certains politiques manipulent, jouant et se jouant, des principes démocratiques, considérés comme inébranlables, sans en subir les conséquences. Cette situation s'explique, ainsi que nous pensons l’avoir montré dans ce texte, par les fondations instables sur lesquelles ces valeurs sont érigées. Tel un arbre dont les racines sont fragiles, elles ne peuvent soutenir un système sain et juste.

Il nous semble que cet effondrement de la crédibilité des valeurs occidentales risque de marquer le début d’un pivotement historique, annonçant un réalignement politique et intellectuel, particulièrement pour les nations du Sud. Cette tendance les incitera à explorer le potentiel représenté par d’autres espaces culturels, tels l'Asie, dont les valeurs, profondément enracinées dans des traditions séculaires, semblent avoir mieux préservé leur authenticité. Cependant, un changement encore plus significatif réside dans l'émergence de l'Islam comme force renouvelée, stimulée par l'affaiblissement des valeurs occidentales. Ce déclin ouvre un espace pour l'Islam en tant qu'alternative crédible pour ceux en quête de nouvelles sources de sens et d'orientation. Et ce ne sont pas les flammes de l’islamophobie attisées en France par certains politiques ou « médias de la honte » qui y changeront quelque chose.

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